Brest en Août

Cette ville appartient à tous ceux qui partent. Comme ailleurs en Bretagne il y a beaucoup de ciel mais il est facile de sentir le bout du monde:

C'est la terre qui s'incline abruptement vers le port et les ponts qui tentent de retarder la chute et lancent des passerelles entre les avancées de la mer en ville. Du haut du pont, on peut observer les mouvements du port et les maisons nichées sous son tablier.

J'ai donc marché là, autour de Recouvrance en me laissant guider par le hasard avant de rejoindre ma mère à l'hôpital et me réjouir avec elle de ce sursaut et de ce répit que lui laissait la maladie.

La veille elle avait quitté la maison comme si elle ne devait pas revenir, c'était mon sentiment en tout cas et j'avais senti au plus profond de moi que le baiser que nous avions échangé dans le taxi qui l'emportait à Brest scellait un adieu entre nous.

Et, si une fois de plus elle avait convaincu le chirurgien de tenter un geste qui lui donne du temps, je savais de mon côté que j'avais accepté la séparation à venir.

C'est pour ça que ce jour là j'ai choisi de fixer le souvenir des rues de Brest qui ont accompagné ce passage. Il fait beau, ma femme marche à mes côtés et ma mère ne me quittera plus.