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Interview-Sillage : Jean-Yves Lesouëf, botaniste retraité

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°119 - nov. 2006
Auteur : Jérôme Le Jollec


"Mon jardin, c'est la planète"

Du plus humble des bambous à l'auguste séquoia, de la fleur de magnolia à celle de lotus, rien de ce qui est végétal ne lui est étranger. Pionnier et visionnaire, Jean-Yves Lesouëf créait en 1975 le conservatoire botanique du Stang Alar avec le concours de la jeune Communauté urbaine de Brest. Aujourd'hui retraité, après en avoir assuré la direction scientifique pendant trente ans, il a pris définitivement racine en bord de rade.

Fleur du conversatoire

Votre vocation a-t-elle éclos précocement?

Mon père était pépiniériste et je l'ai aussi été pendant 14 ans. La production ne m'intéressait pas trop et la vente encore moins. Mais j'étais en correspondance avec des chercheurs. Les plantes et les animaux, surtout leur survie, m'attiraient.

Comment a germé l'idée d'un conservatoire botanique?

J'ai lancé l'idée en 1974. Il y avait eu des précédents pour les animaux: le bison d'Europe par exemple, sauvé par des zoos de Pologne et d'Allemagne. Pourquoi ne pas l'appliquer aux plantes ?

Le choix du site allait-il de soi?

Les minima absolus d'hiver tuent les plantes. Il faut aller vers l'ouest. Le Fonds français pour la nature et le ministère de l'environnement ont écouté ma requête et c'était le début de la politique d'espaces verts de la communauté urbaine.

L'ouverture au public de l'ensemble du site s'est-elle imposée d'emblée?

Oui! Si j'avais choisi ce site, il fallait le faire savoir, notamment l'idée de sauvetage. Mon idée était un SAMU pour les plantes au bord de l'extinction.

Les enfants n'ont pas été oubliés?

C'est un lieu commun de le dire, mais c'est pour eux qu'on fait ça.

Satisfait du chemin parcouru?

On a sauvé des dizaines d'espèces qui autrement seraient éteintes. On a été le moteur initial de nombreux sauvetages mais je regrette qu'on n'ait pas fait plus. Des spécimens ont disparu qu'on aurait pu sauver.

Vous avez fait école?

On était les premiers au monde. Aujourd'hui, il y a huit conservatoires botaniques en France. Le réseau est créé mais nous avons été le premier maillon.

Ce dont vous êtes le plus fier?

Les sauvetages, c'est l'essence de notre boulot. Ce qu'on sauve c'est aussi du temps d'évolution.

Des moments de doute?

Moi, je n'ai jamais douté ni du bien fondé, ni de la légitimité du conservatoire. Peut-être à trop avoir la tête dans le guidon y a-t-il eu des moments d'incompréhension avec des partenaires.

Est-ce l'homme qui menace le plus la biodiversité?

Oui, c'est l'unique facteur de menace. Mais l'homme n'est pas seulement destructeur.

En Bretagne existe-t-il des espèces menacées?

Oui, il n'en manque pas mais la plupart ne sont pas des endémiques. Entre autres menaces, il y a certains boisements qui sont des spéculations hasardeuses. Et le tourisme, les résidences secondaires menacent aussi les espèces du littoral.

Quel serait votre jardin d'Eden?

Je suis un citoyen du monde et mon jardin c'est la planète. J'aimerais que ce soit un endroit où tout ce qui est né et a évolué aurait sa place. Ce qui n'implique pas l'arrêt du développement.

Votre arbre préféré?

J'aime bien les bambous américains et aussi les magnolias pour leur beauté.

Une fleur?

Le lotus que j'ai dans mon jardin. C'est la fleur parfaite, merveilleuse.

Des regrets?

Ne pas connaître l'arabe et n'avoir pas appris à voler en parapente.

Quel don de la nature aimeriez-vous posséder?

Celui qui sait jouer du violon, c'est génial. Je suis d'une famille de musiciens et le seul à n'en avoir pas fait.

Des modèles dans la vie réelle?

Des gens qui ont fait des choses intéressantes comme Théodore Monod.

Votre personnage préféré dans la fiction?

Lawrence d'Arabie, une personne réelle mais qui a eu une vie de légende.

Quelles qualités appréciez-vous chez les autres?

L'amitié et la générosité.

Quelles fautes trouvez-vous rédhibitoires?

La déloyauté, ce qui est tortueux.

Cultiver votre jardin, c'est plus qu'un loisir?

Oui, oui ! J'ai trois hectares. Ma femme fait le design et je participe au choix des plantes. C'est aussi un point d'appui pour le conservatoire et le sauvetage.

Et Brest dans tout ça?

Brest est un port et une porte vers l'extérieur. Au bout de la rade, il y a Boston. Mon point d'attache, c'est Brest et la Bretagne. Je suis très reconnaissant au fait que Brest a été l'endroit qui a accueilli, maintenu et développé le conservatoire. C'est une splendide aventure qui va encore grandir.


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