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De l'histoire naturelle à la biologie: l'esprit des lumières : Différence entre versions

 
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'''Ce n'est qu'au début du XIXème siècle,
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Ce n'est qu'au début du XIXème siècle, sous la plume de l'allemand Treviranus puis celle de Lamarck, qu'apparaît le terme de biologie. Cette dernière "envisagera les différents phénomènes et les différentes formes de la vie, les conditions et les lois
sous la plume de l'allemand Treviranus
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qui régissent son existence et les causes qui déterminent son activité"<ref>{{w|Gottfried Reinhold Treviranus}} (1776-1837),
puis celle de Lamarck,
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Biologie ou philosophie de la nature vivante, 1802</ref>
qu'apparaît le terme de biologie.
 
Cette dernière “envisagera
 
les différents phénomènes
 
et les différentes formes de la vie,
 
les conditions et les lois
 
qui régissent son existence et les causes
 
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'''L'histoire naturelle dès l'antiquité'''
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==L'histoire naturelle dès l'antiquité==
  
L'étude scientifique de la nature, alors appelée “histoire naturelle”, existe dès l'Antiquité :
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L'étude scientifique de la nature, alors appelée "histoire naturelle", existe dès l'Antiquité : on connaît les Parties des animaux d'Aristote, l'Histoire des plantes de Théophraste, la fameuse Histoire naturelle de Pline l'Ancien <ref>Dont la [[Bibliothèque d'étude|Bibliothèque d'Etude]] conserve une édition publiée à Venise en 1535-1536. RES XVIè D75, D76, D77, D78</ref> ou les travaux de ioscoride sur les plantes médicinales. Mais jusqu'à la Renaissance, la connaissance de la nature est envisagée comme le déchiffrement d'un réseau de ressemblances et de correspondances secrètes qui vise à mettre en évidence la dimension métaphysique ou religieuse de l'organisation du monde.
on connaît les Parties des animaux d'Aristote, l'Histoire des plantes de Théophraste, la
 
fameuse Histoire naturelle de Pline l'Ancien <ref>2</ref> ou les travaux de Dioscoride sur les plantes
 
médicinales. Mais jusqu'à la Renaissance, la connaissance de la nature est envisagée
 
comme le déchiffrement d'un réseau de ressemblances et de correspondances secrètes
 
qui vise à mettre en évidence la dimension métaphysique ou religieuse de l'organisation du
 
monde.
 
  
'''Des philosophes naturalistes'''
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==Des philosophes naturalistes==
  
Le XVIIIème siècle dispose de nouveaux objets d'observation : l'usage du microscope se développe
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Le XVIIIème siècle dispose de nouveaux objets d'observation : l'usage du microscope se développe notamment sous l'impulsion du hollandais Leeuwenhoek (1632-1723) ; les explorateurs rapportent de leurs voyages des descriptions ou des spécimens de la faune et de la flore exotiques. Il va se concentrer sur la dénomination et la classification du visible, écartant tout lien occulte entre les choses. Tournefort (1656-1708) puis Linné (1707-1778), Buffon (1707-1788), Adanson (1727-1806), Bernard (1699-1777) et Antoine-Laurent (1748-1836) de Jussieu s'inscrivent, malgré des démarches différentes, dans ce courant. Les travaux de Newton, qui prône de toujours partir du fait expérimental pour développer une théorie, sont introduits en France par Maupertuis, Voltaire <ref>Elemens de la philosophie de Neuton, contenant la métaphysique, la théorie de la lumière et celle du monde par M. de Voltaire,
notamment sous l'impulsion du hollandais Leeuwenhoek (1632-1723) ; les explorateurs
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Londres, 1745. RES XVIIIème D1411</ref>, la marquise du Châtelet et d'Alembert. Récusant la méthode de déduction des faits scientifiques à partir de systèmes métaphysiques déterminés a priori (à la manière de Descartes), les "philosophes-naturalistes" s'appuient donc sur l'observation et l'expérience pour décrire la diversité biologique et proposer leurs systèmes de classification.
rapportent de leurs voyages des descriptions ou des spécimens de la faune et de la
 
flore exotiques. Il va se concentrer sur la dénomination et la classification du visible, écartant
 
tout lien occulte entre les choses. Tournefort (1656-1708) puis Linné (1707-1778),
 
Buffon (1707-1788), Adanson (1727-1806), Bernard (1699-1777) et Antoine-Laurent
 
(1748-1836) de Jussieu s'inscrivent, malgré des démarches différentes, dans ce courant.
 
