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Alain Michel Pennec : Différence entre versions

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Cette « rotation générale » que produit en lui la question mythique l’amène à s’intéresser à l’œuvre de '''Carl G. Jung''' de qui il dit « ''Constater que les choses convergent vers la même problématique, d’où que l’on parte et quelle que soit l’impulsion initiale qui leur a fourni, en nous, tout au début, mouvement et énergie.'' » [Diamant vert], [Axis Mundi], [L’ange chien]. Parmi les auteurs en lesquels AMP se dit le plus proche on peut citer également '''Maurice Merleau-Ponty''' et '''Claude Lévi-Strauss'''.  
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Cette « rotation générale » que produit en lui la question mythique l’amène à s’intéresser à l’œuvre de '''Carl G. Jung''' de qui il dit « ''Constater que les choses convergent vers la même problématique, d’où que l’on parte et quelle que soit l’impulsion initiale qui leur a fourni, en nous, tout au début, mouvement et énergie.'' » [Diamant vert], [Axis Mundi], [L’ange chien]. Parmi les auteurs desquels AMP se dit le plus proche on peut citer également '''Maurice Merleau-Ponty''' et '''Claude Lévi-Strauss'''.  
  
  

Version du 9 juin 2013 à 08:16

Alain Michel Pennec, dit AMP, est un artiste, écrivain, poète, brestois né en 1967. Membre de la compagnie théâtrale Dérézo depuis 2011, régisseur de "La Chapelle Dérézo", lieu de fabrique d'art, rue de Maissin, à Recouvrance.

La première période de son activité artistique débute dans les années 80 à Marseille par un "long et dangereux corps à corps" avec la poésie et s'achève par une de ces "victoire au terme de laquelle il est impossible de savoir qui a vaincu qui, ni pourquoi, ni comment, car c'était un carnage". S'ensuivent 17 années de silence jusqu'en 2005, année où "le goût d'écrire" le reprend, d'abord sous la forme d'un roman "qui n'en a jamais été un", "Hklejsffgst ?" (dont l'écriture chaotique s'achève en 2008), puis sous celle d'une pièce de théâtre "Fabrication", écrite en 2009. Mais c'est essentiellement dans son blog, créé en 2007, "Les mots nous jettent, en route, la peinture d'un monde qu'ils n'ont pas", qu'AMP commence à développer les thèmes qui signent l'originalité de son chemin.

L'aventure du blog

Le blog est très vite engagé dans l'élaboration d'une voix et dans l’exploration des frontières et des éléments qui pourraient réussir à la fonder. Il s'agira de se frayer un chemin vers une lisibilité, malgré l'obstacle que constitue le postulat fondamental et contradictoire de départ qu'AMP formule ainsi, "Les mots n'existent pas". C'est le signal d'une aporie qui n'est pas tant une provocation que l'expression radicale et impérieuse d'un constat dont il faudra bien souffrir les conséquences et découvrir toutes les implications sur l'imagination, le monde, l'art, l'écriture, la littérature ou la mythologie...


Dès lors, le langage, celui qui s’installe dans le blog, n'est fondamentalement destiné qu'à l'incompréhension, au mieux, à la métamorphose personnelle invisible. Il a un autre sort que celui de dire, de communiquer, de montrer ou d'expliquer comme celui de produire positivement un propos, il a davantage celui de se placer, pour tenter d'exister, dans un rapport avec des dimensions de l'imagination plus conséquentes, plus « actives » et plus complètes, que tout ce qui a été, ou pourra être écrit. AMP parle de régions qui, alors que rien ne nous prépare à en faire l'expérience, seraient le lieu d'une présence libérée des langages. Une expérience « excessive » sur le sujet de laquelle on peut lire quelques lignes sur la page « A propos » du blog.


