Robert Joubin
Robert Joubin (1924-1982) est un artiste, chanteur et poète brestois.
Sommaire
Biographie
Robert Joubin est né le 4 février 1924. Après des études interrompues par la guerre il s'essaie sans passion à de petits boulots; c'est que, déjà très jeune, il avait envie de faire de la chanson son métier. À la demande insistante de son père, il exerce la profession d'agent d'assurance. Mais déjà était née la troupe théâtrale des Comédiens chantants qu'il créa en 1952 et anima avec quelques comparses durant une quinzaine d'années; c'est à cette époque qu'il écrivit probablement un pastiche sur l'air de "Mon amant de Saint Jean", "La bernique et le turbot", et que sa passion pour la chanson prit son essor.
De son mariage avec Simone en 1951 naîtront sept enfants. Durant l'année 1969 il se sépare de tous ses biens pour créer une auberge-cabaret afin d'aller au terme de son rêve. L'enjeu est d'ampleur, mais le couple décide de faire le grand saut en achetant et en restaurant à Guilers un manoir du XVe siècle, jadis relais de poste sur le chemin des diligences Recouvrance-St-Renan. Le domaine est alors baptisé l'auberge Ar Stivel (l'auberge de la source jaillissante), en référence au Styvel, le nom de son lieudit. La convivialité y est de mise : " Robert nous accueillait toujours les bras grands ouverts avec un sourire chaleureux comme si nous étions tous ses amis, ce que nous devenions d'ailleurs très rapidement ", se rappellent plusieurs de ses anciens clients. La cheminée était la pièce maîtresse du lieu. De grandes dalles d'ardoise au sol et des chandeliers sur les tables donnaient à ce cadre authentique chaleur et intimité. Robert interprétait durant les dîners-concerts "Fanny de Laninon" de Pierre Mac Orlan, "Barbara" de Jacques Prévert, "La complainte de Jean Quéméneur" d'Henri Ansquer ou encore "Le petit Pont Gueydon", dont il signa les paroles sur une mélodie de Luc D'Authier; autant de chansons attachées au folklore et au patrimoine culturel brestois. Mais les chants de marins et l'ensemble du répertoire de tradition bretonne, française et de terres plus lointaines trouvaient aussi leur place dans le programme des soirées.
De nombreux artistes ont débuté leur carrière dans ce paradis musical ouvert à tous : Kristen Noguès 
, Hubert Félix Thiéfaine , Alan Stivell , Gilles Servat ... ou encore l'humoriste Job Larigou . Yvon Etienne a accompagné Robert Joubin dans cette entreprise de promotion des artistes. "Malheureusement la comptabilité était totalement étrangère à notre père, confie l'un de ses enfants, et il voulait rendre les gens heureux tant et si bien qu'il offrait à boire et à manger inconsidérément. Le Stivel a donc été un feu de paille, paille sur laquelle sa famille a vécu par la suite ".
Période musicale
Après cette expérience de cinq années, Robert commence une vie de saltimbanque en chantant à travers la France et parfois par-delà les frontières. Il enregistre un disque de textes dont il est l'auteur, En suivant le tram... (1976, éditions Gelarmor).
Robert a longtemps chanté en duo avec le guitariste Philippe VANDEN mais tous deux décident, à l'automne 1978, de se renforcer musicalement; de leur rencontre avec Didier VAUDENE (contrebasse) et Jean-Michel DEUDON (accordéon, guitare et violon) naîtra le groupe YVERDALGUE. Un disque consacre cette union et immortalise leur répertoire en 1979: Chansons et textes du vieux Brest et chansons de la mer par Yverdalgue aux éditions Pluriel.
Dans les années 1980, Robert Joubin est accompagné par Pierre Lassale au synthétiseur et Serge Givaja, à la guitare et à l'accordéon. Pendant quelques mois, jusqu'en juillet 1981, le groupe participe à de nombreux événements musicaux: festival médiéval de Chinon , d' Angers , concert aux Boucaniers, une crêperie située au centre ville du Conquet et dont Robert est l'habitué... Mais il retourne bien souvent à son port d'attache, Brest, où il se produit dans divers cabarets, tels Le Paris, place Sanquer, ou L'Estocade à Recouvrance, au côté de Jean Dussoleil, Claude Le Roux, Jean-Michel Caradec ou François Budet.
Deux anecdotes :
1/ Au festival de Chinon, l'organisation voyait d'un très mauvais œil la présence d'un synthétiseur (musique médiévale oblige). Pierre Lassale ne pouvait donc pas jouer, ce qui lui a peut-être permis d'écouter Cora Vaucaire qui avait été invitée lors de ce festival.
2/ Robert Joubin était chanteur et poète avant tout et ne faisait pas de politique; cependant en 1981, un mois avant le fameux 10 mai, jour de l'élection de François Mitterrand, l'effervescence était à son comble et Robert mena ses musiciens à Morlaix à la fête du Parti Communiste, fête au plein sens du terme car le changement tant espéré était proche. Mais deux jours plus tard, l'ambiance fut tout autre: le groupe joua au restaurant Le Vauban à Brest devant un parterre de chefs d'entreprise de la région très moroses, qui craignaient l'arrivée de l'union de la gauche. À la sono se tenait pourtant un représentant de la CGT, surpris de voir son patron face à lui. La situation était d'autant plus cocasse que l'atmosphère contrastait totalement avec celle de Morlaix.
L'auteur
Amoureux de sa ville, Robert publie en 1968 aux éditions BP En suivant le tram, un recueil de poèmes illustré par Pierre Péron qui nous entraîne dans le Brest de sa jeunesse, celui d'avant la guerre; une ville joyeuse, vivante et animée, jeune, fleurie et parfumée, sensible à l'effervescence du Front populaire et des congés payés.
Ainsi Le Petit Train Patate nous transporte du port de Brest aux villes du bord de mer:
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Lorsque je te revis, toi Brest de mon enfance, |
D'autres musiciens ont accompagné Robert Joubin jusqu'en 1982. L'un de ses fils, prénommé Robert lui aussi, est acteur et metteur en scène et perpétue les dons artistiques de la famille.
Après une vie remplie de belles expériences, Robert Joubin disparaît le 10 juillet 1982 à l'âge de 58 ans, terrassé par une crise cardiaque. Inhumé au cimetière de Recouvrance, il repose dans la terre des Yannicks, ces habitants du quartier qu'il a tant célébrés dans ses chants et laisse à tous un souvenir empreint de sourires, de joie, de sensibilité. La commune de Guilers qui abrita son cabaret possède un centre culturel Robert Joubin et, par une décision municipale du 25 février 1983, une rue du quartier de La Cavale Blanche à Brest porte son nom.
Discographie
- Contes d'Hervé Genthou dits par Robert Joubin sur une musique originale de Georges Barthole Éditions Iroise (1962)
- Robert Joubin chante le pays celte, accompagné par Kristen Noguès Éditions Gelarmor (1974)
- Robert Joubin, En suivant le tram... Textes poétiques lus par l'auteur Éditions Gelarmor (1976)
- Chansons et textes du vieux Brest et chansons de la mer par le Groupe Yverdalgue Éditions Pluriel (1979)
- Brest En chansons d'hier et d'aujourd'hui Anthologie, piste 3 Robert Joubin: "Le Général Cessou", Éditions Pluriel (1991)
Bibliographie
Robert Joubin, En suivant le tram... Recueil poétique Illustrations de Pierre Péron, Éditions BP La Forest-Landerneau (1968)
