Petit Jardin
Un retour dans le passé : avant et après la guerre 39-45 les jeunes n’allaient pas en boite mais au bal.
Aussi, sur la rive droite, les salles de danse étaient-elles nombreuses, la plus connue avant et après guerre étant “le petit jardin” dans la côte du “grand duc”. Mais arrivé le mois de Mai, direction Sainte-Anne du Portzic. Là, chacun avait ses préférences, sur le plateau du Cosquer le choix entre “Le Lann” et “Mestrius”, ou, descente vers la plage chez Fichou ou Sommier. Entre la valse, le tango ou la rumba, une promenade au “Bois d’Amour” cueillir les bouquets de lait (attention, la Pointe du Diable n’est pas loin ). Parfois, quelques heurts pour la conquête d’une belle, entre civils et militaires, mais dans l’ensemble cela se passait bien et la police n’intervenait que rarement. Le retour se faisait, soit à pieds, soit en car, un service étant assuré entre la Porte du Conquet et Sainte-Anne.
Sans cesse évoqué de tous les vieux Brestois, le Petit Jardin situé dans l’actuelle rue de la Porte, était une salle plus « chic » : porter la cravate était obligatoire, et le patron surveillait d’ailleurs à la porte la bonne tenue des arrivants : tout le monde se souvient des dimensions spacieuses de la salle et de son superbe plancher qui augmentait le plaisir de la danse ; les jeunes filles attendaient assises sur des bancs disposés tout autour de la salle d’être invitées pour une valse, un tango, un slow ou une marche qui étaient les danses les plus répandues ; une bonne partie était accompagnée par leurs mères qui exerçaient une surveillance plus ou moins discrète…
Le Petit Jardin fut dans un premier temps fréquenté avant tout par les gens de St Pierre, puis vers 1950 arrivèrent de nombreux marins ; curieusement les premiers se détournèrent alors en partie du lieu pour rejoindre le Foyer du marin – alors majoritairement fréquenté par des civils.
Le patron du petit jardin dans les années 50 s'appelait Monsieur Guillermit c'était un homme d'allure imposante, devant le bar étaient disposées des tables pour les consommateurs ; Madame Morvan familièrement appelée "nonor" était certainement l'une des plus anciennes serveuses et était appréciée par sa gentillesse.
Avant les bals sur le sol était répandue de la cire en petits copeaux pour améliorer la glisse, parfois la majorité des danseurs s'arrêtaient pour laisser de l'espace à quelques couples particulièrement douées qui faisaient une démonstration de leur talent, (ces brillants danseurs sont à ce jour de 2009 octogénaires ou sur le point de le devenir).