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Cinéma à Saint-Pierre

Cinéma à Saint-Pierre
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Un article de : Mémoire de St-Pierre
Parution : Novembre 1995
N° : 80
Auteur : Marie-Thérèse Alegoët.


Le cinéma à Saint-Pierre

Nous publions ce mois-ci un texte que nous a fait parvenir un lecteur de l'Echo sur l'histoire des salles de cinéma implantées à Saint-Pierre. Ce témoin souhaitant conserver l'anonymat, nous respecterons sa volonté.

Les cent ans du cinéma

En cette année 1995, nous fêtons le centenaire de l'invention du cinéma par deux industriels de Besançon : les frères Auguste et Louis Lumière. Depuis cette époque, par étapes de perfectionnement, nous avons le loisir de profiter des projections en salles, à la télévision ou en K7. Les présentations actuelles sont bien différentes de celles auxquelles le public d'avant 1940 s'était habitué. La commune de St-Pierre, distincte du grand Brest, disposait de trois salles : l'Olympia (société privée) installé à l'angle des rues Armor et Mesny puis les patronages de Kerbonne et la Légion St-Pierre. Le grand cinéma de la rue Armor fonctionnait peut-être plusieurs jours dans la semaine mais les "patro" n'étaient ouverts au public que les samedis soirs et dimanches après-midi. Lors des séances récréatives offertes par l'école des sœurs, la chorale ou les anciens, les programmes cinématographiques étaient reportés à la semaine suivante.

Inauguration du cinéma muet

C'est en 1927 que le cinéma muet fut inauguré à la Légion, en noir et blanc, bien sûr. Le film était projeté depuis la cabine (au fond de la salle) sur grand écran déroulé sur le devant de la scène du théâtre. Après les actualités, adultes et enfants pouvaient sans crainte d'agression morale, suivre tous les films car le censeur de service avait soigneusement supprimé les passages osés ! Il aurait bien de l'occupation actuellement s'il était encore là pour les coupures. La bande coupée et recollée produisait au passage un déclic révélateur d'un "carré blanc" plus ou moins prolongé, qui laissait parfois la suite de l'action dans une certaine nébulosité. Sur le bas de l'écran, s'inscrivaient les dialogues (comme actuellement en V.O.), parfois bien écourtés pour le flot de paroles prononcées de visu par les acteurs. En accompagnement, un orchestre avec piano, violons, violoncelle et saxos, parfois clarinette, agrémentait le déroulement du film par les morceaux judicieusement choisis par Monsieur G. Cloastre. En 1931, l'achat d'un "pick up" moderne libéra ces héroïques bénévoles et les disques les remplacèrent sans interruption tout au long de la projection.

Le cinéma parlant en 1933

Le 1er octobre 1933, notre salle de St-Pierre fût dotée du cinéma parlant de la marque Stellor, très au point pour la sonorité et la lumière. Le marché de location passé avec la Maison Gaumont (de haute notoriété dans ce domaine) permit de passer de très beaux films : actions héroïques de toutes sortes, rétrospective de faits historiques, documentaires découvrant aux spectateurs des contrées inconnues, dans des paysages grandioses. En ce temps-là, les voyages étaient restreints. Il était agréable d'entendre s'exprimer les acteurs sans avoir à écarquiller les yeux pour lire très vite les résumés transcrits sur l'écran et entendre les récriminations de ceux qui ne pouvaient suivre parce que le voisin de devant se levait pour mieux voir ou celui d'à côté qui s'essayait à lire tout fort ! C'était le grand film qui suivait les actualités, interrompu par une pause d'environ quinze minutes au cours de laquelle les assistants pouvaient se retrouver autour d'un café ou d'une autre boisson. La suite du film reprenait son cours et après une seconde pause bavardage, la séance se terminait avec le "comique". La tension provoquée par le déroulement du "charme" avait besoin d'être atténuée par le délire de certaines projections. Mais tout n'a qu'un temps.

La salle prend feu en 1939, elle est reconstruite en 1940

Et un soir de février 1939, la salle s'embrasa depuis la cabine de projection où il y avait souvent des réparations à effectuer avec les contacts électriques. Reconstruite puis inaugurée en avril 1940, elle subit le sort général : l'occupation. Tous ceux qui ont vécu cette période où l'on se contentait de simples choses, sans trop de confort, en garderont le souvenir ému des séances de jadis.

Si le grand écran intéressait particulièrement les adultes, n'oublions pas que les enfants se sont bien amusés aux séances du jeudi après-midi avec le Pathé Baby. Cette nouveauté fit son apparition en 1928. "Ce n'était qu'une petite machine toute simple : une boîte de 40 x 25 qui, par la magie de l'ampoule électrique, projetait les images sur un écran déroulé et suspendu" (les cloches de St-Pierre de janvier 1929). Ce fût un succès en nombre de participants à ces séances pour un prix d'entrée très modeste : à 0,50 pour les grandes personnes désirant accompagner les enfants, 0,25 pour tout autre spectateur. La séance de ce jour-là était aussi complète qu'en fin de semaine. Pas d'actualité, mais petit film religieux précédant la grande projection d'une histoire intéressante ou le comique bien fourni avec Max Bennet ou Buster Keaton qui déchaînait les rires, les cris d'effroi, les conseils d'attention envers ceux qui évoluaient sur l'écran. Laurel et Hardy, perpétuel couple malchanceux, spécialistes des ennuis inévitables avec leurs initiatives malheureuses ont tenu en haleine des générations d'enfants. N'oublions pas le chien vedette Rintintin dont le parfait dressage et l'intelligence amenait toujours un aboutissement heureux aux situations dramatiques auxquelles il était mêlé. Et le choix des acteurs était évident : l'on devinait dès le début qui était "le bon" et "le méchant" puisque son physique était choisi pour l'emploi (ce n'était pas encore Hitchcok).

Les anciens en garde un excellent souvenir

Les sièges de la salle n'étaient pas de confortables fauteuils : un banc continu était une rangée sur laquelle se serrait chacun lors des films à épisodes ou spectacles particulièrement attirants. Et sur les gradins du fond, les fins de semaine, les garçons se retrouvaient près de la cabine avec le pompier de service. C'était ainsi et personne ne s'en est plaint. La distraction du moment valait bien quelque gêne. Les anciens en conservent un excellent souvenir.

Marie-Thérèse Alegoët

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