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Brest 1959/1960 par Raymond Novion

Extraits du journal de Raymond Novion (1932-2002)

... Brest, le 3 août 1959

Je ne saurais jamais ce qu'était Brest, il ne reste rien. L'on reproche le manque d'esprit breton de ces constructions, c'est exact mais il est des monuments qui ne manquent pas de dignité ; la stèle haute et plate de granit, flèche accusatrice qui porte à sa base "D'hor bugale evit ar vro", l'immense mur de granit jaune percé de minuscules fenêtres colorées de l'église Saint Louis, sont sans être typiquement breton des monuments neufs dont la ville peut s'enorgueillir.

La rue de Siam est une large avenue, belle certes, mais qui me montrera la légendaire voie d'antan. L'on m'a donné pour quelques jours une chambrette à Recouvrance qui abrite en général des marins.

Brest, le 5 août 1959

La ville est chaude, les gens traînent le long de la rue de Siam, une sorte de langueur enveloppe tout. Pendant l'écrasement de midi tout s'arrête sur le port, tous ceux qui s'affairent près des navires les quittent. Ceux-ci restent, lourds et silencieux, tapis dans l'odeur de vase, pétrifiés par l'éternité de midi. Les navires de guerre si gris et tristes, alignés sur la Penfeld, habituellement, deviennent presque lumineux et Recouvrance dans la blancheur de sa nouveauté s'étage comme une ville du sud.

Brest, le 7 août 1959

Je regarde le château à l'ombre de la tour ruinée de Recouvrance. Je n'arrive pas à détacher mes yeux des bateaux, c'est le dernier jour. Les gens passent sur le pont, des marins, des femmes en coiffe et puis d'autres, sans particularité. Les femmes de Plougastel à l'inverse des autres mettraient plus facilement le costume que la coiffe. Des sirènes font vibrer l'air, des bruits de machine, toute l'activité du port fait paraître la ville silencieuse.[...]

Kastel-Nevez, le 11 août 1960

Brest se reconstruit et en un an il est des endroits difficiles à reconnaître. Le bal des cornemuses offrait le spectacle d'un Brest dans la meilleure tradition. Sur des airs de danse musette se mêlaient des gens en costumes et matelots. La Bretagne ne peut avoir de fin. Il semble que sans cesse quelque chose renaît qui lui permet d'être elle-même.

Il avait plu dans la journée mais peu, juste pour donner le ton et si nous pouvions regretter de ne pas avoir pu nous réjouir dans les rues ainsi que nous l'entendions il n'empêche que ce bal du soir était vraiment Brest.

La mer s'étend bleue, grise ou glauque suivant le temps. Le calme du dimanche avait vidé tous les navires, le bruit était dans la ville, métropole uniquement construite pour le défilé des sonneurs nous a dit Madame de B.

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