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Mireille Cann, fondatrice de Vivre la Rue

Interview de Mireille Cann fondatrice de l'association brestoise Vivre La Rue, publiée initialement dans le magazine Brest-Ouvert.Net depuis avril 2003.

Mireille dont beaucoup disent d'elle qu'elle se bat pour que les choses bougent, qu'elle agit en citoyenne responsable, qu'elle est un ciment social indispensable. Sans elle, la rue saint Malo ne serait plus qu'un vague souvenir d'un Brest révolu.


Mireille Cann, photo de Randrianasolo

Mireille, Quelle est l'histoire de la rue Saint Malo ?

Le 1er tracé qu'on peut voir c'est 1694 le premier plan où on voit qu'elle existe déjà, elle est peut-être plus ancienne mais c'est la première trace, ensuite là où vraiment elle s'est construite et on commence à avoir une idée de ce lieu, quand Choquet de Lindu a fait les plans du Refuge Royal.

Le Refuge Royal c'est un grand bâtiment qui était à l'emplacement de ce mur qui sépare aujourd'hui la rue Saint-Malo de la Cours de la Madeleine : il s'agissait d'enfermer les nombreuses femmes débauchées qui arrivaient sur Brest. Il y avait des brestoises, mais aussi des femmes qui arrivaient d'un peu partout comme les ouvriers qui venaient construire ce grand port. C'était, le XVIIIème, la Royale, l'arsenal.

Il fallait les enfermer car c'était contraire aux bonnes mœurs. Les femmes seules, rejetées par leurs familles choisissaient la prostitution pour ne pas mourir de faim tout simplement. Ces femmes-là, on les enfermait dans ce refuge royal, c'était Louis XIV lui même qui l'avait décidé.

C'était une prison ?

Effectivement, parce qu'en entrant, elles étaient marquées au fer rouge de la fleur de lys, "fleurdelisées". Elles étaient battues, fouettées et ensuite elles étaient utilisées pour tanner les voiles pour la Royale

C'était cruel ?

Très, de plus, certaines de ces femmes étaient là parce que leurs familles voulaient se débarrasser d'elles estimant qu'elles n'étaient pas conformes. Dans cet endroit se trouvait la prison d'un côté, l'autre partie était un orphelinat pour recueillir les veuves d'officiers qui n'avaient plus de ressources ou les femmes dont on ne savait plus quoi faire. Le roi les pensionnait, elles étaient aussi enfermées, pas de la même façon que les pénitentes, mais enfermées néanmoins. Le tout était géré par les sœurs St Thomas de Villeneuve, sœurs hospitalières.

Cette organisation a duré longtemps ?

Non, ce fut d'une durée relativement courte, car l'une des femmes enfermées qui s'appelait "la belle Tamisier", était la bru du tambour-major de la ville, donc un poste important (c'était un poste militaire), qui l'avait fait enfermer là pour cause de mauvaises mœurs. Nous, nous la voyons plutôt comme une libre penseuse qui a dit "si on m'enferme ici, je ferai mon carnaval" et dix jours après elle a mis le feu, le dimanche des Gras en 1782, elle a fait brûler l'édifice.

Mais des gens ont été brûlés ?

Oui, il y a eu des morts, quatre religieuses et peut-être une vingtaine de pénitentes ; il y avait au minimum deux folles en permanence.

Donc ça servait pour tous ceux qui étaient considérés comme marginaux ?

Absolument !

Les fous, les prostituées, et les femmes sans hommes, ce qui était très marginal aussi.

A la suite de cet incendie, les survivantes ont été enfermées dans le sous-sol du château et cela n'a jamais été reconstruit puisque sept ans après c'était la révolution, et comme la gestion étaient assurée par des religieuses, il n'était pas question de donner des sous pour reconstruire le bâtiment.

Ensuite il y a eu une longue période jusqu'à nos jours, comment a vécu ce quartier ?