Je ne sais pas qui tu es. Je ne peux pas dire ce que tu fais tout seul dans ce chemin public, tu es transparent. Tu regardes quelques abeilles. Tu es en train de contempler la dose que tu es. Mais au fond tu es révolté. Bien que le point des choses soit en train de danser lumineusement en toi, tu ressens le goût amer de n'être qu'un jouet qu'on a tué pour l'enfermer dans une resplendissance sans partage. Encore une fois, combien de fois encore ? Tu pourrais rire de cette ironie qui oblige à ne plus espérer être pour commencer à exister. Tu veux savoir, c'est le moment de commettre un acte supplémentaire, barbare, dévastateur. Il faut que tu en profites. Là où tu es, comme tu es, et maintenant, il est temps de monter sur la dernière marche.
Tu es dans le regard des mots, mais tu comprends qu'il y a quelque chose qu'ils ne te montrent pas. C'est un rapport d'autorité. Tu veux tenter de leur reprendre ce qu'ils t'ont dérobé, trouver le lieu de leur envers. Si vraiment tout est à toi ils ne vont pas pouvoir te résister. Il n’y a qu’une issue : un hurlement de ta vision.
Parce que les idées germent, murissent, et tombent à la vitesse des vents, les mots, et davantage les noms, pourrissent. Tu comprends que c'est toi l'ultime vitesse de ce monde. A ce moment, parce que tu es celui qui voit, parce que tu es l'homme le plus seul, tu peux casser la porte du langage.
Et brusquement, tu es une bête libérée dans l’imagination. S’il y a de nouveaux noms ce sont les outils de ta liberté. Ils ont la forme, le temps, l’espace, le poids, la couleur ou le soupçon, l’insouciance, l’absence, le sang que tu leur reconnais la possibilité et la nécessité d’avoir. Pointes, volumes, tensions, relations, élargissements, tout. Ce sont des mots, ils en ont ta faiblesse, mais d'une autre dévastation. Ce ne sont plus des mots mais des outils de représentation qui portent les vapeurs de tes limites. Des mots de solitude. Ce que tu vois c’est la géométrie vivante de ton humanité. C'est voir. Tu ne crée pas davantage que ton besoin d’observation le nécessite, besoin dans lequel aussi, sous une forme qui représente celle de ton acte tu apparais, tu regardes et compares, tu n’es pas nul dans cette opération. En toi tu ne prononces rien, tu tiens. Comment peux-tu sortir ton mot ?


L’éclaircissement dont le blog entreprend le chantier porte sur de nombreux aspects que la variété des sujets abordés illustre. L’obsession, pourrait-on dire, semble en être la quête d’une élucidation artistique logique générale qui, en même temps qu’elle permettrait – voire prophétiserait – l’élaboration d’une parole, en expliquerait la part d’impuissance. Le langage, la communication, l’écriture, l’imagination, l’analyse de certains textes, la science, la photographie, la poésie, le théâtre, la politique, la mythologie, sont les thèmes les plus souvent abordés, toujours dans un style très intime (le tutoiement avec le lecteur est de rigueur) mêlant souvent humour et poésie à la plus surprenante proclamation de sens.


Relativement à la poésie, l’auteur se dit « au service » de son ignorance. Il s’agit d’entrer dans un rapport logique et explosif avec la matière que constitue le langage, « c’est la poésie qui donne le bon, le vrai usage des mots. » [L’esprit est idiot], et « Il n’y a que l’expérience sur la matière qui ait du sens. Je n’ai jamais rien compris consciemment, et jamais rien acquis dans les livres ». C’est également dans ce rapport à la poésie qu’AMP propose l’une des raisons qui le motivent aujourd’hui à écrire, "J'écris parce que je sens la poésie réversible. Si elle dévaste c'est aussi qu'elle construit, mais je n'y comprends rien encore. Je suis mon propre messager, mon propre Hermès." Cette position vis-à-vis de la poésie permet aussi à AMP de proposer un cadre cohérent à l’aporie initiale, « les mots n’existent pas », à l’origine de son retour à l’écriture. «  J’ai un besoin évident d'écrire pour, ou vers, quelque chose mais le langage aide à avancer, pas à rencontrer ». Il y a donc quelque part, à un certain moment, quelque chose de cette nature, une traduction, une réduction ou une manipulation formelle à cesser « s’il existe, au bout du chemin parcouru, une réalisation à espérer ». La cohérence de la démarche est ainsi rétablie au-delà de ses contradictions apparentes.


Mais rencontrer quoi ou qui ? Et de quelle réalisation s’agit-il ?


Le questionnement sur les mythes acquiert de plus en plus d’importance. Notamment dans les articles [Monstres & Cie ], [Filet « sorti du bois » sur son suprême de Scamandre à la grenade de Lautréamont ] ou [Il s’élucide…cide… cide… cide ]. C’est en élucidant son propre mythe qu’AMP dit avoir reconnu le périmètre définitif de son espérance artistique. Toute entreprise de communication ne serait définie que de mythes, à commencer par celui de l'auteur, émetteur d’une parole dont n'est visible, dont ne fonctionne, que le mythe à travers celui du langage – d’un langage - qui les détermine et les engendre tous. Il n'y aurait pas de réalisation logique par les mots, dans l'écriture, mais uniquement et toujours, au-delà d'eux, au-delà d'elle. C'est une clarification fondamentale qui dessine le paysage de ce que nous nommons "la pensée", décrite comme une "épave qui se rêve navire et qui ne sait que manœuvrer dans l'océan de sa mythologie".


