Interview-Sillage : Daniel Magro, futur ex-restaurateur du port
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°97 - sept. 2003 |
Pitcha rend son tablier
Le 30 septembre, il sera en retraite. Pour de bon ! À 63 ans, Daniel Magro en a eu des vies dans sa vie. Une première, celle de sa jeunesse pendant 22 ans à Oran en Algérie. La suivante à Brest, aux PTT, jusqu'à 36 ans. Avant d'en découvrir une autre, définitive, sur les traces et l'insistance de son père, dans la restauration. Depuis 1974, il a vécu et travaillé au port. Aujourd'hui, celui que ses amis appellent Pitcha s'en va, non sans quelques pincements au coeur.
Quelle part d'Oran y a-t-il encore en vous?
Je ne pourrai jamais l'oublier. Tous les jours, je regarde la vue du port d'Oran que j'ai dans le restaurant.
Imprègne-t-elle toujours votre style de vie?
Chaque année, à l'Ascension, je revois encore les amis de là-bas, à Nîmes lors du rassemblement des Oranais.
En matière culinaire êtes-vous beurre ou huile d'olive?
On est resté huile d'olive !
Votre boisson préférée?
L'anisette (rires), boisson nationale pied-noir. J'ai même "pied-noirisé" des clients du restaurant.
Votre plat préféré?
Le couscous! Mais rassurez-vous, je mange aussi le kig ha farz.
C'était comment le port en 1974?
Une très bonne ambiance. Beaucoup d'ouvriers. Tout le monde se côtoyait.
À partir de quand les changements se sont-ils fait sentir?
Dans les années 1980, ça a commencé à changer avec le départ de la maison Bellion. On est davantage devenu une zone tertiaire.
Comment se sont-ils traduits?
La création des terrasses, des vérandas, l'embellissement du port a fait venir une nouvelle clientèle de la ville.
Quels ont été les moments forts?
J'ai été le premier président des fêtes du port en 1987. Au départ, avec des amis, il était question de se faire une petite fête. Et de fil en aiguille, avec la mairie, l'idée des Jeudis a germé. Et ensuite, Brest 92 et les fêtes maritimes suivantes... D'excellents moments. Mais je n'ai pas vu grand-chose!
Des regrets?
J'aurais aimé qu'il y ait au port un marché entre le 15 juillet et le 15 août quand Saint-Louis fait relâche.
Les plus heureux de votre vie?
La création de mon restaurant, un moment fort.
Quelles qualités appréciez-vous chez les autres?
La sincérité et la fidélité.
Qu'est-ce qui vous horripile?
Les râleurs et les réflexions désobligeantes.
Quel est le bonheur parfait selon vous?
Pouvoir profiter de la vie assez longtemps avec ma femme.
Votre plus grande crainte?
La réadaptation à la vie à deux, comment occuper les journées.
Justement quelle sera votre principale occupation à l'avenir?
Je ne suis pas jardinier ! La pêche, sans doute. Je resterai en relation avec mes amis car je ne quitte pas le port.
La qualité que vous auriez aimé avoir?
Être un peu plus grand!
Que possédez-vous de plus cher?
Mes enfants, ma famille.
Votre plus grande réussite?
Mon restaurant et la promotion sociale qu'il m'a apportée.
Quel genre d'échec vous affecte?
Les échecs en amitié.
À quel personnage auriez-vous aimé ressembler?
À mon père ! Dès que je tourne la tête, j'ai l'impression de le voir.
Une devise?
Toujours en avant !
Et Brest dans tout ça?
C'est ma deuxième vie après Oran mais j'ai passé davantage d'années à Brest. Il est normal que j'en garde plus de souvenirs. J'aime voir le mouvement de la mer qui part et revient. Ici je n'ai pas besoin de regarder ma montre. Brest, je la considère comme ma ville et j'en suis fier.
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