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Abri Sadi Carnot : Différence entre versions

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[[Brest]], devenue depuis 1940 une base navale stratégique pour le IIIème Reich, subit un siège terrible qui ruina le centre de la ville et fit environ 10 000 victimes dans chaque camp. La plupart des civils avaient été évacués, avec bien des difficultés, à la mi-août 1944. Restaient en ville 2000 requis, volontaires, et parfois leurs familles.  
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[[Brest]], devenue depuis 1940 une base navale stratégique pour le IIIème Reich, et subit dès juin 1940 des bombardements intenses et incessants. Ces opérations et le siège qui a aboutit à la libération de la ville ont ruiné le centre de la ville et fait environ 10 000 victimes dans chaque camp.
  
Dans la nuit du 8 au 9 septembre le principal abri souterrain qui joignait la place Sadi Carnot à la porte Tourville de l'Arsenal s'embrasa à la suite de l'explosion d'un dépôt de munitions. Cette explosion, dont l'origine très probablement accidentelle témoigne du climat de débâcle qui régnait dans une armée allemande dont tous les membres étaient loin d'être des hitlériens fanatiques, fit plus de 350 morts chez les civils et sans doute un millier du côté allemand.
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Les bombardements visant la base de sous-marins allemands et les implantations de la Kriegsmarine force les allemands à construire des abris de grande capacité en centre ville. L'abri Sadi-Carnot est creusé en plein coeur de Brest de 1941 à 1942 par Messieurs Estrade et Pommeret. Il s'étend sur une longueur de 560 mètres entre la porte de Tourville (porte de l'arsenal) et la place Sadi-Carnot (centre-ville) à une profondeur variable.
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Alors que les américains, après la percée d'Avranches, approchent du Finistère, la plupart des civils restant à Brest sont évacués le 14 aout 1944, avec bien des difficultés. Restaient en ville 2000 requis, volontaires, et parfois leurs familles. Le 7 août, les premiers blindés américains, sous les ordres du Général Patton, se trouvent du côté de Milizac. Les troupes américaines qui amorcent un mouvement de contournement de la ville se retrouvent cloués par des tirs d'artillerie. C'est le début du siège de Brest, qui durera 43 jours.
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L'abri Sadi-Carnot est alors le siège de ce qu'il reste des services administratifs de la municipalité. [[Victor EUSEN]] est alors le Président de la Délégation Spéciale qui assure la survie des 2 000 Brestois restés dans la cité. La moitié de l'abri (256 mètres) occupée par la population civile (de la place Sadi-Carnot à la rue Amiral-Linois). La partie occupée par les troupes d'occupation s'étendait de la rue Amiral-Linois à la porte Tourville.
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Le 3 septembre, le Général Ramcke convoque Monsieur Eusen et lui annonce qu'il se défendra jusqu'au dernier homme dans les fortifications de la ville. Il exige l'évacuation de tous les civils car il a besoin des abris. Mais celle-ci est devenue impossible. Il consent à laisser aux Français une partie de l'abri Sadi-Carnot à condition qu'ils n'en sortent plus. Il accueillait principalement les dirigeants de la Délégation Spéciale, les services municipaux, le service sanitaire, des infirmières de la Croix Rouge, des dirigeants du Secours national, des assistantes sociales, une dizaine de religieuses des Ordres de l'Assomption, de la Providence et du Bon Secours et des membres de la Défense Passive... Du coté allemand, il y avait des soldats de la division Todt et des parachutistes de la compagnie de réserve.
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Dans la nuit du 8 au 9 septembre le principal abri souterrain qui joignait la place Sadi Carnot à la porte Tourville de l'Arsenal s'embrasa à la suite de l'explosion d'un dépôt de munitions.
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A 2 heures 30 du matin un soldat Todt chargé du groupe électrogène qui alimente l'abri se lève pour le mettre en marche. Suite à une fausse manœuvre un incendie éclate. À proximité se trouvait un groupe électrogène de secours utilisé pour la lumière et tout à côté une réserve assez grande de carburant. Enfin une grande quantité de munitions était entreposée dans l'abri.
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Ceux qui réagissent rapidement sortent dans les fumées après avoir monté les 154 marches de l' escalier. Un grondement sourd d'une énorme puissance ébranle la voûte. Ceux qui sont au bout du tunnel sont éjectés comme des fétus de paille. Les autres sont coincés contre la grille qui s'est refermée sous le choc ou morts à l'intérieur.
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Toutes les munitions ont explosé transformant le long tunnel en un véritable canon. Les flammes s'élèvent à 30 mètres au-dessus de l'entrée. 373 Français sont morts, carbonisés d'un seul coup; les pertes allemandes sont estimées entre 500 et 600 hommes.
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L'abri Sadi-Carnot est remodelé dans les années 60 pour en faire un abri anti-atomique. On peut voir à l'intérieur de l'abri deux grosses portes blindées ainsi qu'un cénotaphe.  
  
 
L'abri Sadi Carnot est régulièrement ouvert à la visite pour les scolaires, et occasionnellement pour les adultes. Des bénévoles présentent généralement souvenirs et explications sur ce drame, mais ce ne put être le cas lors des dernières journées du patrimoine.
 