Il a toujours été un quartier très populaire, de tous temps, jusqu'aux derniers habitants.

Et comment s'est passée la guerre dans ce secteur-là ?

Il y avait un grand abri, en haut de la rue Saint-Malo qui existe toujours en dessous des remparts. Le rempart fermait la rue là-haut, il y a quelques traces on peut encore aller en dessous, y accéder. Il y a eu quelques bombardements sur le haut de la rue, mais en bas les maisons sont restées intactes.

Donc ici il y avait ce qu'on appelle le "petit peuple", tous les ouvriers ?

Oui et même les marginaux, puisque la rue Rochon qui coupe la rue en 2 était une démarcation car il y avait ceux d'en haut et ceux d'en bas, et cela continue, les gens du quartier nous appellent "ceux d'en bas", depuis le 18 ème siècle ça n'a pas changé.

Il y a donc eu des dégâts importants lors de la dernière guerre est-ce que le quartier se relève de tout ça, panse ses blessures ?

Le quartier reste quand même le plus pauvre de Brest, aujourd'hui encore, comme cela a toujours été.

Et puis les maisons sont quand même abandonnées au fur et à mesure, celles du bas ?

Non, elles ne sont pas abandonnées, la ville et la Cub rachètent les immeubles.

Mais elles sont encore habitées ou non ?

Le dernier occupant a vendu en 1981, ils ont commencé à partir en 1965 et la ville relogeait les habitants, mais beaucoup étaient propriétaires de leur petit coin. Par exemple, dans cette maison, il y avait trois familles, en général les familles vivaient dans une pièce, donc c'était très peuplé en fait. La ville rachète et reloge les gens afin de démolir.

L'objectif est de démolir ?

Oui, c'était insalubre, il n'y a pas de flotte. Il fallait supprimer ça, c'était trop populaire, il y avait pas mal de gens qui picolaient, on a des témoignages de pas mal de gens qui y ont vécu, les témoignages recueillis seront sur notre site (pas encore fini, mais ça va venir) : des témoignages de dames, il n'y a que des dames bizarrement, qui ont maintenant entre 75 et 90 ans qui nous racontent. On a aussi quelques photos quand les gens y étaient, autour de la pompe à eau c'est là que tout se passait.

C'était là le lieu de vie principal ?

Oui, il y avait des anecdotes assez croustillantes. Il y avait aussi ce lavoir en haut de la rue "vachement chouette", ils lâchaient l'eau du lavoir régulièrement qui se transformait en ruisseau. Il n'y avait pas de commerçant tout près ?

Il y avait un cordonnier en bas.

Et des écoles ?

Non les enfants étaient obligés d'aller beaucoup plus loin.

A Quéliverzan ?

Oui, car je crois que l'école Vauban c'est assez récent.

Il y avait une boulangerie, là où est le "mille-pattes". maintenant. Il y avait tous les petits commerces de proximité, un charbonnier, mais plus haut dans la rue, ici non, seulement le cordonnier en bas.

Après le quartier commence à être déserté par les habitants dans les années 80 ?

Oui et alors que les habitants laissent les maisons en bon état, ils referment, les portes et ils s'en vont. Des gens commencent à venir, et au fur et à mesure volent le zinc des toitures pour le revendre chez L'Hermitte, le ferrailleur qui était sur le port, car ça se revend bien, à mettre le feu dans ce qui restait. C'est comme ça que ça s'est dégradé petit à petit. Monsieur Le Meur qui a vendu le dernier, lui, je l'ai bien connu, il a défendu à coups de canne les toitures de ces deux maisons. Une fois qu'il avait vendu, il revenait là, il avait gardé un petit atelier, qui lui servait en réalité à entreposer ses bouteilles de vin qu'il n'avait pas le droit de boire chez madame Le Meur...

Ça a servi à protéger ces quelques maisons ?

Sinon elles y seraient passées aussi.

