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Brest port de la Liberté, au temps de l’Indépendance américaine

Affiche de l'expo "Brest port de la liberté" du musée de la Marine de Brest. Illustration de Patrice Pellerin (John Paul Jones)

En 2017, on commémore le centenaire du débarquement des Américains à Brest, lors du premier conflit mondial. Sans attendre ce moment pour rappeller les liens forts tissés entre la France et les États-Unis, le musée de la Marine à Brest présente une nouvelle exposition dans le cadre du 240ème anniversaire de l’Indépendance américaine (4 juillet 1776).

Elle retrace l’engagement de la France de Louis XVI dans la guerre opposant les colonies d’Amérique du Nord (les Insurgents) à la Grande-Bretagne de 1775 à 1783 et met en lumière le rôle stratégique majeur joué alors par le port de Brest dans la guerre d’Amérique à la fin du siècle des Lumières.

La liberté de la jeune nation américaine se prépare sur les quais de la Penfeld…

Une exposition dans un cadre rénové

L'exposition, installée dans les salles du château, joliment rénovées et réaménagées, évoque plusieurs aspects de cet événement :

  • l’arsenal qui construit et arme la flotte ;
  • le port, par où transitent les troupes envoyées combattre aux côtés des Insurgents,
  • les navires affrontant la Royal Navy en Atlantique et dans les Caraïbes ;
  • la ville où les idées nouvelles bruissent.

Scènes de batailles, maquettes de navires tels l’Hermione, la Bretagne ou le Bonhomme Richard, l’épée de La Fayette ou du maréchal de Rochambeau, l’exposition s’appuie sur une centaine d’oeuvres originales, issues principalement de la collection du musée national de la Marine.

Le port de Brest, un rôle stratégique majeur

Les années qui précèdent l’indépendance des États-Unis et la Guerre d’Amérique (1778-1783) constituent l’apogée du port de Brest à l’époque moderne. Brest est alors l’un des plus grands établissements industriels d’Occident. Construction de navires, armement des escadres, embarquement des troupes, ravitaillements, l’activité atteint alors son paroxysme. Premier arsenal de France et base navale la plus proche des îles britanniques, le port de Brest joue un rôle stratégique majeur dans la lutte contre l’Angleterre en Manche. À partir de 1780, Brest apporte aussi son soutien aux actions navales et terrestres conduites outre-mer : en Amérique du Nord, dans les Antilles et en Inde. Vingt escadres y sont armées pour aller lutter contre la Royal Navy, soit près de 450 bâtiments du roi de France.

Plus de 11 000 personnes mobilisées

En 1780, les 6 000 hommes de troupe de Rochambeau embarquent à Brest vers l’Amérique du Nord. Sur mer comme sur terre, Brest porte véritablement la guerre.

Siège d’une véritable activité industrielle, l’arsenal compte 9 360 ouvriers en janvier 1783, complétés par les 2 000 forçats du bagne, soit plus de 11 000 personnes.

Les corps de métiers dominants concernent directement la fabrication de la coque du navire : maîtres-constructeurs (architectes), charpentiers, calfats, sculpteurs. De nombreux ateliers spécialisés préparent les pièces nécessaires au navire : corderie, voilerie, menuiserie, forges.

Mais l’activité intense ne concerne pas que la Marine. La défense du port et de l’arsenal est en effet renforcée par de nouvelles fortifications, chantier qui occupe des milliers de soldats et d’ouvriers.

Jamais la Marine française n’a joué un si grand rôle dans un conflit à l’époque moderne ; sa contribution a été déterminante dans l’indépendance des États-Unis.

John Paul Jones

John Paul Jones, corsaire écossais (1747-1792), est l’un des fondateurs de la marine américaine. En mars 1778, il débarque à Brest ; il est le premier officier de la jeune marine américaine à qui Louis XVI confie un navire.

La France vient de s’engager aux côtés des États-Unis en lutte contre la couronne britannique. Le 14 février 1778, le Ranger qu’il commande voit sa présence en baie de Quiberon honorée de 9 coups de canons par l’escadre de l’amiral La Motte-Piquet.

C’est la première fois que le pavillon américain est salué par une nation étrangère, c’est une reconnaissance diplomatique.

En 1778, John Paul Jones effectue trois séjours à Brest au cours desquels il mène un raid audacieux sur les côtes anglaises. Grâce à l’appui de Benjamin Franklin, représentant du Congrès des États-Unis en France, il obtient de Louis XVI le commandement du Bonhomme Richard, ancien navire de la Compagnie des Indes.

