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Interview-Sillage : Glyn Orpwood, Professeur d'anglais et directeur d'english apart

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°87 - avril-mai 2002
Auteur : Jérôme Le Jollec


"Ici, on a de vrais amis"

Drapeau anglais

S'il a fait du Conquet son havre, Brest et sa région constituent la matière vive de son activité. Avec son associé, Emlyn, (pur Gallois) Glyn (père gallois tout de même) a eu du flair quand il a fondé dans la cité du Ponant, voici quinze ans déjà, English Apart. Une institution toute British qu'ont fréquentée, pour le plaisir ou pour d'impérieuses raisons professionnelles, quelques milliers de Brestois. À cet égard, il est un observateur attentif de la situation économique locale et de ses acteurs.

Quand et comment êtes-vous arrivé dans la région ?

Le 6 novembre 1978 à 18h30 au Conquet, très précisément. J'ai remplacé dans un restaurant un ami plongeur. Il pensait que l'emploi qu'on lui avait proposé était plongeur sous-marin.

Faire le choix de rester est venu naturellement ?

À partir de mes quinze ans, je venais en France tous les ans. Je suis tombé amoureux de la France, surtout après avoir fait Cherbourg-Marseille en vélo en sept semaines.

Et pourquoi ne pas aller à Paris ou en Provence comme nombre de compatriotes ?

Parce que je ne connaissais pas la Bretagne ! Et puis au Conquet, j'ai rencontré Rolande ma femme. Mais ça, ce n'était pas prémédité.

Qu'est-ce qui vous a alors le plus séduit ?

L'honnêteté et la simplicité des gens. La nourriture aussi, c'est important pour moi, sans pour cela ne vivre que pour manger.

Le plus surpris ou choqué ?

La priorité à droite ! Et aussi faire le pont. Un jour, je suis arrivé à l'école où il n'y avait personne et j'ai demandé au directeur: "Qu'est-ce qu'on fait ? Où est le pont ?"

Quid de la langue française ?

Je comprenais les choses de travers. Au début, par exemple, je n'arrêtais pas d'entendre les gens parler de cercueil et je me disais que quelqu'un d'important était mort. Au bout de quinze jours, j'ai enfin compris qu'ils disaient : "ça caille !"

Ce qu'il y a de plus coriace en français pour un britannique ?

Le U, c'est dur, très dur. Et aussi, le genre, le ou la.

En quoi la langue de Shakespeare est-elle difficile pour un locuteur français ?

Il y a le « th » bien sûr, mais aussi, il a du mal avec la fin des mots. Il coupe la fin et fait ce que j'appelle le "clipping."

Les gens de la région de Brest, et les Bretons en général ont-ils plutôt de bonnes dispositions ?

Oui, il y a ici une envie de voyage, un esprit d'ouverture.

Qu'est-ce qui vous manque le plus : le thé, le pub, les baked beans ?

Le pub! Il n'y a même que cela, car si en 1978, il manquait beaucoup de choses aujourd'hui, on trouve absolument tous les produits anglais à Brest.

Jamais le blues ?

J'ai honte de le dire : non je ne connais pas le blues. Je suis anglais et je le reste, mais je ne pourrais plus retourner en Angleterre.

Comment les Britanniques voient-ils la France aujourd'hui ?

Au plan national, il existe toujours cet esprit Waterloo, Trafalgar, et les Français sont vus comme des gens ollé, ollé, mais en ce qui concerne mes amis, ils viennent en France régulièrement pour prouver leur attachement pour les Français.

Lisez-vous en français ?

Je lis tous les jours Ouest-France et le Télégramme, et chaque année je lis quelques livres en français dont des Agatha Christie, très bien traduits.

Vous reste-t-il du temps pour d'autres activités ?

Je travaille par plaisir mais il faut aussi calmer le jeu. Je me passionne pour l'oenologie et la course à pied. Tous les ans, je fais le marathon du Médoc, c'est fabuleux. J'aime aussi aller au restaurant, au Quartz ou au marché de Saint-Renan et je fais du vélo, du kayak de mer.

Dans quelle autre région aimeriez-vous vivre ?

Je préfère vivre en Bretagne et visiter les autres régions que l'inverse. Ici, on peut avoir de vrais amis.

Le mot français que vous préférez ?

Amitié !

Aujourd'hui, vous vous sentez davantage anglais, français, breton ?

Pour prendre une comparaison avec le vin, je dirais que je ne suis pas un monocépage, mais un assemblage en équilibre entre les trois, ou encore je suis une vigne dont les racines sont anglaises, le cep français et le fruit breton.

Et Brest dans tout ça ?

Nous avons eu plus de 3 000 personnes à English Apart et nous sommes un peu comme un stéthoscope. On a des gens de toutes les entreprises, on connaît leurs problèmes, leurs inquiétudes. Je suis un combattant pour Brest comme je le suis pour le Conquet. J'ai envie de voir la France y faire plus d'investissement dans le tourisme, que viennent des gens style Technopôle. Brest est sans doute une ville laide, mais si on y reste, c'est qu'on va au delà. L'amitié m'a amené à aimer Brest.


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