Dès lors, une liberté formelle radicale s’offrirait puisque ce qui est contenu dans cette formulation de la démarche artistique c’est l’équation selon laquelle l’artiste serait moins le maître de son art que son esclave mythologique, et très souvent son dupe à proportion de la dimension que l’artiste concède ou reconnait à « une toute autre complexité intérieure » qui n’est pas communicable au moyen de mythes, c'est-à-dire au moyen d’un langage, c'est-à-dire, qui n’est en réalité absolument pas communicable. « Les mots ne sont pas prévus pour ». Une voix « n’est qu’un mythe qui en questionne d’autres » [Il s’élucide…cide… cide… cide…].


Elucider l’énergie mythologique c’est gagner en liberté autant que perdre en visibilité sociale. « Les mots ridiculisent ce qu’ils nomment « la pensée », cette chose qui ne peut être que le fruit évident de l’imagination. Très vite la relation sociale, fraternelle, est en situation d’être brisée, formellement ; c’est uniquement seul que l’on goûte au pouvoir inquiétant de la vie. » [Hors champs]. C’est « Le langage, ses mythes, les mythes, générateurs et accumulateurs, moteurs et freins, qui nous disent ce qui, pour la perpétuation de leur logique particulière, a de la valeur ou pas, peut servir ou mourir. Mais culturellement. Voilà pourquoi, comme moi, tu as vu et oublié et pourquoi nous ne pouvons rien voir ensemble. Tu me montres une étoile qui me montre le mythe de ton doigt. » [Ce jardin d’inquiétudes]


Un tel exploreur « conséquent et libéré » n’a davantage pas à être tenu responsable des dégâts moraux de « l’outil jamais assez pointu » avec lequel il « joue », jamais autant que ses gardiens le prétendent. Quant à son « existence » publique : «Les gens le jugent sur la crédibilité du mythe qu’il leur sert et de là tout se détermine. » [L’usine noire du blanc qui me grignote] Tout le monde est « coupable de farce ». « Je n’écris pas pour triompher du langage mais pour nous sauver de sa mort » [Hors champs]


L’idée de « complexité intérieure » est à rapprocher de l’une des figures favorites d’AMP, celle du souterrain. "Passage sans lumière sous la surface, qui fait qu'on ressurgit ailleurs et autrement, comme par l'action d'une part de nous qui creuse dans une direction sans que nous en ayons jamais conscience". C’est la métaphore d’une énergie chtonienne au moyen de laquelle peuvent se produire des métamorphoses. Elle serait l’indice qu’existerait une « puissante logique silencieuse et mystérieuse » qui, elle, ne serait pas leurrée ou « engluée dans la peinture des mythes ».

L’écriture de « Hklejsffgst ? » est traversée par la voix d’un personnage qui dit vivre sous terre avec son chien. Elle invite périodiquement le lecteur à « dissoudre » la part du récit qui se développe au-dessus de la surface.


"Il est bien dommage que les coquilles abandonnées produisent si fréquemment le bruit des vagues. Là-bas ! Là-bas ! Chantent-elles. Aucune ne dit sans ambiguïté Ici ! Ici ! L’aventure n’est pas assez bien répartie. Je veux que tu arrêtes de me mordre ! Au moins une phrase sera claire, quand il faudra trier le vrai du faux de cette vase. Arrête de me mordre ! Arrête de mordre ! Simple, sûre, efficace. Oui, dommage. Mais avec des regrets on ne fait pas bouger les choses. Je suis désolé, je n’ai pas réussi à m’expliquer. Ce con de chien me mord encore. Plus clair que des mots. Cette phrase là ne fonctionne pas non plus. Je ne sais plus que dire. Rien ne fonctionne." [Rien ne fonctionne]


La « réalisation, son mythe » c’est « accéder à l’intuition de cette incommensurable logique ».


« Je comprends toute la littérature et toutes les tentatives centrales qui ont consisté, et qui consiste encore, à formuler des messages évidents ou secrets (l’ésotérisme, la mythologie, l’usage de symboles…) comme des cristallisations particulières d’une divagation caractéristique de l’effort d’élucider le paysage de la différence de nature qui existe entre l’univers mental des hommes et leurs langages. La différence est aussi radicale que celle qui existe entre le plein ciel et un feutre bleu. Il n’y a rien à faire, le moindre trait peut prolonger la confusion. C’est même cette problématique qui détient seule toute cette énergie, et elle est drapée dans tous les mythes. En résumé tout ce qui a été tenté en termes de vérité cherche à aboutir au paysage complet que je formule ainsi : les mots n’existent pas. Et c’est notre matière profonde versée encore et encore sur cette matière superficielle qui nous fascine tant, et nous conduit au lieu qui nous permet de la toucher et croire la rencontrer, et, à travers l’opération, presque nous-mêmes, qui n’avons pas pourtant de mots possibles à prononcer. Dans cette « géométrie » invisible, au milieu de la route de cette incommensurable logique où chacun avance seul, le monde des visibles n’est qu’un immense jeu de miroirs au fond desquels les mythes roulent et règnent.» [Page « A propos » de loveshou.fr]