Quant à moi je découvre la rue en 1987, fin 1987, début 1988, en discutant de vieilles pierres avec un ami, qui me dit : je vais te faire découvrir quelque chose à Brest.

Peu connu des brestois ?

Complètement inconnu, on n'en parlait jamais, c'était voué à une démolition rapide. En voyant cette rue, c'était un dépotoir incroyable, encombrée par des détritus jusqu'à 10 m de déchets (électroménagers, vieux matelas pourris, ...), mais moi j'étais tellement heureuse de la rencontrer, je me suis dit : "il faut faire partager ça " "il faut faire quelque chose, certains à Brest, seraient contents de se promener dans cette rue-là aussi". A force de tanner la mairie, de faire des occupations, des choses de ce genre...

Vous avez alors décidé d'habiter ici ?

Oui, après un entretien avec Pierre Maille, qui m'a dit "Allez-y" et deux heures après on y était. On a ouvert les portes, on a regardé, parce qu'on nous a remis les clés

Ce n'était pas un vrai squat, c'était légal ?

Les gens de la mairie sont venus, nous avions rendez-vous à 14 heures. L'entretien avec P.Maille s'était terminé vers 12 h 30, donc nous avons ouvert les portes. Vu les dégradations, vu qu'il fallait changer les planchers, on s'est d'abord occupé de cette maison-ci, c'était le seul point d'eau.

Un point d'eau ?

Il y avait de la flotte, bizarrement, car avant que le fameux monsieur Le Meur soit exproprié, on lui avait mis l'eau peut-être 2 ou 3 ans avant. Et même qu'en revenant de Lourdes avec sa femme, il a cru à un miracle, (il expliquait cela comme ça) , et pour ce faire, ils avaient donc enlevé plein de pavés et goudronné de façon très sauvage cette partie qui avait été creusée pour amener l'eau.

Vous avez commencé à habiter là à quelle époque ?

On est arrivé en 1990

Et l'association se crée dans la foulée aussi ?

L'association a été créée depuis la découverte de la rue, en fait les statuts ont été déposés en juillet 1989 exactement.

Donc là il y a tout un travail pour faire reconnaître cette rue, pour la débarrasser des ses ordures.

Là, vos principaux interlocuteurs sont les élus ?

Oui, là commencent les difficultés parce que avec Maille, ça s'était relativement bien passé, mais il oublie de prévenir le maire-adjoint du quartier, monsieur Maloisel, qui habite de l'autre côté, dans la rue parallèle, la rue de la Source. Il est arrivé en hurlant, en disant mais qu'est-ce que vous faites ici ? Sans se présenter, on essaie de le calmer, je ne l'ai su que 15 jours après qu'il était le maire adjoint du quartier, il avait oublié de le préciser.

Le contact a du être très difficile ?

Très difficile et ça a duré 10 ans, alors quand je le vois maintenant venir aux fêtes, ça me fait bizarre, mais il vient !

Alors, petit à petit, vous vous faites reconnaître comme interlocuteurs ?

Oui, d'abord notre propos était de parler aux gens du quartier, de faire des réunions publiques. On demande le patronage laïque, terrain neutre, on se rend compte que les gens du quartier étaient bien remontés, que pour eux on était des trafiquants de drogue, qu'on ne pouvait plus laisser les enfants dehors parce qu'on allait les violer, qu'on faisait pipi dans les entrées, qu'on cassait les rétroviseurs, qu'on avait des containers de drogue sur le port de commerce, tout ça en même temps, ils nous balançaient tout ça, et qu'on allait faire de ce lieu un camp retranché ! On était atterré !

Donc pendant des mois on a discuté, montré qu'on nettoyait, qu'on était là pour que ce lieu devienne agréable, pour justement que leurs enfants soient moins en danger, les enfants couraient dans les ruines sur les escaliers plus ou moins branlants. On s'est occupé de sécuriser d'abord, et interdire l'accès à certains endroits très dangereux, et petit à petit certains sont venus, on a sympathisé et maintenant, à 95 % ça se passe bien, et ceux avec qui ça ne se passe pas bien, on ne les entend pas.

