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33è festival européen du film court de Brest (2018)

Croquis exécuté au café du Quartz le mardi 6/11 à 18h50
Croquis exécuté au café du Quartz le mardi 6/11 à 18h55

La trente-troisième édition du festival européen du film court de Brest s'est tenue du 6 au 11 novembre 2018. La plupart des événements ont eu lieu au Quartz mais d'autres séances étaient programmées au multiplexe Liberté, aux Studios, à la salle du Clous de l'UBO et à la médiathèque des Capucins.

L'article qui suit ne restitue évidemment pas de façon exhaustive le contenu de ces six journées de festival.

Mardi 6 novembre

19h30 : Soirée d'ouverture (Grand Théâtre du Quartz)

Le thème retenu cette année pour cette première séance était celui du cadeau : la première partie fut riche en surprises suscitant l'hilarité du public, à commencer par Belle à croquer, le film d'Axel Courtière qui est triplement à l'honneur cette année car, non content d'inaugurer le festival, ce court-métrage français fournit le visuel de l'affiche et fait même l'objet d'une exposition dans le hall situé devant la méridienne du Quartz. Le réalisateur fait montre dans ce film d'une rigueur esthétique qui rappelle les meilleurs travaux de Marc Caro Wikipedia-logo-v2.svg et Jean-Pierre Jeunet Wikipedia-logo-v2.svg ; cerise sur le gâteau, il a pu compter sur la participation de Catherine Deneuve Wikipedia-logo-v2.svg, fidèle à elle-même dans son rôle d'ange des amours impossibles. Les autres films de cette première partie ne dépareillaient pas, excepté Jeunesse des loups-garous de Yann Delattre qui était beaucoup plus conventionnel - mais en général, quand il est annoncé que le film est français et dure plus de vingt minutes, c'est mauvais signe.[1] Parmi les bonnes surprises, signalons aussi Heureux anniversaire, un court-métrage de 1962 réalisé par Pierre Etaix Wikipedia-logo-v2.svg, une redécouverte d'autant plus bienvenue que, comme le rappellent les cartons en introduction, les films de Pierre Etaix sont trop longtemps restés inaccessibles puis ont dû faire l'objet d'un important travail de restauration : on ne peut que se réjouir que ce scandale ait pris fin, tant le public a pu confirmer que l'humour de Pierre Etaix, digne héritier du slapstick américain, n'a rien perdu de sa fraîcheur. Cette première partie s'est conclue avec Sans papier, le clip de la chanson du même nom qui, comme son titre l'indique, évoque la vie de sans-papier qui fut celle du chanteur brestois El Bodoss Watt, lequel a d'ailleurs animé l'entracte dans la méridienne.

L'effet de surprise était déjà moindre dans la seconde partie qui débuta avec Cadoul de Craciun, un film roumain signé Bogdan Muresanu évoquant la vie quotidienne en Roumanie alors que le régime de Nicolae Ceaușescu Wikipedia-logo-v2.svg vivait ces dernières heures : le réalisateur y montre sans fard, à travers le prisme d'une famille de Roumains moyens, qu'une vie "normale" est tout simplement impossible sous une dictature, même quand celle-ci est déjà proche de sa fin ; le "cadeau de Noël" annoncé dans le titre n'est d'ailleurs autre que l'exécution du tyran, décédé le jour de Noël. Le thème de Noël est également central dans Capturing Santa, un film britannique de Peter Cattaneo Wikipedia-logo-v2.svg qui brise un tabou, et non des moindres, celui de la peur du Père Noël que peuvent éprouver certains enfants : la conclusion, quelque peu "politiquement correcte", déçoit presque, mais ça n'enlève rien à la dimension drôlatique et salutaire de ce court-métrage. Par la suite, certaines personnes ont quitté la salle au cours de la projection de A father's day, autre film britannique, dû à Mat Jones : il est vrai que certaines scènes sont assez sanglantes, mais cette histoire où une petite fille et son père, tous deux zombifiés, manifestent autant de tendresse l'un pour l'autre que s'ils étaient encore en vie, parvient à rendre presque touchante la figure du mort-vivant. La soirée s'est terminée en beauté avec la projection de Laissez-moi danser de Valérie Leroy, film pressenti pour le César du meilleur court-métrage.

Mardi 7 novembre

21h30 : Compétition OVNI (Petit Théâtre du Quartz)

Cette compétition traditionnellement consacrée aux productions les plus déroutantes a été ouverte par un chien, plus précisément par une femelle berger australien appelée "Basket" qui était donc censée introduire la séance et interviewer le réalisateur Nic Fforde. Après cette courte introduction volontairement décalée, la projection a donné raison à l'adage populaire suivant lequel les plus courtes sont souvent les meilleures : entre deux films surchargés (Reruns de Rosto) ou lourdement métaphoriques (72% de Luis Quiles), le public a réservé les applaudissements les plus nourris à des productions de six voire trois minutes tels que L'émissaire de l'accélération de la normalisation des choses où le réalisateur Haroun Zelakiev s'affirme comme un digne représentant du sens de l'humour qui fait la réputation de la Belgique, ou encore Ihanat Naiset Rennalla, film finlandais aussi drolatique qu'efficace signé Artttu Hokkanen. Néanmoins, l'assistance a aussi réservé un triomphe au film de Nic Fforde, Ralph Styles Ultra, qui étire sur quinze minutes les clichés machistes véhiculés par les publicités pour cigarettes des années 1960 : le réalisateur, qui avait exposé les raisons de sa passion pour le cinéma, aurait aussi pu dire que ce métier peut donner l'occasion de faire jouer des bêtises à de sublimes jeunes femmes... Mis à part cette petite merveille d'humour britannique, ce cru 2018 de la compétition OVNI laisse une impression plutôt sinistre, à croire qu'il devient difficile de dépasser les inquiétudes que l'on peut éprouver, plus ou moins légitimement, dans le monde actuel.

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