Les travaux de Newton, qui prône de toujours partir du fait expérimental pour développer
 
une théorie, sont introduits en France par Maupertuis, Voltaire 3, la marquise du Châtelet
 
et d'Alembert. Récusant la méthode de déduction des faits scientifiques à partir de systèmes
 
métaphysiques déterminés a priori (à la manière de Descartes), les “philosophes-naturalistes”
 
s'appuient donc sur l'observation et l'expérience pour décrire la diversité biologique
 
et proposer leurs systèmes de classification.
 
L'engouement de ce siècle pour les sciences est considérable. On dénombre 20 000 acheteurs
 
du Spectacle de la nature, de l'abbé Pluche 4, réédité 18 fois entre 1732 et 1770.
 
L'Histoire naturelle de Buffon 5, en 36 volumes publiés entre 1749 et 1788, est également
 
un grand succès éditorial. L'Encyclopédie 6 comporte une multitude d'articles d'histoire
 
naturelle rédigés notamment par Diderot et Daubenton et consacre de magnifiques planches
 
au système de classification de Tournefort.
 
  
'''Les evolutionnistes'''
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L'engouement de ce siècle pour les sciences est considérable. On dénombre 20 000 acheteurs du Spectacle de la nature, de l'abbé Pluche <ref>La [[Bibliothèque d'étude|Bibliothèque d’Étude]] en conserve une édition datée de 1747. RES XVIIIème D1017, D1018, D1019, D1563, D1564.</ref>, réédité 18 fois entre 1732 et 1770. L'Histoire naturelle de Buffon <ref>RES XVIIIème B69 à B98</ref>, en 36 volumes publiés entre 1749 et 1788, est également un grand succès éditorial. L'Encyclopédie <ref>RES XVIIIème B225 à 299</ref> comporte une multitude d'articles d'histoire naturelle rédigés notamment par Diderot et Daubenton et consacre de magnifiques planches au système de classification de Tournefort.
  
Dans la seconde moitié du siècle, le chimiste Lavoisier joue également un rôle important
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==Les évolutionnistes==
dans l'émergence d'une nouvelle approche du vivant : s'appuyant sur des bilans très précis
 
de consommation de matière et de production de chaleur, il montre que l'animal, loin
 
d'être une machine, est un être vivant dépendant de son environnement. Il ouvre ainsi la
 
voie aux évolutionnistes (Lamarck, Cuvier, Darwin) qui mettront en évidence au siècle suivant
 
que les êtres vivants s'adaptent à leur milieu et que cette transformation est durable
 
et héréditaire.
 
Ainsi, abandonnant la rigidité des systèmes anciens pour une approche objective de la
 
nature, les scientifiques du siècle des Lumières adoptent de nouveaux cheminements intellectuels,
 
de nouveaux modes d'acquisition des connaissances et préfigurent l'émergence
 
de la biologie expérimentale. •
 
Bénédicte Jarry
 
L'histoire naturelle
 
dès l'Antiquité
 
Des philosophes
 
naturalistes
 
Les évolutionnistes
 
Ce numéro de Patrimoine Brestois approfondit
 
le travail présenté sous diverses formes
 
aux Brestoises et aux Brestois à l'occasion
 
des Journées européennes du patrimoine.
 
Il s'inscrit parmi les nombreuses actions
 
menées à Brest, capitale maritime de la biodiversité
 
en cette année 2010, année internationale
 
de la biodiversité.
 
