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Théâtre d'hier à aujourd'hui à Saint-Pierre

Théâtre d'hier à aujourd'hui à Saint-Pierre
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Un article de : Mémoire de St-Pierre
Parution : janvier 1997
N° : 88
Auteur : Marie Thérèse Alégoët



Le théâtre est l'expression de la comédie dramatique ou comique, qui excite l'émotion ou le rire, par la peinture gestuelle et orale des mœurs, des ridicules ou la succession de situations inattendues (Le Larousse). Jouer la comédie c'est feindre des sentiments que l'on n'a pas soi-même, mais présenter avec art les nobles sentiments, l'hypocrisie ou la méchanceté de la vie courante.

Depuis des siècles, l'homme a toujours été friand de spectacle. Excluant les jeux féroces des arènes romaines, les troupes jouant sur les parvis des cathédrales au Moyen Age, les baladins avec leurs roulottes sur les routes et s'arrêtant sur les places publiques, ont connu de grands succès près des foules. Les écrivains de grand siècle ont ravi les rois et les courtisans par l'interprétation de leurs écrits et sous la révolution et l'empire, les pamphlétistes chantants ou récitants régalaient les badauds des rues.

Plus près de nous, l'éloignement et le manque de communications aisées ne permettaient pas aux habitants hors des villes de profiter du théâtre. Dans nos bourgs et villages, des troupes se sont formées, pour distraire leurs concitoyens en leur offrant des reconstitutions de tous genre, les dimanches en matinées.

En dehors des fêtes municipales ou officielles, la vie gravitait autour des paroisses, et les prêtres furent les investigateurs des rassemblements avec des conférences, musique, sport et théâtre. Ce n'était pas l'opéra, ni les salles des boulevards parisiens... ce n'était qu'une modeste construction longiligne (la maison de quartier de ce temps) qui recevait les spectateurs. Les bénévoles se retrouvaient dans cette salle du patronage pour fabriquer les décors avec des charpentes de bois taillées, préparées, découpées selon le thème présenté : intérieurs standards, aménagés en intérieurs ou commerces complétés par les accessoires qui convenaient. Pour les scènes d'extérieur, les acteurs évoluaient entre des arbres, des arbustes fleuris, peints comme les précédents sur des toiles fortes tendues sur l'armature. Les toiles du fond se changeaient avec le reste du décor, mais étaient conformes à l'ensemble.

Nos grands anciens ont donc commencé à se "produire" sur les planches en 1907. Les programmes de l'époque (conservés avec soin par certaines familles) proposaient aux spectateurs des œuvres de tout genre : dramatiques tirées d'événements réels, aménagés pour les circonstances, saynètes amusantes où les travers du tout commun faisaient rire la salle qui appréciait comme il se doit, les acteurs connus de tous. Les thèmes présentés au cours de l'année remémoraient les émotions de l'histoire de Bretagne, de la révolution, des conquêtes militaires et jusqu'en 1915, le conflit commencé depuis un an : la vie du soldat dans les tranchées.

Les séances reprirent fin 1919, toujours avec les souvenirs de guerre. C'est à cette époque aussi que les anciennes élèves de l'école des sœurs se joignirent, par alternance, à la troupe masculine. Leurs programmes étaient différents et émaillés de duos, chants, monologues. La séance se terminait par un jeu scénique : l'apothéose. Les tarifs ? une séance dite exceptionnelle valait 0,50 F et il fallait réserver sa place. En temps normal : les premières 0,25 F, les secondes 0,15 F et les enfants 0,10 F. Sur les programmes joliment décorés, l'on pouvait lire :

  • défense de fumer dans la salle
  • les enfants resteront près de leurs parents
  • à 20 h 30 le samedi soir on ne laissera plus entrer personne
  • les cartes d'entrée peuvent se retirer chez Madame Deudé (l'épicière) ou Madame Corolleur-Rolland.

Les religieuses de l'école Saint-Joseph (devenue St-Vincent) offraient, chaque mois de mars, une palette très variée de chants, saynètes interprétées par les enfants déguisés. Les répétitions débutaient dès la rentrée de janvier pour parfaire la représentation, qui ne se passait pas toujours très bien. Malgré leur fierté de paraître, certains petits impressionnés par les feux de la rampe et la pénombre de la salle, fondaient en larmes, et la solidarité aidant, une partie des "acteurs" suivaient l'exemple. La sortie en bousculade amusait les spectateurs émus et désolés, partageant l'émotion de leur progéniture. Les "grands et les anciennes" terminaient la soirée par des ballets colorés, présentant des scènes et coutumes d'autrefois des pays lointains ou de Bretagne.

Le dimanche après Pâques, les dames de la chorale interprétaient aussi un choix de sujets sociaux ou familiaux, et ce jour-là des choeurs à quatre voix, en breton ou en français, clôturaient la séance. En février 1939, l'incendie du patro mit fin à tout ce déploiement artistique. La guerre et l'après guerre n'ont pas incité la reprise de ces activités. Mais en 1952, Mesdemoiselles Angelina Cloastre et A. Drogou ont pris en main la formation de la nouvelle génération, digne descendante des anciens. Pleins d'entrain pour reprendre le flambeau, les "jeunes" ont de nouveau enchanté d'autres générations de spectateurs et comme les baladins d'autrefois, ont sillonné le Finistère pour le plaisir de tous ceux qui venaient les applaudir (le fameux cercle Kerber).

Actuellement, c'est encore avec joie que nous pouvons retrouver leur groupe de chants lors des réunions des anciens puisque depuis 1996, ils en font partie. Le temps passe vite. Les écoles, collèges, maisons de quartier, aident les jeunes pour la relève. C'est une excellente formation de discipline de soi, de tenue, diction et contact au public.

Alors, continuez à former le relais pour le bien et le meilleur de l'art du spectacle pour l'évolution épanouie de la jeunesse d'aujourd'hui.

M.T. A.

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