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Monsieur C., menuisier, califugeur

Rencontre avec Monsieur C., menuisier, califugeur à la maison de retraite Louise Le Roux. Entretien réalisé par Léna Madec et Matthieu Colin.



Vous avez exercé quel métier ?

Moi j'ai commencé la menuiserie à Châteauneuf. J'étais à l'atelier pour faire des chaises, des portes, des escaliers, tout pour faire l'intérieur. On faisait un peu de tout, charpentes... C'est quand j'ai eu mon CAP que je suis venu à Brest, ça c'était en apprentissage. Et ici j'étais charpentier couvreur.


Et vous avez commencé à travailler, après l'apprentissage, à quel âge ?

Ben tout de suite je suis venu ici à 18 ans. Aussitôt que j'ai eu mon CAP, j'ai quitté Châteauneuf.


Et donc vous avez trouvé du travail à Brest ?

Oui parce que là-bas c'était pas la peine de rester pour moi. Tous les jeunes d'ailleurs, beaucoup qui allaient sur Paris et vu que le car nous amenait ici, à Brest, pour faire la navette c'était plus facile, pour moi quoi, parce qu'on était une famille nombreuse. Après ici on a commencé le coffrage de retour, apprendre la menuiserie, la pose des fenêtres...


Vous avez fait ce métier-là toute votre vie ou vous avez changé ?

Là je suis parti après quand j'ai perdu mon œil sur la charpente, je suis parti dans le califugeage sur les bateaux. J'ai commencé sur le Redoutable à l'Ile Longue.


Est-ce que vous voyez une différence entre le métier tel que vous l'avez connu et tel qu'il est maintenant ?

Oh la la, pas du pareil ! Là tout était manuel ! Maintenant il y a des grues, des toupies, le béton vient sur place. Et nous autres c'était la pelle et puis la bétonnière et les grues pour monter les bennes pour faire tous les chantiers. Il y avait le coffrage, le ferraillage. Maintenant tout vient presque sur place, il n'y a que les sous-bassement à faire laver les chaises pour faire les fondations, c'était comme ça avant.


Est-ce que vous avez eu des apprentis, des gens à qui vous avez transmis votre métier ?

On travaillait en équipe. J'ai eu jusqu'à 20 bonhommes sous ma coupe. Je travaillais ici au Petit Paris, dans le bâtiment. Je m'occupais de tout le bâtiment de la fondation jusqu'à la toiture. La pose des fenêtres on a fait, à Pen ar Créac'h, la pose et tout ça...


Et vous avez appris votre métier à des jeunes en apprentissage ? Vous avez eu des apprentis dans vos équipes ?

Non parce qu'ils venaient de l'atelier qui était ici, c'était chez Salou, l'entreprise. C'est de là qu'ils sont venus. Je n'ai eu que des ouvriers et des manœuvres sous ma coupe.


Est-ce que c'était, quand vous étiez menuisier, un métier valorisant ?

Ah oui, ah oui. Parce que moi j'ai posé les parquets tout ça. A genoux toute la journée, c'était pas de la rigolade.


Et est-ce que vous pourriez nous donner une journée type ? A quelle heure vous commenciez, à quelle heure vous terminiez...

A cette époque on faisait souvent 9 heures par jour.


Ça dépendait aussi du temps qu'il faisait ?

Il n'y avait pas beaucoup d'intempéries hein... On trouvait toujours, à l'abri, quelque chose une fois que le bâtiment était commencé il y avait toujours un étage pour faire le décoffrage pour préparer le coffrage de retour, pour faire les jambages des fenêtres, les linteaux, tout ça quoi. Tout ça c'était fait sur place.


Tout était fait à la main et sur place ?

Le ferraillage et tout ça c'était fait, découpé et croché et ça dépendait des soubassements comme les poteaux. Une fois qu'on était arrivé à une certaine hauteur, il y avait la traite des bois à faire aussi. Chaque maison avait sa cote parce que la cote zéro était ici à l'Arsenal en bas, à ce moment-là c'était le pont tournant, maintenant c'est le pont levant, le point zéro est là jusqu'à la place de Strasbourg. Il y a des cotes à respecter.


Vous faisiez des fenêtres, la charpente, les escaliers, tout ce qui pouvait être en bois dans la maison ?

Tout ! Des fondations jusqu'aux coquets. À ce moment là, il y avait des coquets encore. Là c'était pas comme maintenant, c'était tout maçonnerie C'est la même entreprise qui faisait tout. Aujourd'hui c'est du Placoplatre et du polystyrène qui vient beaucoup quoi ! Une fois que le premier plancher est fait, ils viennent là et ils mettent ça en place. Tout ça c'était manuel ! Les grues, le béton roulait sur les dalles...


C'était beaucoup plus physique ?

Oui. Quand je vois ça maintenant... Qu'est-ce qu'on a trimé nous autres à côté ! Les sacs de ciment sur le dos, « aïe ouille », à envoyer à côté de la bétonnière.


Vous avez une idée de nombre de maisons que vous avez réalisé ?

Oh la la ! Ici à Brest ? Place de Strasbourg, Saint-Marc, Lambé, au centre ville même, et des bâtiments à Recouvrance en bas aussi, Saint-Pierre.


Vous avez travaillé pour de gros chantiers, des bâtiments administratifs ?

Oui les bâtiments quand on descend sur Quimper, les bâtiments à droite, toutes les verrières, j'étais spécialisé là-dedans. J'avais un compagnon avec moi et après il est parti en ville, dans les jardinages. Et moi je suis parti dans le califugeage à ce moment-là, à l'Ile Longue et dans les bateaux de surface aussi, dans les machines pour faire le califugeage à la mousse "enolic". C'était l'entreprise "Isotherma", une boîte privée sur les bâtiments de surface.

Sur la Jeanne que j'ai été aussi même, pour travailler ; sur beaucoup de bateaux... Ils sont partis tous de là après. Et maintenant tout est parti à Toulon.


Qu'est-ce que vous avez fait sur la Jeanne ?

Le califugeage aussi. J'ai aussi travaillé sur le Clémenceau, sur le Foch, le Henri Point-Carré.


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