Cette « rotation générale » que produit en lui la question mythique l’amène à s’intéresser à l’œuvre de Carl G. Jung de qui il dit « Constater que les choses convergent vers la même problématique, d’où que l’on parte et quelle que soit l’impulsion initiale qui leur a fourni, en nous, tout au début, mouvement et énergie. » [Diamant vert], [Axis Mundi], [L’ange chien]. Parmi les auteurs desquels AMP se dit le plus proche on peut citer également Maurice Merleau-Ponty et Claude Lévi-Strauss.


Le blog est également engagé dans la quête d'une forme littéraire susceptible de "fonctionner". Il est très tôt acquis que ce sera le roman mais AMP n'a jamais assez de critiques à formuler à son endroit. Le problème c’est la fiction. « C’est un problème de communication. Existe-t-il un commerce, mensonge minimal qui s’auto-éclairerait, en paix avec l’accusation qui lui est faite de trahir le monde qu’il est supposé indiquer ? » Il est pourtant toujours question d'un livre consistant et important à écrire comme de l’unique solution, bien qu'inacceptable, pour accéder à une certaine visibilité. Le chemin, d’abord négativement hypothétique, sur lequel le blog est engagé c’est aussi celui de découvrir cette grande métaphore dont l’élaboration a finalement conduit à l’arrêt du blog en 2012 (encore accessible mais plus alimenté). "Il fallait que je m'extirpe de ça, parce qu'on allait bientôt vraiment plus me comprendre, parce que j'en étais venu à parler de moi comme d'un procédé, parce que le risque de confusion entre la manière dont je parlais de moi et ce que j'en pensais véritablement était trop grand. Ce n'est pas moi."


L’auteur se décrit en marge des entreprises littéraire de son époque, « avancé sur un chemin de lueurs vers une fragilité qui m’y conduit ou m’y condamne » [Love's Hou], il se définit lui-même par le néologisme d’Ecriturier de préférence au mot d’écrivain dont il dit ne pas comprendre l’ambition de « gardien de chats » et parce qu’une Ecriturière « sera toujours une plus mignonne aventurière qu’une écrivaine, qui est vilaine ».


• Sur la politique et sur la politique dans l'art : "Je crois à une apolitique révolutionnaire future."
• Sur Dieu : "Dieu n'existe pas mais vous pouvez le rencontrer."
• Sur l'écriture : "Écrire n'est pas une preuve d'intelligence mais de ruse."
• Sur la Littérature : "Un livre révolutionnaire est un livre qui change la face d'un rêve que tout le monde croit ne pas faire".
• Sur le langage : "Il est plus facile de ressusciter d'entre les morts que de communiquer".
• Sur l'art : "L'art est une critique de la connaissance."


Vidéos

Les vidéo sont de Vincent Cabioch, le proprio de la salle.

Lecture de textes extraits des livrets "Algèbre et vestiges du nombre Trou", "L'usine noire du blanc qui me grignote" et "Visage et rouages de ton non-réveil" à la Minuscule, salle de spectacle à Brest.


Lecture AMP à La Minuscule, Brest. 12 mai 2013 #1 par AMP_


Lecture AMP à La Minuscule, Brest. 12 mai 2013 #2 par AMP_

Actualités

En 2013 voit le jour un nouveau blog « loveshou.fr » motivé par le désir de faire partager les étapes de l’écriture d’une œuvre romanesque dont le titre est "Love's Hou". AMP y délivre l’essentiel de la trame de la fiction qu’il a imaginé sur la page « A propos » de son nouveau site. « J'aimerais te montrer comment la structure que j'imagine, avec les voix qui la composent, porte en elle sa propre critique. Comment elle s'équilibre sous ses apparences ambigües pour dérouler sa vérité et comment elle peut réussir à produire, autant qu'à s'interdire d'être, ce qu'on voit d'elle. C'est à ce prix qu'écrire a un sens. » [Page « A propos » de loveshou.fr]


De son précédent blog il a extrait trois livrets, "Algèbre et vestiges du nombre Trou", "L'usine noire du blanc qui me grignote" et "Visages et rouages de ton non-réveil". Il a entrepris des lectures publiques de ses textes. Les premières lectures ont eu lieu à La Minuscule, salle de spectacle, 4 rue du télégraphe, à Brest, les 03, 04 et 12 mai 2013. Le projet est de proposer des lectures dans les rues de Brest et aux alentours, "pour faire des rencontres et être une rencontre".

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