Interview-Sillage : Gérard Olivier, Retraité
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°93 - fév.-mars 2003 |
Le sport et les copains d'abord
Ce n'est sûrement pas le plus représentatif des retraités. On l'imagine volontiers il y a quelques siècles en corsaire, donnant la chasse à l'Anglais. Ou plus près de nous dans un film aux dialogues signés Audiard. Gérard Olivier, 68 ans, est ce qu'on appelle une nature. Après une carrière de responsable de la formation continue à la CCI jusqu'en 1994, il peut, sans se désintéresser de la vie qui va, se livrer sans modération à ses passions pour la voile, le tennis de table et la fréquentation des potes.
Votre patronyme ne traduirait-il pas des ascendances méridionales ?
Il est certes du Sud, mais Finistère. Mon père était du Guilvinec et ma mère de Pont-l'Abbé. Ils étaient purs Bigoudens mais fonctionnaires. Je suis au hasard d'une mutation dans les Côtes d'Armor. J'ai passé l'essentiel de ma jeunesse à Evran en plein pays gallo.
Vos études ?
Je suis allé au lycée de garçons de Rennes puis j'ai fait prépa et l'ESC du Havre avant d'aller à Nantes. Là, la guerre d'Algérie m'a rattrapée J'y ai passé deux Noëls sous la tente.
Ensuite Brest ?
À mon retour d'Algérie, ma candidature en qualité d'assistant technique du commerce pour les trois CCI de Brest, Quimper et Morlaix a été retenue. J'ai décidé de venir résider à Brest tout en travaillant deux jours par semaine à Morlaix et autant à Quimper et Brest. Après deux à trois ans à ce rythme, j'ai choisi Brest à plein-temps.
Quelles étaient vos fonctions ?
Après l'assistance technique aux entreprises, je me suis occupé des formations et j'ai créé l'Institut de Promotion Commerciale.
Et la mer ?
Je m'y suis tout de suite intéressé. Par atavisme sans doute.
Quel est le Bigouden qui n'a pas des racines marines ?
J'ai fait un peu de régates avec d'excellents skippers comme Paul Rousseau. Je connais bien des pionniers de la voile : Philippe Poupon, Gilles Gahinet, Eugène Riguidel avec qui j'ai fait du convoyage. Maintenant, je me contente de quelques ronds dans l'eau pour aller à Camaret.
Êtes-vous toujours aussi concerné par d'autres activités sportives ?
J'ai fait de tout : foot, avec mon dernier match à 58 ans, hand, athlé, boxe... j'ai même été secrétaire du Boxing Club Brestois. Un peu de tennis aussi, et surtout le tennis de table.
Que vous avez pratiqué à un bon niveau...
J'ai été classé deuxième série dans les années cinquante. Cela m'a permis de faire pas mal de voyage et de rencontrer les meilleurs joueurs français. Après plusieurs années d'arrêt, je m'y suis remis grâce à un défi que m'avait lancé le regretté Robert Floch. Je suis devenu champion du Finistère dans ma catégorie au PL Sanquer. Puis j'ai suivi Robert Le Goff lorsque celui-ci a créé la section tennis de table du PL Pilier Rouge.
Conjuguez-vous toujours le verbe jouer au présent ?
Tant que je le pourrais ! C'est presque une drogue, ça me permet de garder une activité et de rester avec des jeunes super. Je suis le doyen de Handi Brest tennis de table qui joue en Départementale 1. J'ai aussi créé il y a une dizaine d'années un club FSGT, l'AS Halles Saint-Louis pour m'amuser avec des copains.
Quels clubs ont vos faveurs ?
Je suis resté un fidèle du Stade Rennais. C'est l'image phare du foot breton. Mais je suis les résultats de l'ASPTT tennis de table et du Penn Ar Bed en hand féminin.
Quelles à vos yeux les qualités premières d'un sportif ?
L'honnêteté dans le jeu, être bien dans sa tête, pas trop maladroit... et humble.
Quels défauts exécrez-vous le plus en compétition ?
Râler sans arrêt, la mauvaise foi.
Ce qui vous insupporte dans la vie ?
L'injustice et Dieu sait qu'il y en a aujourd'hui, la violence gratuite.
Bricolage et jardinage sont les deux mamelles du retraité ?
Je ne sais pas ce qu'est un outil et c'est ma femme qui s'occupe des fleurs.
Rêvons un peu : Dieu vous accueille à la porte du paradis ? Que vous dit-il ?
Je suis athée mais voyons pourquoi pas : "Tu aurais pu faire mieux!"
Et Brest dans tout ça ?
C'est une ville que j'aime bien. D'abord parce que j'y ai trouvé de vrais amis. En plus, c'est une ville à taille humaine où il n'est pas difficile de trouver sa place dans une association politique, sportive ou autre. Et Brest, c'est la mer...
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