C'est bien vu, bien reçu, pour les fêtes les gens viennent.

Ils ont compris l'intérêt ?

Là où c'était un dépotoir, il y a des centaines de personnes qui se baladent, le week-end le dimanche Les gens sont fiers de voir du monde se promener dans leur quartier, et pour les fêtes alors...

Et les fêtes vous avez commencé à en faire quand ?

La première, on l'a faite le 1er mai 1991.

Donc, dans ces fêtes vous essayez de promouvoir quoi, la rue bien sûr, de créer toute une série d'animations. Faire vivre la rue et puis dire aux gens du quartier : "c'est gratuit il n'y a pas de barrière, justement il faut que vous vous appropriiez cette rue, ce n'est pas pour nous uniquement, c'est pour tout le monde".

Vous n'avez jamais voulu en faire un camp retranché ?

Bien sûr et petit à petit certaines personnes du quartier sont venues donner des coups de main et maintenant c'est courant.

Donc vous avez déjà fait trois fêtes, là ce sera la quatrième ?

On a déjà fait des petites fêtes mais ça s'est très mal passé avec le maire adjoint, et on n'avait plus l'autorisation de rien, on l'a fait quand même mais on était très scrupuleux ; au moindre problème on aurait dû partir, ça ne faisait pas un pli. Vers 1995 ça allait un peu mieux, on rencontrait des élus, on essayait de leur expliquer ce qu'on faisait là, certains trouvaient que ce n'était pas si mal. Souvent on fleurissait, on amenait des bancs.

Et avec les adjoints à la culture est-ce que vous avez des rapports corrects ?

Aucun rapport, j'ai demandé souvent. Quand c'était monsieur Le Berre, j'ai très souvent sollicité des rendez-vous, mais rien, j'écrivais mais il n'y avait pas de réponse, je téléphonais, on me disait "-on vous rappellera", et on ne rappelait pas.

Depuis ça a changé, j'ai vu Gaëtan Le Guern plusieurs fois déjà, il est venu ici aussi, on l'a invité à venir, avec le maire du quartier, maintenant Jacques Quillien quand il a été élu, la première personne qu'il a reçue c'était moi ! Il est venu voir et il nous soutient maintenant, et chaque fois pour un projet la première personne avec qui l'on va en parler c'est Jacques Quillien, il entend, il écoute et il comprend bien.

Tout a changé à partir du moment où Maloisel n'était plus maire adjoint et maintenant au contraire, il dit à Jacques Quillien « il n'y a plus de bruit, ils sont super ». Du coup, il n'arrête pas de vanter nos mérites.

Avant d'aborder l'échéance de la fête "le Temps des Cerises" , pourrait-on parler un peu de la Penfeld ? Ça phosphore pas mal un peu partout à la Cub, pas forcément dans la transparence, mais il y a des projets, l'association Rue de Penfeld aussi travaille sur cette question-là, nous les Verts on a pas mal réfléchi là-dessus et je pense que vous aussi avez des propositions à faire, des analyses ?

Ce serait mentir que de dire que ces fameux ateliers des Capucins, depuis le temps qu'on les voit comme ça, on pense forcément à des ateliers d'artistes et à des lieux de spectacles, car là la ville peut prendre une toute autre tournure et de l'arsenal passer à une ville d'art.

Votre intervention dans ce débat est d'essayer d'appuyer sur une dimension culturelle ? Donc, des refuges d'artistes ?

C'est ce que l'on constate depuis tant d'années, énormément d'artistes ne trouvent pas de lieu pour travailler, ils n'ont pas d'espace, que ce soit des plasticiens, des théâtreux, des musiciens ça manque d'espace. Cela permettrait aussi de faire venir des artistes d'ailleurs. Les salles "conventionnelles ou conventionnées" sont chères. Oui et puis il n'y a qu'une certaine catégorie de gens qui peuvent y entrer, alors que là s'il y a des espaces...