À son bord, il s’illustre lors d’un combat acharné contre la Royal Navy. Celui-ci tourne d’abord à l’avantage des Anglais : le Bonhomme Richard est en feu, la moitié de l’équipage est hors de combat. Le commandant anglais le somme alors de se rendre, ce à quoi John Paul Jones répond par une réplique passée à la postérité :

« Je n’ai pas encore commencé à me battre ! ». Finalement, après quatre heures de combat, les Anglais capitulent. John Paul Jones s’empare de leur vaisseau et y transfère son équipage, devenant ainsi un véritable héros.

Ce personnage emblématique est aujourd’hui encore célébré à l’Académie navale d’Annapolis où une crypte accueille sa dépouille.

La Guerre d’indépendance américaine

La Guerre d’indépendance américaine (1775-1783) est marquée par l’engagement d’européens qui vont rallier la cause des Insurgents. C’est le cas de John Paul Jones, corsaire d’origine écossaise et de Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, jeune aristocrate français. Deux amis appartenant à la franc-maçonnerie et animés par un idéal de liberté. Deux hommes aux destins extraordinaires dont la détermination et l’héroïsme vont faire basculer le conflit en faveur de la jeune République des États-Unis.

Le 17 juin 1778, le premier affrontement entre la marine française et la marine britannique a lieu au large de Roscoff avant même le déclenchement du conflit.

La frégate la Belle Poule, qui a transporté en Amérique le traité d’alliance franco-américain quelques mois plus tôt, refuse de se rendre à la frégate britannique HMS Arethusa. À l’issue d’un combat de quatre heures, malgré la perte de son commandant en second, la mort de 30 marins et 100 blessés, la Belle Poule s’échappe et regagne Brest. Ce combat pousse Louis XVI à déclarer la guerre à la Grande-Bretagne. Il provoque un engouement patriotique à Versailles, illustré par la mode de la coiffure « à la Belle Poule ».

Le 23 juillet 1778, le combat d’Ouessant voit se dérouler le premier affrontement majeur sur mer. Le lieutenant-général d’Orvilliers affronte le vice-amiral Keppel au cours d’un combat rassemblant près de 80 navires.

Indécise, cette bataille vaut à Keppel la cour martiale, signe qu’elle est perçue comme une défaite outre-Manche.

De faible portée militaire, ces combats ont une forte charge symbolique. Dans les mois qui suivent, les escadres armées à Brest prennent une part active aux combats sur les côtes nord-américaines, dans les Antilles et dans l’océan Indien. La marine française avec Suffren, de Grasse, d’Estaing, Latouche-Tréville, Lamotte-Piquet ou Lapérouse apporte une contribution fondamentale aux Insurgents américains. Le blocus des troupes anglaises par les navires français à Yorktown conduit à la défaite décisive d’octobre 1781 et aux négociations d’une paix qui entérine l’indépendance des États-Unis en septembre 1783.

Des applications sur smartphone et tablette pour les visiteurs

Le musée lance sa première application tous publics. Smartphone en main, le visiteur pourra choisir entre un parcours enrichi et un jeu plein de suspens et d’énigmes.

Le jeu : un voyage dont vous êtes le héros

« Tu es Elijah Hall, ami et second de John Paul Jones, un corsaire d’origine écossaise, engagé sous pavillon américain pendant la guerre d’Indépendance. Pour libérer les États-Unis, tu dois remporter 13 étoiles, celles du pavillon américain. Victorieux, tu pourras alors hisser haut les couleurs de l’Amérique ! Mission impossible ? Non car toutes les réponses se trouvent dans l’exposition ! »

Le parcours enrichi

Audioguide, textes et vidéos viennent enrichir le parcours d’exposition. Un plan interactif permet de découvrir les vestiges de la guerre d’Indépendance américaine à Brest et les lieux de mémoire.

Mon ancêtre, la guerre d’indépendance américaine et moi

Un exemple de recherche sur la tablette

De 1778 à 1783, 20 000 français ont pris part au conflit. Marins, soldats, 6 000 combattants laisseront leur vie dont de nombreux bretons. Une application disponible sur une tablette dans le parcours d’exposition permet aux visiteurs de rechercher si un de leurs ancêtres a participé à la guerre d’Indépendance américaine.

Bibliographie

Le port de la liberté, Brest, au temps de l'indépendance américaine, Jean-Yves Besselièvre (Ed Locus Solus 2016 )

John Paul Jones, corsaire de la République, Alain Boulaire (Ed Le Télégramme 2012)

Documentation du Musée de la marine de Brest

Voir aussi :

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