L'abri Sadi Carnot est régulièrement ouvert à la visite pour les scolaires, et occasionnellement pour les adultes. Des bénévoles présentent généralement souvenirs et explications sur ce drame, mais ce ne put être le cas lors des dernières journées du patrimoine.
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En 2008, l'abri Sadi-Carnot a fait l'objet d'une mise en valeur architecturale pour lui donner une meilleure visibilité et perpétuer la mémoire du drame qui s'y est déroulé, ainsi que de ce quà été la guerre à Brest. Cet aménagement incluera à terme la mise en oeuvre d'une exposition permanente dans la aprtie basse de l'abri, en complément du travail de mémoire assuré par les bénévoles depuis des années.
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Version du 25 août 2008 à 14:15

Brest, devenue depuis 1940 une base navale stratégique pour le IIIème Reich, et subit dès juin 1940 des bombardements intenses et incessants. Ces opérations et le siège qui a aboutit à la libération de la ville ont ruiné le centre de la ville et fait environ 10 000 victimes dans chaque camp.

Les bombardements visant la base de sous-marins allemands et les implantations de la Kriegsmarine force les allemands à construire des abris de grande capacité en centre ville. L'abri Sadi-Carnot est creusé en plein coeur de Brest de 1941 à 1942 par Messieurs Estrade et Pommeret. Il s'étend sur une longueur de 560 mètres entre la porte de Tourville (porte de l'arsenal) et la place Sadi-Carnot (centre-ville) à une profondeur variable.

Alors que les américains, après la percée d'Avranches, approchent du Finistère, la plupart des civils restant à Brest sont évacués le 14 aout 1944, avec bien des difficultés. Restaient en ville 2000 requis, volontaires, et parfois leurs familles. Le 7 août, les premiers blindés américains, sous les ordres du Général Patton, se trouvent du côté de Milizac. Les troupes américaines qui amorcent un mouvement de contournement de la ville se retrouvent cloués par des tirs d'artillerie. C'est le début du siège de Brest, qui durera 43 jours.

L'abri Sadi-Carnot est alors le siège de ce qu'il reste des services administratifs de la municipalité. Victor EUSEN est alors le Président de la Délégation Spéciale qui assure la survie des 2 000 Brestois restés dans la cité. La moitié de l'abri (256 mètres) occupée par la population civile (de la place Sadi-Carnot à la rue Amiral-Linois). La partie occupée par les troupes d'occupation s'étendait de la rue Amiral-Linois à la porte Tourville.

Le 3 septembre, le Général Ramcke convoque Monsieur Eusen et lui annonce qu'il se défendra jusqu'au dernier homme dans les fortifications de la ville. Il exige l'évacuation de tous les civils car il a besoin des abris. Mais celle-ci est devenue impossible. Il consent à laisser aux Français une partie de l'abri Sadi-Carnot à condition qu'ils n'en sortent plus. Il accueillait principalement les dirigeants de la Délégation Spéciale, les services municipaux, le service sanitaire, des infirmières de la Croix Rouge, des dirigeants du Secours national, des assistantes sociales, une dizaine de religieuses des Ordres de l'Assomption, de la Providence et du Bon Secours et des membres de la Défense Passive... Du coté allemand, il y avait des soldats de la division Todt et des parachutistes de la compagnie de réserve.


Dans la nuit du 8 au 9 septembre le principal abri souterrain qui joignait la place Sadi Carnot à la porte Tourville de l'Arsenal s'embrasa à la suite de l'explosion d'un dépôt de munitions.

A 2 heures 30 du matin un soldat Todt chargé du groupe électrogène qui alimente l'abri se lève pour le mettre en marche. Suite à une fausse manœuvre un incendie éclate. À proximité se trouvait un groupe électrogène de secours utilisé pour la lumière et tout à côté une réserve assez grande de carburant. Enfin une grande quantité de munitions était entreposée dans l'abri. Ceux qui réagissent rapidement sortent dans les fumées après avoir monté les 154 marches de l' escalier. Un grondement sourd d'une énorme puissance ébranle la voûte. Ceux qui sont au bout du tunnel sont éjectés comme des fétus de paille. Les autres sont coincés contre la grille qui s'est refermée sous le choc ou morts à l'intérieur. Toutes les munitions ont explosé transformant le long tunnel en un véritable canon. Les flammes s'élèvent à 30 mètres au-dessus de l'entrée. 373 Français sont morts, carbonisés d'un seul coup; les pertes allemandes sont estimées entre 500 et 600 hommes.

L'abri Sadi-Carnot est remodelé dans les années 60 pour en faire un abri anti-atomique. On peut voir à l'intérieur de l'abri deux grosses portes blindées ainsi qu'un cénotaphe.

L'abri Sadi Carnot est régulièrement ouvert à la visite pour les scolaires, et occasionnellement pour les adultes. Des bénévoles présentent généralement souvenirs et explications sur ce drame, mais ce ne put être le cas lors des dernières journées du patrimoine.

En 2008, l'abri Sadi-Carnot a fait l'objet d'une mise en valeur architecturale pour lui donner une meilleure visibilité et perpétuer la mémoire du drame qui s'y est déroulé, ainsi que de ce quà été la guerre à Brest. Cet aménagement incluera à terme la mise en oeuvre d'une exposition permanente dans la aprtie basse de l'abri, en complément du travail de mémoire assuré par les bénévoles depuis des années.


Lien

  • Le site de l'association "Brest à l'œuvre" présente actuellement une "visite guidée" (photographies et commentaire historique) de l'abri.'
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