Brest est un sacrée ville, c'est une ville intéressante, si elle peut accueillir des artistes, je pense qu'ils viendraient assez nombreux. On est entouré de paysages magnifiques, si la ville en elle -même n'est pas très jolie, elle est intéressante, c'est la ville où l'on voit le ciel tout le temps, peu importe dans quelle rue on est, il y a la rade qui est superbe.

Elle a des atouts à faire valoir ?

Énormément, et puis elle est très originale, j'aime beaucoup cette ville, en fait ce qui m'emm ??. ait, c'était l'arsenal !

Il n'y a plus beaucoup d'activité dans ce secteur de l'arsenal ?

C'est quasi terminé. La porte du Carpon n'a pas été ouverte depuis 3 ans au moins, c'est fini, les ateliers ne fonctionnent plus.

C'est grand, on a de la peine à imaginer parce qu'on ne peut pas y mettre les pieds ?

Oui, on avait demandé, et on avait une autorisation par le Préfet maritime, on nous avait dit de contacter monsieur Bellec qui a trouvé que c'était peut être un peu... Il avait peur de nous voir arriver, il n'avait pas tort, on serait venu nombreux, parce qu'avec Jean-François Samain on avait l'intention de venir en force.

Mais là, on a reçu une lettre pour les vœux, du préfet maritime, ce qui nous a pas mal surpris quand même, monsieur Gheerbrandt, à l'occasion de la nouvelle année en disant qu'il travaillait en ce moment avec la ville sur la reconversion des ateliers des Capucins. En lui disant que "nul doute que l'énergie créatrice de la rue de Saint-Malo y trouvera sa place", on ne lui a pas fait de rentre-dedans, simplement on lui a demandé à plusieurs reprises. Ça fait un moment qu'on le demande, le terrain de la Madeleine, on trouvait cela assez utopique, mais il faut continuer et depuis le début, on les met au courant, on leur dit voilà : on fait des fêtes et il nous faut cet espace. Pendant longtemps il n'y a eu aucune réponse, puis il y a eu une première réponse qui est arrivée le lendemain de la fête, mais positive, et pour la demande suivante nous avons joint la photocopie de cette lettre et puis ça a marché.

Disons que là ils vous ont reconnus comme interlocuteurs, ils vous ont identifiés ?

Absolument, ils ont tenté une expérience et on leur a rendu le terrain beaucoup plus propre qu'ils nous l'avaient donné. On a respecté toutes les consignes.

Là, à côté, c'est le bâtiment aux lions ?

Oui, l'entrée était pratiquement devant. Oui on est entrain de le modéliser, on a fini presque la modélisation,(là, ces petits bouts ce sont des ruines) et voici le bâtiment aux lions tel qu'il était et on va montrer ça sur grand écran à l'occasion du "Temps de cerises", là on rentre dans la rue de Saint-Malo, voilà la maison où on est actuellement.

Et là, on va pouvoir rentrer dans le Refuge royal, visiter, aller dans les sous-sols. Un architecte bénévole travaille avec nous depuis 6 mois, il passe quelques jours ici de temps en temps, quelquefois une semaine, il est allé à Vincennes où sont tous les plans du Refuge royal, il est resté deux jours et demi à faire tous les relevés.

Ici l'association a fait les relevés de tous les bâtiments, des arrières, des cours ; ça nous a demandé 6 mois de boulot, car chaque petit recoin doit être mesuré, maintenant on peut aussi entrer dans les maisons de la rue Saint-Malo.

Alors on va la montrer telle qu'elle était au XVIIIe, on va la montrer telle qu'elle est aujourd'hui et on essaie d'imaginer maintenant ce qu'on peut en faire.

