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Mutuelles et bordeaux

Mutuelles et bordeaux
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Un article de : Mémoire de St-Pierre
Parution : janvier 2002
Auteur : Jean.Pierre Madec


Quand les mutuelles remboursaient le Bordeaux

Dans l'Echo de Saint-Pierre n°25 a été évoquée la création en 1858 de la "Société de bienfaisance et de secours mutuel de St-Pierre Quilbignon", le contexte de l'époque et les objectifs que se donnaient ses créateurs.

Conventions Mutuelles, Pharmaciens, Médecins

Nous étions au début de la mise en place d'un système de protection sociale et déjà existaient des mécanismes annonçant ceux d'aujourd'hui.

Ainsi en est-il des conventions signées par la Mutuelle avec les pharmaciens (1913) et les médecins (1917) qui précisaient le cadre dans lequel les professionnels de santé exerçaient leurs pratiques en direction des adhérents mutualistes.

La Mutuelle forte d'une centaine d'adhérents n'était pas riche et ne pouvant pas couvrir toutes les dépenses maladie des adhérents, des choix étaient nécessaires.

Déjà, les statuts d'origine (1859) l'annonçaient dans le cadre des dépenses pharmaceutiques, «il ne pourra être délivré sur la même ordonnance et par journée de maladie plus de : 15 grammes de feuilles ou fleurs pour tisane, 30 grammes de racines, 60 grammes de sirop, 250 grammes de sucre, des sangsues lorsque la gravité de la maladie le permettra. L'usage des médicaments de luxe était formellement interdit, les médecins devront même les exclure de leurs ordonnances».

Mutuelles de Saint-Pierre, Brest, Saint-Marc, Lambézellec

Lorsque la Mutuelle de St-Pierre (avec celles de Brest, St Marc et Lambézellec) est signataire d'une convention en 1913 avec le syndicat des pharmaciens, le paysage de la protection sociale s'est étoffé.

Une liste d'environ 2 000 articles de pharmacie remboursés par la mutuelle sert de référence. Seuls les pharmaciens signataires sont habilité, à délivrer les médicaments, dans les conditions prévues aux adhérents mutualistes et quatre d'entre eux exercent sur la commune.

Pour les vins médicaux, le Bordeaux seul ...

Six mois plus tard les partenaires apportent un additif au texte de cette convention. Il précise notamment que «sont aussi considérés comme remboursables les eaux minérales 1es bandages, appareils d'orthopédie ou d'hygiène, bassin de lit, biberette en porcelaine, eau de cologne, eau dentifrice, lunettes pour fumées. Pour les vins médicaux, celui de Bordeaux, seul, sera délivré et la dose quotidienne ne devra pas 80 grammes. Les vins de Malaga, Grenache ou analogues, ne pourront être délivrés qu'autant qu'ils entreront dans la composition des potions».

Cette rédaction est toujours présente dans les conventions de 1927 et 1934. Survivance de pratiques médicales très anciennes, action forte des lobbys de la viticulture et notamment celui du vin de Bordeaux, dont les campagnes publicitaires ventaient les vertus thérapeutiques en sont à l'origine, face à un monde médical de plus en plus sceptique sur ces affirmations.

Le dictionnaire pharmaceutique Vidal, à la fin du 19ème siècle donnait d'ailleurs une liste de vins fortifiants et régénérateurs.

Les campagnes contre l'alcoolisme, la guerre 39/45 et ses restrictions, une évolution du discours médical feront disparaître cette prise en charge qui parfois a dû bien égayer la prise de médicament par le malade.

Il est évident que si chaque région viticole avait pu, comme à l'instar des stations thermales proposer telles cuvées pour telles maladies, cela aurait changé beaucoup de choses.

Pour les pharmaciens aussi qui, dans leur action contre l'introduction de la parapharmacie dans les «grandes surfaces commerciales», auraient pu menacer de leur côté de faire des foires aux vins. Mais il en aura été autrement car d'une part l'action des mutuelles s'inscrivait aussi dans une lutte contre un des fléaux de l'époque, l'alcoolisme, et d'autre part l'action conjuguée des mutuelles et des professions de santé était de lutter contre des formes de charlatanisme.

Une seule constante l'équilibre financier

La Mutuelle de St-Pierre s'est éteinte, plus que centenaire, il y a quelques décennies. Ironie de l'histoire, les mutuelles d'aujourd'hui, la Sécurité Sociale, le Ministère de la Santé en sont souvent à se questionner sur l'utilité de rembourser tel ou tel médicament reconnu dont la valeur thérapeutique est remise en question.

Ce destin du vin en pharmacologie n'est pas unique. Une seule constante demeure au fil du temps : la recherche de l'équilibre des comptes des organismes de protection sociale.


J.P. Madec


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