Que ce soit au musée des beaux-arts, aux
 
archives municipales et communautaires ou
 
encore dans le réseau des bibliothèques municipales
 
brestoises et bien entendu à Océanopolis
 
ou dans les différents centres de
 
recherche océanographique du technopole, la
 
diversité du monde, la diversité du monde de
 
la mer, est particulièrement mise en exergue
 
cette année sur notre territoire pour défendre
 
un espace commun de l'humanité, la mer
 
et les océans, aussi riche que fragile.
 
Une nouvelle fois Patrimoine Brestois nous
 
invite, à partir des ressources historiques, à
 
partir de la mémoire de ce territoire, à porter
 
loin notre regard et notre réflexion. Mais
 
n'est-ce pas là tout simplement l'un des rôles
 
essentiel de la culture, nous aider, nous
 
amener à penser avec intelligence
 
le devenir du monde. •
 
Gaëlle Abily
 
Adjointe au maire
 
chargée de la Culture.
 
De l'histoire naturelle
 
à la biologie :
 
l'esprit
 
des Lumières
 
Ce n'est qu'au début du XIXème siècle,
 
sous la plume de l'allemand Treviranus
 
puis celle de Lamarck,
 
qu'apparaît le terme de biologie.
 
Cette dernière “envisagera
 
les différents phénomènes
 
et les différentes formes de la vie,
 
les conditions et les lois
 
qui régissent son existence et les causes
 
qui déterminent son activité” 1.
 
  
== Notes et références ==
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Dans la seconde moitié du siècle, le chimiste Lavoisier joue également un rôle important dans l'émergence d'une nouvelle approche du vivant : s'appuyant sur des bilans très précis de consommation de matière et de production de chaleur, il montre que l'animal, loin d'être une machine, est un être vivant dépendant de son environnement. Il ouvre ainsi la voie aux évolutionnistes (Lamarck, Cuvier, Darwin) qui mettront en évidence au siècle suivant que les êtres vivants s'adaptent à leur milieu et que cette transformation est durable et héréditaire.
<references />1 - Gottfried Reinhold Treviranus (1776-1837),
 
Biologie ou philosophie de la nature vivante, 1802
 
  
== Notes et références ==
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Ainsi, abandonnant la rigidité des systèmes anciens pour une approche objective de la nature, les scientifiques du siècle des Lumières adoptent de nouveaux cheminements intellectuels, de nouveaux modes d'acquisition des connaissances et préfigurent l'émergence de la biologie expérimentale.
<references />2 - Dont la Bibliothèque d'Etude conserve une édition
 
publiée à Venise en 1535-1536. RES XVIè D75, D76, D77, D78
 
  
3 - Elemens de la philosophie de Neuton, contenant la métaphysique,
+
<references />
la théorie de la lumière et celle du monde par M. de Voltaire,
 
Londres, 1745. RES XVIIIème D1411
 
  
4 - La Bibliothèque d'Etude en conserve une édition datée de 1747.
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''Auteur : Bénédicte Jarry''
RES XVIIIème D1017, D1018, D1019, D1563, D1564.
 
  
5 - RES XVIIIème B69 à B98
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'''Extrait du Patrimoines Brestois N°11 - Brest et la musique - Été 2010 '''
  
6 - RES XVIIIème B225 à 299
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{{CC-BY-ND}}
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[[Catégorie:Sciences et Technologie]][[Catégorie:Article extrait du Patrimoines brestois]]

Version actuelle datée du 13 mars 2013 à 11:34

    Edition N°1.jpg Cet article est extrait du magazine Patrimoines brestois


Ce n'est qu'au début du XIXème siècle, sous la plume de l'allemand Treviranus puis celle de Lamarck, qu'apparaît le terme de biologie. Cette dernière "envisagera les différents phénomènes et les différentes formes de la vie, les conditions et les lois qui régissent son existence et les causes qui déterminent son activité"[1]

L'histoire naturelle dès l'antiquité

L'étude scientifique de la nature, alors appelée "histoire naturelle", existe dès l'Antiquité : on connaît les Parties des animaux d'Aristote, l'Histoire des plantes de Théophraste, la fameuse Histoire naturelle de Pline l'Ancien [2] ou les travaux de ioscoride sur les plantes médicinales. Mais jusqu'à la Renaissance, la connaissance de la nature est envisagée comme le déchiffrement d'un réseau de ressemblances et de correspondances secrètes qui vise à mettre en évidence la dimension métaphysique ou religieuse de l'organisation du monde.