Moi j'avais le désir d'un petit théâtre parce que c'est bien dans un quartier populaire d'y implanter un théâtre. On est en train de travailler là-dessus sur les plans du théâtre. On va sans doute pouvoir bientôt le montrer. Un restau bio avec une serre où on cultivera des plantes assez extraordinaires, tout ça serait sur le jardin du trou, on verrait bien ça là parce que c'est un grand espace qu'on est en train de débroussailler. On a un bouc maintenant, bientôt on va avoir une chèvre.

Il y avait un café là avant, "le café du trou" ?

Oui, le café du trou, c'est là qu'on verrait bien une serre. C'est vachement bien placé et orienté plein sud, on peut imaginer y faire pousser plein de choses, donc un espace de restauration et où il y aurait des jeux, pas de flippers ! ..mais des jeux en bois, des animaux.

Quelque chose de familial ?

Oui, où tout le monde puisse venir quel que soit son âge, c'est exactement ça. Là aussi, il y a une ruine qui nous sert de jardin actuellement, on va le recouvrir d'une verrière pour pouvoir chauffer les deux maisons qui seront construites, on ne travaille qu'en bio construction. L'architecte est spécialisé en bio construction.

Mais pour l'instant vous avez des financements pour ça ? Ou vous travaillez beaucoup sur du bénévolat ?

Uniquement du bénévolat, on n'a pas un sou, mais à l'occasion de la journée du patrimoine, on avait dit qu'on présenterait un projet pour le printemps.

L'architecte travaille bénévolement ?

Oui, oui, il est bénévole. Le travail qui a été fait là, ça vaut..., je ne saurais même pas dire la somme c'est terrible, c'est très important car il y a plusieurs personnes, des jeunes architectes des étudiants en architecture qui viennent là.

On reçoit énormément de monde comme ça et qui sont très intéressés, de Dupuy de Lôme aussi, ils sont venus faire des relevés avec nous et on leur a demandé de s'occuper d'une maison.

Pour le 1er mai, une maison va être modélisée par les élèves de Dupuy de Lôme, on les voudrait comme partenaires évidemment, ça les intéresse au plus haut point la bio construction ; il suffit d'aller provoquer les choses et on se rend compte que là il y avait des profs qui étaient intéressés.

Donc pour tout ce qui est l'avenir de ce quartier, l'avenir de la Penfeld, vous voulez intervenir dans ce débat, faire des propositions, être présent, et on va en venir au "Temps des cerises", les 1er, 2,3 et 4 mai, ça s'inscrit aussi dans cette démarche ?

Vous l'avez appelé "Le Temps de cerises" par référence au printemps, ou il y a une autre connotation derrière. En fait les cerises c'est un peu plus tard, c'est surtout le 1er mai qui nous intéressait parce qu'on essaie toujours de faire quelque chose le 1er mai, il faut rappeler qu'il y a beaucoup de travailleurs en lutte encore, le 1er mai c'est important. L'année dernière à cette date, il y avait plein de gens dans la rue, c'était bien car il y avait eu une catastrophe avant, Le Pen était au 2e tour des élections présidentielles. C'était une piqûre de rappel qu'on voulait faire aussi. "Le Temps des cerises", parce que c'est la chanson de lutte des travailleurs et des opprimés, et que c'est une jolie chanson et que c'est en écoutant Mouloudji chanter que l'on s'est dit : ça va être "Le Temps de Cerises", évidemment !

Donc sur ces 4 jours, il est prévu beaucoup de choses, des concerts, du théâtre, on peut en savoir un peu plus ?

Le 1er mai, on invite déjà par courrier (le courrier part ce soir) tous les syndicats, après les défilés qui ne seront peut-être pas unitaires, on invite tous les gens qui se sentiront concernés, à déposer leurs banderoles et tous les signes distinctifs à l'entrée, et de rentrer en tant qu'hommes, femmes pour travailler autour d'un café citoyen qui s'appellera "Ce qui nous rassemble". Ce sera le 1er café citoyen de la journée, on pense vers 13h30-14 h.

