Une aventure au jardin d'Edern
Une aventure au jardin d'Edern | |
Un article de : | Journal de Lambé |
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Parution : | Juin 2008 |
N° : | 5 |
Auteur : | Anne du CS de Keredern |
« Il a fallu deux ans et quelques mois pour que s'accomplisse cette aventure ».
Une rencontre
Nous rencontrons Sule au centre social pour la première fois début 2006. Elle est sculpteur. Après une réunion du tout nouveau groupe Ram'dames (créé par le Lieu Accueil Vers l'Emploi - LAVE SATO), Sule visite le jardin d'Edern et offre quelques jours plus tard une maquette en carton et plâtre. Elle fait don d'une œuvre éphémère. « Je peux faire une sculpture pour le quartier....c'est un mélange de bois et de métal. Si vous ne voulez pas ...ce n'est pas grave ».
Le quartier, c'est Kérédern. Méconnu des Brestois, c'est une enclave entre de grands axes routiers, 2500 habitants d'horizons divers et d'histoires singulières. Les difficultés sont toujours nommées, le quartier est souvent stigmatisé. Les énergies, les potentiels sont trop souvent ignorés.
Le centre social et son association Loisirs Ty-An-Holl apportent un appui aux initiatives individuelles ou collectives des habitants. Le CLCV agit pour améliorer la vie du quartier (logements et environnement). Ensemble, ils ont accompagné la naissance du jardin d'Edern en 2005 et 2006. Aujourd'hui porté par de nombreux habitants, le jardin est le poumon du quartier. Propulseur d'idées nouvelles, lieu de rencontres entre générations et de valeurs partagées, il ouvre le champ des possibles.
La rencontre avec Sule, s'est faite là-bas, dans le jardin partagé. En recherche artistique permanente, l'artiste en exil se nourrit des aléas de la vie. Comment trouver son identité entre le pays d'origine, la Turquie et le pays d'accueil, la France ? Elle parle de « désagrégation » et de nouvelle culture.
Le projet
Nul ne sait ce qui les attend. Chacun a besoin de l'autre. L'artiste veut exprimer son art, le quartier veut améliorer son image en valorisant les talents de ses habitants.
Rendez vous à l'hôtel de ville. L'élu chargé de la culture et son service adoptent le projet qui bouscule quelque peu les pratiques. Ce sera une œuvre pérenne. L'artiste percevra une modeste rémunération (via le SATO-INTERIM) et les services de la ville participeront à la réalisation.
La « Caisse à clous » ouvre généreusement les portes de son atelier et apporte un précieux soutien pour la conception de l'œuvre. Le contrat urbain de cohésion sociale accorde spontanément sa confiance à ces partenaires inédits.
La réalisation
Décembre 2007, nouveau projet, tout s'organise enfin. Sule propose une œuvre plus simple, plus dépouillée, moins risquée. Elle poursuit sa réflexion sur l'exil, le Seb-î-Arus. Mourir et renaître, trouver sa voie en respectant l'autre autant que soi. Est-ce un appel à respecter les différences, les cultures, l'humanité ?
L'étape de fabrication est magique. Quatre mois de liens quotidiens, de valeurs partagées dans le travail et la parole, échanges de savoir-faire entre les anciens ouvriers de la sous-traitance et une artiste qui exprime enfin la longue maturation de sa pensée à travers son art. De la lime au laser, de la tronçonneuse au ciseau à bois, mélange des techniques. Travail à la main, sensible, utilisation de l'outil, rapide, appel à la technologie, précise, les savoir-faire se concurrencent et se complètent.
Dernières retouches, le bois se mêle toujours plus au métal à moins que ce ne soit l'inverse. Aujourd'hui, c'est l'appréhension de l'exposition. Risque de l'abstrait. Risque de l'inattendu. L'artiste prend le risque de s'exposer aux autres, de dire le mélange qui la façonne. Après l'atelier le quartier, la vie de l'œuvre commence, une nouvelle page s'écrit. "Un tableau ne vit que par celui qui le regarde » dit Pablo Picasso.
Souhaitons que d'autres projets personnels ou collectifs s'enchaînent dans le sillon de cette aventure improbable ».
Anne, agent de développement centre social de Keredern
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