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De Wiki-Brest

Océanopolis, retour à la mer pour les phoques échoués

Un jeune phoque échoué lors des tempêtes de l'hiver et soigné à Océanopolis (Brest)

Retour à la mer pour les phoques échoués soignés à Océanopolis

Le soleil s'était invité ce 11 avril 2018 sur la côte de Trézien (commune de Plouarzel), près de l'Île Ségal, pour deux jeunes phoques, accompagnés de leurs soigneurs et d'une cinquantaine d'abonnés d'Océanopolis, invités à faire le voyage en car pour assister à l'opération. Beaucoup de jeunes enfants avec leurs parents, quelques anciens et des passionnés de nature constituaient le gros de la troupe. N° 8 et n° 10, installés dans une caisse pour le transport en fourgon ont été convoyés par l'équipe du Centre de soins d'Océanopolis. Une fois transportés sur la plage, après quelques mises en garde concernant la sécurité, les deux caisses sont ouvertes. Nos deux rescapés pointent le bout de leurs moustaches, les yeux grands ouverts qui regardent dans tous les sens. Ils commencent par se diriger vers les vagues qui déferlent du côté ouest, mais se ravisent et font demi-tour. Raté ! Il faudra un peu de patience et de persuasion de la part des soigneurs pour leur indiquer gentiment à l'aide des couvercles des caisses la bonne direction à prendre. Ouf ! Ils s'approchent enfin de la mer et se mettent à nager, plonger, faisant même une ou deux cabrioles devant le public. Ils vont rester ainsi plusieurs dizaines de minutes, disparaissant dans les vagues, réapparaissant à la surface, avant de s'éloigner définitivement de la côte. En route pour l'aventure de la vie !

Des jeunes phoques échoués

Ces jeunes phoques gris, un mâle (gris foncé) et une femelle (de couleur plus claire), ont été recueillis lors des tempêtes de l'hiver sur la côte nord du Finistère. Maigres et affaiblis, ils pesaient alors de 11 à 17 kg. Après leur passage à la « Clinique des phoques » d'Océanopolis, ils pèsent aujourd'hui 37 kg.

Ces animaux naissent en général à la fin de l'automne ou au début de l'hiver. A leur naissance en novembre-décembre, ils pèsent déjà 15 kg. Après le sevrage qui dure 3 semaines, ils prennent 30 kg pour atteindre 45 kg. Le problème de cette espèce provient du fait que la mère abandonne son petit à cette époque où la ressource n'est pas très importante.

Contrairement au dauphin qui élève son petit, la femelle du phoque gris le laisse se débrouiller seul à la fin de l'allaitement et ne lui apprend pas à chasser. Il a donc beaucoup de mal à se nourrir, vit sur ses réserves et s'amaigrit. Des problèmes de santé apparaissent (difficultés respiratoires et problèmes parasitaires). Il est souvent blessé (coupures dûes par exemple aux chocs avec des conteneurs tombés à la mer). La zone de récupération de phoques échoués peut aller du Mont Saint-Michel au Pays basque.

Des soins adaptés

Selon leur état, les jeunes phoques reçoivent des soins appropriés :

  • Pour tous, nourrissage consistant dans un premier temps à gaver l'animal de bouillie de poisson, puis de poisson entier avant qu'il n'accepte de saisir lui-même sa nourriture.
  • S'il a des infections, on lui administre un traitement d'antibiotiques.
  • S'il présente des plaies, celles-ci seront régulièrement désinfectées.

Chaque phoque est isolé dans un box à sec pendant une durée de deux à trois mois avant qu'il soit apte à retrouver son élément naturel.

Un suivi et des observations

Chaque phoque relâché est équipé d'une bague comportant un numéro, fixé dans la palmure (le phoque N° 8 a une bague orange portant le n° 295). Un numéro est « tatoué » en grand par décoloration de son pelage ; il sera visible pendant environ une année avant la prochaine mue, ce qui permet une observation visuelle de loin. Les phoques relâchés peuvent être retrouvés à Ouessant ou Molène, mais le plus souvent, ils retournent vers leur zone d'origine, dans les colonies brittaniques, en Cornouailles anglaises, dans le Devon, au Pays de Galles voire en Irlande.

Plus de 600 phoques soignés depuis 1989

Depuis 1989, Océanopolis recueille et soigne les jeunes phoques échoués signalés blessés ou malades. En près de 30 ans, ce sont donc 622 animaux qui sont passés par la « clinique vétérinaire » de Brest. L'équipe « mammifères marins » d'Océanopolis, dirigée par Sami Hassani, responsable scientifique, compte 5 personnes. Depuis novembre 2016, la formule a évolué : une association a été créée pour gérer cette activité. L’association Centre de soins et de conservation de la faune aquatique de Bretagne regroupe, outre l'équipe d'Océanopolis, des partenaires de longue date : la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), Bretagne Vivante (SEPNB) et le Groupe Mammalogique Breton (GMB). L'objectif est de faire fonctionner le centre de soins avec des bénévoles et des intervenants ponctuels en soutien à l'équipe d'Océanopolis et de devenir également un centre de transit pour les oiseaux marins avant leur transfert au Centre de sauvegarde de l'Île Grande (Pleumeur-Bodou, Côtes d'Armor). Cette association doit permettre également de trouver de nouveaux financements, en particulier, par le mécénat.

Une opération riche en connaissances recueillies

Si seulement quelques centaines de phoques vivent en France (600 individus et jusqu'à 200 en Mer d'Iroise), contrairement au Royaume Uni où on en comptabilise plusieurs centaines de milliers, cette opération n'a pas pour but de conserver et de repeupler les colonies locales. En effet, les soins permettent de recenser les maladies dont les phoques peuvent être porteurs et de connaître leur impact possible sur l'homme (suivi sanitaire). Une banque d'échantillons sanguins est constituée dans ce but. D'autre part, des analyses génétiques sont menées en parallèle par plusieurs équipes de chercheurs.

Le phoque gris

L'équipe d'Océanopolis dirigée par Sami Hassani
Mammifère marin de la famille des pinnipèdes, il peut vivre de 25 à 30 ans. Sa taille peut atteindre 2,50 m et son poids de 250 à 300 kg pour le mâle adulte et de 150 à 180 kg pour la femelle. Son régime alimentaire varie selon les zones où il vit : congre, vieille et tacaud sont au menu en Bretagne et lançons ou poissons plats sont préférés au Royaume Uni. Il chasse la nuit et ce sont ses moustaches qui détectent les vibrations de ses proies et qui le guident sous l'eau. Il peut y rester 20 minutes en apnée pour des plongées pouvant atteindre 200 mètres. Le phoque n'a pas de prédateur connu ; cependant, il peut être la proie de requins-taupes ou d'orques.

Signaler des phoques à Océanopolis

Pour les particuliers qui auraient à signaler des jeunes phoques, un numéro à composer : le 02 98 34 40 51 (PC sécurité d'Océanopolis, joignable 24h/24h).

Attention : Tous les phoques que l'on peut observer sur la plage ne sont pas en difficulté. Ces animaux ont besoin de temps en temps de se reposer au sec et n’ont donc pas besoin d’être secourus. Ne pas essayer de les approcher, ce sont des animaux sauvages. Ils peuvent mordre et leurs dents acérées pourraient sectionner un doigt !

Soigner des phoques à Océanopolis

Pour devenir bénévole, il faut d'abord adhérer à l'une des associations : Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), Bretagne Vivante (SEPNB) ou Groupe Mammalogique Breton (GMB). La formation est assurée par les scientifiques du Centre de soins d'Océanopolis.

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