Là vous voulez susciter un débat pour Brest, pour l'avenir qu'on veut dans cette société ?

Ce qui nous rassemble.

Essayer de trouver des dénominateurs communs ?

Oui, plutôt que des divisions. Tous les syndicats vont recevoir une lettre pour leur demander de nous rencontrer afin de leur expliquer ce qu'on veut faire.

Il y aura de la musique, des chants de lutte, on veut vraiment en faire un premier mai, des expos de photographes qui vont exposer des photos de manifs... Un autre café citoyen dans l'après-midi, avec Aboukir qui est une femme, algérienne, syndicaliste, elle sera là pendant les 4 jours d'ailleurs, pour animer ce café citoyen avec l'association France-Algérie sur le sort des femmes en Algérie et sur la politique en général.

Entre chaque café citoyen il y aura du théâtre engagé, et ensuite on fera un café citoyen sur l'intermittence du spectacle, on va recevoir 300 artistes.

Ils sont directement concernés ?

Oui, c'est eux qui vont animer ce café citoyen. Et le soir des concerts, on a invité un vieil anarchiste chanteur poète : Jean-Claude Lalanne a une soixantaine d'années, il a toujours été un rebelle, il l'est plus que jamais, et ses textes sont sans ambiguïté du tout.

Les cafés citoyens sont surtout concentrés le 1er mai, tout en sachant qu'il y aura un grand espace qui fera 20 m x 8 m qui sera consacré aux rencontres, aux tables de presse, par exemple Rue de Penfeld on aimerait bien qu'ils viennent montrer où ils en sont dans leur travail, qu'ils aient une table de presse, comme France Algérie, comme France Tibet...

Vous travaillez en partenariat avec d'autres assos ?

On les invite à participer, et il y aura un très grand espace pour eux.

Cet endroit sera sur les 4 jours, ce sera un endroit de discussion.

C'est un chapiteau ?

Oui, un chapiteau long (20 x 8), il y aura aussi un chapiteau rond pour faire les concerts.

Ce premier mai sera un point fort pour cette année ?

Oui, ces quatre jours de festival, il faut tenir la route. Et ensuite on invite les gens pour les journées du Patrimoine, on fera deux jours où on va parler beaucoup, beaucoup de l'ouverture de la Penfeld, on va inviter les Verts etc...

Tous ceux qui ont des choses à dire ?

Oui, car là ça se précise,

Et c'est maintenant qu'il faut que les gens disent ce qu'ils veulent, sinon d'autres vont choisir à notre place, et ce choix ne nous plaira peut-être pas forcément ?

C'est pourquoi on a voulu un grand espace à disposition des gens pour parler de tout ça, pour dire aux brestois : ce n'est pas trop tard, c'est votre avenir qui est en jeu, c'est votre ville.

Parallèlement, il y a un site Internet qui se monte ?

Oui qui est en train de se monter, mais tout doucement, un jour ça va peut-être se bousculer, mais moi je ne suis pas qualifiée.

Vous avez beaucoup d'infos à diffuser ?

Ah oui, énormément, on a plein de choses

Toutes les photos, tout le travail que vous avez fait ?

Plein de témoignages.

Il y aurait de quoi alimenter facilement un site avec toute cette matière ! Et on a répondu à un appel à projet de la ville, (Michel Briand en tant qu'adjoint) pour avoir du matériel informatique et notre dossier a été retenu et on a du matos, avant on n'avait rien et c'était difficile d'envisager de faire un site, maintenant on a tout ce qu'il faut y compris un appareil photo numérique, ce qui permettra d'actualiser.

De mettre sur le net au fur et à mesure toutes les infos Et maintenant on a trouvé les compétences, donc ça va se faire

Cette année ?

Oui, oui.

merci Mireille Cann.


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