Des philosophes naturalistes

Le XVIIIème siècle dispose de nouveaux objets d'observation : l'usage du microscope se développe notamment sous l'impulsion du hollandais Leeuwenhoek (1632-1723) ; les explorateurs rapportent de leurs voyages des descriptions ou des spécimens de la faune et de la flore exotiques. Il va se concentrer sur la dénomination et la classification du visible, écartant tout lien occulte entre les choses. Tournefort (1656-1708) puis Linné (1707-1778), Buffon (1707-1788), Adanson (1727-1806), Bernard (1699-1777) et Antoine-Laurent (1748-1836) de Jussieu s'inscrivent, malgré des démarches différentes, dans ce courant. Les travaux de Newton, qui prône de toujours partir du fait expérimental pour développer une théorie, sont introduits en France par Maupertuis, Voltaire [3], la marquise du Châtelet et d'Alembert. Récusant la méthode de déduction des faits scientifiques à partir de systèmes métaphysiques déterminés a priori (à la manière de Descartes), les "philosophes-naturalistes" s'appuient donc sur l'observation et l'expérience pour décrire la diversité biologique et proposer leurs systèmes de classification.

L'engouement de ce siècle pour les sciences est considérable. On dénombre 20 000 acheteurs du Spectacle de la nature, de l'abbé Pluche [4], réédité 18 fois entre 1732 et 1770. L'Histoire naturelle de Buffon [5], en 36 volumes publiés entre 1749 et 1788, est également un grand succès éditorial. L'Encyclopédie [6] comporte une multitude d'articles d'histoire naturelle rédigés notamment par Diderot et Daubenton et consacre de magnifiques planches au système de classification de Tournefort.

Les évolutionnistes

Dans la seconde moitié du siècle, le chimiste Lavoisier joue également un rôle important dans l'émergence d'une nouvelle approche du vivant : s'appuyant sur des bilans très précis de consommation de matière et de production de chaleur, il montre que l'animal, loin d'être une machine, est un être vivant dépendant de son environnement. Il ouvre ainsi la voie aux évolutionnistes (Lamarck, Cuvier, Darwin) qui mettront en évidence au siècle suivant que les êtres vivants s'adaptent à leur milieu et que cette transformation est durable et héréditaire.

Ainsi, abandonnant la rigidité des systèmes anciens pour une approche objective de la nature, les scientifiques du siècle des Lumières adoptent de nouveaux cheminements intellectuels, de nouveaux modes d'acquisition des connaissances et préfigurent l'émergence de la biologie expérimentale.

  1. Gottfried Reinhold Treviranus Wikipedia-logo-v2.svg (1776-1837), Biologie ou philosophie de la nature vivante, 1802
  2. Dont la Bibliothèque d'Etude conserve une édition publiée à Venise en 1535-1536. RES XVIè D75, D76, D77, D78
  3. Elemens de la philosophie de Neuton, contenant la métaphysique, la théorie de la lumière et celle du monde par M. de Voltaire, Londres, 1745. RES XVIIIème D1411
  4. La Bibliothèque d’Étude en conserve une édition datée de 1747. RES XVIIIème D1017, D1018, D1019, D1563, D1564.
  5. RES XVIIIème B69 à B98
  6. RES XVIIIème B225 à 299

Auteur : Bénédicte Jarry

Extrait du Patrimoines Brestois N°11 - Brest et la musique - Été 2010

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