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Jacques Fournier : témoignage sur le port de commerce

Mon père Jean Fournier s'installe à Plougastel en 1923 en achetant l'affaire de vin de Monsieur André Picaud.

En 1936 il achète sur le port de commerce, au coin de la rue Porstrein et du quai de la douane l'affaire d'avitaillement "Carret Cadoret". Ils font l'avitaillement des navires de commerce qui fréquente le port de Brest principalement Schiaffino et également la fourniture des navires de guerre. (les Services d'approvisionnement de la Marine Nationale (S.A.O.) n'existant pas à l'époque.

Il fut le précurseur en commençant l'importation (jambon danois, margarine hollandaise, huile danoise, les cigarettes, du whisky.....). Puis arrive la guerre. L'occupation allemande et c'est l'interruption de tout trafic commercial sur le port de commerce. Seul subsiste le petit cabotage, les gabarres, la pêche, donc des activités très réduites.

En août 1944 tous les bâtiments sont détruits. Les personnes sont relogés en baraques sur le port, quai de la douane, près des bâtiments de la chambre de commerce du port (près de la maison des gens de mer).

En juillet 1947 l'explosion de l'Ocean liberty détruit encore les baraques. Sinistrés pour la deuxième fois. Ayant terminé mes études, je commence à travailler sur le port pour remonter la baraque et l'affaire. Il restait qu'un quai qui permettait l'accostage des liberty ship donc le trafic était très réduit. A cette période, départ pour un an de service militaire. En novembre 1949, reprise de l'activité toujours très réduite. Petit à petit l'affaire s'est relancée. Elle s'est développée quand la première cale de radoub fut mise en service. Premier bateau "le président Meny" de la navale des pétroles. La cale de radoub vit aussi dans les tous premiers navires passer Alain L.D. de la compagnie Dreyfus (ancien Falkland, navire allemand qui avait été sabordé dans le port de guerre et renfloué par les français). Le commandant était le commandant Bulot, père du commandant Bulot qui fut le commandant de l'Abeille. En 1951-1952, l'affaire se développe toujours dans le même domaine. Cela continue jusqu'en 1991 où l'affaire a été vendue à la société Parc import.

En 1949, la Douane était toujours logée en baraque sur le port de commerce comme l'ensemble des activités. Petit à petit se monte des bâtiments en dur.

Avant la guerre, le gros trafic du port était l'importation du vin d'algérie en fut de 650 litres qui était chargé en pontée et qui une fois déchargé sur les quais était stockés sur les quais et manipulés par les dockers. Le trafic des vins par la suite s'est fait presque exclusivement en vrac par des pinardiers dont le premier fut la Sainte Bernadette.

Anecdote : les fûts étant libres d'accès sur le port, quelques clochards avaient trouvé la manière de se procurer du vin gratuitement en perçant les fûts avec une vrille et espéraient pouvoir les reboucher avec des chevilles de bois. Mais après quelques libations ils voyaient deux trous au lieu d'un, donc le fût se vidait totalement.

Après la guerre, il y avait sur le port des clochards (le clown (auguste Bodilis), Félix, Mickey, la Marie, qui se procurait de la boisson par tous les moyens. On les employait souvent pour des petits boulots.

Une des grosses activités du port c'est les cabliers des PTT. (nom des bateaux : L'ingénieur Hanff, d'Arsonval, Emile Baudot, Pierre Picard qui a coulé dans le port de Brest, Marcel Bayard,.....)

Une grosse partie du trafic maritime du port se faisait par les cargos de la ligne d'Algérie de l'époque (cargos algériens : Tlemcen, Mitidja, Djurdyura), la compagnie française de navigation (Caumont, Canteleu, Croisset, Owendo) et les navires de la CBVN.

L'approvisionnement en pétrole des stockages de Brest se faisait par le bassin du gaz (situé au bas de la rue Pierre Sémard, et aujourd'hui complètement comblé)par des pétroliers (Ceténe, Suroit....)

Brest est devenu à cette période port d'escale pour les pétroliers qui effectuaient en rade leur relève de personnels et profitaient de faire leur approvisionnement. Les marchandises étaient chargées sur les bateaux de pilotage et le transbordement se faisait en rade.

Les pétroliers venaient se faire réparer en forme de radoub. Les principales compagnies étaient la shell, la navale des pétroles, Auxinavi, SFTP (société française des transports pétroliers).

De nos jours, les nouvelles grandes cales de radoub ont permis le passage de pétroliers géants jusqu'à 500 000 tonnes et aujourd'hui inutilisé.

Les clients : la compagnie Sorima, compagnie italienne spécialisée dans le renflouement des épaves et qui avant la guerre avait récupéré près de Molène une cargaison d'or du navire Egypt (Artiglio, Rostro, Raffio,)

Tous les navires en avarie notamment des grecs venaient se faire réparer au Port (Agios, Spiridon, Assimina K.)

A la fin de l'activité de la société, il effectuait l'avitaillement de la Brittany Ferry sur Caen, Saint Malo et Roscoff). Ayant des succursales à Concarneau et Guilvinec, nous étions en relation avec les armements de pêche au thon tropical ce qui nous amenait à faire des containers en permanence à destination d'Abidjan ou des Seychelles. Nous exportions également des containers vers les ambassades un peu partout dans le monde.

En 1986-1987 lancement du magasin comptoir Irlandais sur le port de commerce et ailleurs (20 succursales dans la France).

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