Interview-Sillage : Michel Maynadier, gardien du Stiff à Recouvrance
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°103 - été 2004 |
Extinction définitive des feux
Après 38 ans d'un service aux arômes connus de toute la ville, la lanterne du restaurant de jour Le Stiff s'est éteinte, en juin dernier. Cantine de la Marine, des ouvriers de l'Arsenal ou même des étudiants, cette table fameuse de la rue Borda faisait partie des murs de Recouvrance. Sans regrets, et comme il se l'était promis, Michel Maynadier, le gardien du phare, a éteint les feux pour ses 60 bougies.
38 ans et puis s'en va... Que retiendrez-vous de tout ça?
Une expérience très riche ! 38 ans de copains, issus de tous les milieux. Des gens qui étaient des amis plutôt que des clients...
Recouvrance, c'était comment avant?
Longtemps, ça a été la Marine rien que la Marine, avec des nuées de pompons rouges et de débordements festifs...
Et aujourd'hui ? Mieux ou moins bien?
Depuis la fermeture des restaurants de nuit, le quartier est en train de perdre son âme... Il est temps de le faire revivre!
Les Brestois ont changé ?
Nous avons vu passer trois générations. Les Brestois sont restés les mêmes, mais en moins festifs, comme tout le monde...
LE souvenir du Stiff?
1996, quand l'orchestre du Falmouth Marine Band nous a fait sortir de notre salle et a joué une aubade dans la rue pour nous remercier de les avoir accueillis.
Des périodes de découragement?
Bien sûr ! Chaque fois que l'activité a baissé sur Brest, il a fallu relancer l'affaire...
La qualité que vous préférez chez les Brestois?
Comme tous les Bretons, ils sont francs, sympathiques et savent accepter ceux qui viennent d'ailleurs...
Vos origines bordelaises ne vous ont jamais donné l'envie de repartir?
Jamais, et je n'y retournerai pas !
Votre plat fétiche, quand vous allez au restaurant?
Les fruits de mer !
Garderez-vous des liens avec le quartier?
J'ai trouvé un appartement à 50 mètres du Stiff... Je n'habiterai jamais de l'autre côté du pont !
Et le tennis de table?
Je suis président du club de tennis de table du PL Recouvrance depuis 25 ans! Ce club, c'est deux équipes de nationale et 110 licenciés. Et moi, j'y joue et je continuerai à y jouer en loisirs.
Votre quartier préféré?
Recouvrance!
Ce que vous auriez aimé vivre dans une autre vie?
J'ai aimé celle-ci. Mais je crois que j'aurais voulu être sportif de haut niveau, dans le rugby.
Ce qui vous déçoit le plus chez quelqu'un?
La malhonnêteté, l'hypocrisie et la jalousie.
Votre plus grande qualité?
Je suis franc, direct: je dis les choses en face.
Ce qui vous motive dans la vie?
La famille : j'ai toujours vécu dans l'espoir que de ce côté-là, ça se passe toujours dans les meilleures conditions.
Ce qui vous rend vraiment triste?
Voir des copains partir trop tôt, sans avoir eu le temps de vivre.
La personne que vous estimez le plus?
Ma femme ! Nous avons quand même fait toute une vie ensemble...
Le fait de société qui vous révolte?
Le 11 septembre 2001, puis la guerre en Irak.
Votre musique de prédilection?
Tous les artistes des années 60... Et je retournerai encore voir Johnny en concert !
Votre plus grande fierté?
Ma famille, encore et toujours, et la réussite du Stiff.
Des projets?
Plein! Aller voir mes enfants à Toulon, faire les voyages et m'occuper de mon quartier au niveau associatif.
Des regrets?
Aucun. Au bout de 38 ans, nous sommes un peu fatigués, et nous avons éteint les feux, contents.
Et Brest dans tout ça?
C'est une ville formidable, avec des gens sympathiques. Elle réunit tout : la voile, la bonne chère, des sites formidables. Tout y est merveilleux : elle est vraiment belle cette ville !
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