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28 mai 1988 : les skins attaquent Brest

Caricature de Blequin

Retour sur une histoire un peu oubliée aujourd’hui mais qui émut profondément l’opinion publique brestoise à l’époque.

Acte 1 : 1987

En 1987, un certain G.B. (dont le nom ne mérite pas d’être cité en entier), ouvrier de l’Arsenal et militant nationaliste (sans lien de cause à effet) décida d’organiser à Brest un concert programmant des groupes de « Rock anticommuniste Wikipedia-logo-v2.svg » (dénomination euphémique pour désigner le rock d’extrême-droite) comprenant la formation dont il était lui-même le manager et dont les titres ne laissaient aucun doute sur ses partis pris pro-peine de mort et anti-immigration. Ces groupes se sentaient le vent en poupe depuis l’entrée, l’année précédente, de 35 députés lepénistes à l’Assemblée nationale ; mais le concert fut annulé par le maire de l’époque, Georges Kerbrat.

Acte 2 : La manifestation du 18 mai 1988

L’affrontement proprement dit vint l’année suivante dans un contexte où « Brest la rouge » était déjà bien échaudée non seulement par les premiers succès électoraux de l’extrême-droite à l’échelle nationale mais aussi par la nomination, par le conseil régional de Bretagne, d’un élu FN au conseil d’administration du lycée Lanroze : pour protester contre cette désignation, les élèves de l’établissement organisèrent, le 18 mai 1988, une manifestation qui réunit 2.000 lycéens et s’arrêta, d’après le journal Libération, « devant la permanence du Front National que les lycéens ont bombardée de sacs-poubelle, de tomates et de canettes de bière » [1].

Acte 3 : Le "raid" du 22 mai 1988

C’est dans ce contexte de rejet de l’extrême-droite et de ses idées que G.B. fit une nouvelle tentative, d’ailleurs mal préparée, pour organiser un concert de groupes néo-fascistes à Brest puis se heurta à un nouveau refus de la municipalité. Cette annulation fut assez lourde de conséquences, comme le raconte André Hascoët : « Furieux de cette annulation, 150 skinheads, pour certains armés, venus de toute la France et de plusieurs pays européens, débarquent à Brest » le 28 mai 1988 ; les crânes rasés « investissent la ville, commettent plusieurs agressions racistes et parviennent à créer une véritable psychose »[2].

Un événement surévalué ?

Dans les faits, on ne compta que huit blessés, dont certains à Rouen d’où était partie « l’équipée sauvage des crânes rasés » comme l’appela Le Télégramme[3] à sa "une" deux jours plus tard : les termes employés par le quotidien en disent long sur l’émotion et l’indignation que suscita l’événement au sein de l’opinion publique locale malgré un faible nombre de victimes. Sans doute était-ce pour les Brestois, au vu du contexte, la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Le label créé par G.B. a disparu en 1994 : on perd ensuite sa trace.

  1. "A Brest, 2 000 lycéens manifestent contre le Front national", article paru de Libération daté du 19 mai 1988.
  2. André Hascoët, "La musique comme exutoire social, l’exemple du punk-rock à Bellevue dans les années 1980" in Les Cahiers de l’Iroise n°227, Brest, SEBL, 2017
  3. "L'équipée sauvage des crânes rasés", Le Télégramme, 30 mai 1988.
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