D'après l'article de Castel S. Brest, étude de géographie urbaine (Suite). In: Annales de Bretagne. Tome 41, numéro 1-2, 1934. pp. 7-72
L'atelier des bâtiments en fer est divisé en deux parties :
dans l'une on travaille à chaud, dans 1 autre on travaille à
froid. Dans l'atelier « à chaud », les ouvriers travaillent à la
masse les pièces sortant du four. Les uns martèlent sur les
plaques 10 les grandes tôles et les barres et profilés de formes
diverses; les autres préparent les petites tôles, les cornières,
les rivets. Toutes ces pièces après vérification sur les gabarits
sont alors amenées sur des wagonnets dans l'atelier où l'on
travaille à froid11 et là des machines-outils les cisaillent, les
planent, les rabotent, les percent.
Tout est alors prêt pour le montage qui a lieu sur la cale de
construction. Lorsque toutes les cornières, les profilés, les
tôles, etc., ont été rivetées ou soudées à la soudure autogène
et qu'une épaisse couche de peinture a recouvert le tout,
c'est-à-dire lorsque la coque est terminée, on procède au
lancement. Cette opération est assez délicate à Brest, en raison
de la nécessité d'arrêter la grande masse en mouvement dans
un court espace, car le plan d'eau dont on dispose en face
de la cale atteint à peine deux fois la longueur des grands
navires modernes. On remédie à cet inconvénient par l'ad
jonction de grelins de retenue et de bosses cassantes qui
agissent comme une sorte de frein sur le bateau, lorsque
celui-ci, la savate étant coupée, a glissé sur les coulisseaux
bien enduits de suif et est entré à l'eau.
Le bateau une fois à flot, il reste à l'aménager et à l'armer.
Tous les ateliers vont y contribuer. Les ouvriers des bât
iments en fer continuent les travaux divers d'aménagement :
cloisons, échelles, tourelles, mâtures, cheminées, passer
elles, etc.; ils font aussi la mise en place des carlingages
10. Grandes masses de fonte à surface plane, percées de nombreux trous.
11. Certaines pièces sont formées directement à froid; on ne chauffe les
pièces que lorsque l'importance ûe la déformation à faire subir au métal
impose l'emploi d'une haute température.
16 BREST, ÉTUDE DE GÉOGRAPHIE URBAINE
destinés à recevoir les machines et chaudières dont le mont
age à bord est effectué dès leur arrivée de l'industrie par les
soins des ouvriers monteurs du fournisseur des appareils.
L'atelier de la chaudronnerie fait les travaux de tuyautage;
l'atelier de la fonderie fournit les hélices en bronze et en
fonte; l'atelier des forges fabrique les barres de plongée pour
sous-marins et les arbres de couche pour torpilleurs; l'atelier
des machines procède à l'usinage des gouvernails 12 des tubes
et supports d'arbre porte-hélices; l'atelier à bois procède à la
confection des mâtures diverses, du lambrissage des apparte
ments, des meubles d'office, etc. 13; l'atelier de peinture inter
vient pour le calfatage des ponts, le garnissage des tuyaut
eries, etc..
Telles sont, très grossièrement, les différentes phases par
lesquelles un bateau en construction doit passer avant son
achèvement complet. Des opérations aussi longues et aussi
délicates nécessitent évidemment une main-d'oeuvre nomb
reuse.