Interview-Sillage : Christophe Niedziolka, Hockeyeur et travailleur
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°88 - été 2002 |
L'Albatros s'est trouvé un nid photo
En débarquant à Brest voici huit ans, Christophe Niedziolka ne connaissait que peu la langue, le pays et encore moins la ville qu'il allait choisir pour y faire son nid. Assurément, cet Albatros n'est pas un oiseau de passage, au point même de s'intégrer et se fondre dans le paysage brestois et breton. Il s'y est marié, a eu une fille et a repris à zéro des études qui l'ont mené d'un CAP à un master en commerce international. Sans oublier de patiner et devenir champion de France avec son club.
D'où êtes-vous originaire ?
De Nowy-Targ en Pologne, non loin de Cracovie. C'est dans le massif montagneux de Tatra, une sorte de Savoie polonaise.
'Vous imaginiez-vous aller un jour jusqu'au Far West de l'Europe ?
Non! Comme toujours, on pense au Canada ou aux USA. Mais finalement grâce à Kaze Jurek (un autre Albatros, NDLR), je suis devenu Brestois depuis maintenant plus de huit ans et totalement intégré.
Vos premiers pas en France ?
Je suis d'abord passé par Gap dans les Hautes-Alpes et Villard-de-Lans en Isère, deux ans à chaque fois. C'était difficile car je ne connaissais pas la langue et c'était un changement brutal de culture. J'ai même eu la visite de la police pour être expulsé. Puis avec l'appui de Gap, j'ai obtenu un permis de séjour renouvelable chaque année.
L'adaptation aux Brestois, à Brest et à son environnement s'est-elle passée sans problèmes ?
La Bretagne est un pays qui ressemble à la Pologne, où on travaille dur. C'est pour cela que je suis resté si longtemps ici. Et puis aussi, j'ai eu de la chance de rencontrer mon épouse quatre mois après mon arrivée à Brest. J'ai maintenant une fille de cinq ans. Grâce à la vie de famille, l'adaptation s'est passée sans problème.
En choisissant Brest, vous aviez des projets précis ?
Grâce au président des Albatros, j'ai eu la possibilité de recommencer mes études. Je suis reparti de zéro pour obtenir successivement un CAP, un BEP, un BAC, un BTS, et finalement un master en commerce international et marketing des produits agro-alimentaires.
Pensiez-vous réussir à ce point quand vous avez décidé d'entreprendre des études ?
Non! En fait, j'ai pensé obtenir un seul diplôme. Et je me suis aperçu que j'avais des facilités pour apprendre. Mais pour arriver à ce niveau il a fallu un certain travail et apprendre le français puis l'anglais.
Pourquoi au départ avoir choisi le hockey sur glace comme sport plutôt qu'un autre ?
Il n'y a pas de rugby en Pologne. J'avais donc le choix entre le foot et le hockey. Celui-ci répondait plus à ma personnalité. C'est vraiment un sport d'hommes, très énergique où il faut se dépenser à cent pour cent.
Les principales qualités d'un hockeyeur ?
L'esprit collectif, la résistance au stress, savoir absorber les chocs, et beaucoup de self control pour éviter de se venger quand on reçoit des coups.
Cela vous a-t-il servi pour vos études et votre reconversion ?
Oui! Comme dans le sport, il fallait travailler pour réussir, savoir analyser une situation et répondre aux questions posées.
Aujourd'hui en dehors du sport à quoi consacrez-vous votre temps ?
Au travail et le peu de temps qu'il reste à la vie de famille.
Évoluer dans une patinoire neuve, c'est tout de même une nouvelle source de motivation ?
On a pas mal galéré pendant deux-trois ans sur une glace provisoire. Évoluer dans des conditions adéquates, c'est plus motivant et on pourra exercer notre passion à cent pour cent.
Les Albatros peuvent-ils redevenir la meilleure équipe française ?
Oui, mais ça se travaille ! Le club a de bonnes bases pour réussir et l'effectif permet de jouer le haut du tableau en Super 16.
Quels sportifs appréciez-vous particulièrement ?
Zidane pour son honnêteté et Mario Lemieux, un hockeyeur canadien, propriétaire de son club qui, après avoir eu un cancer s'est battu, pour revenir à son meilleur niveau.
Quelle est votre vertu préférée ?
Le travail ! Pour atteindre le but final, le bonheur de ma famille.
Votre principal défaut ?
Trop énergique. J'anticipe trop. S'il y a un problème, il doit être réglé tout de suite.
Si l'Histoire n'avait pas brutalement changé il y a une dizaine d'années, que feriez-vous aujourd'hui ?
Je serais sans doute en Pologne, dans un cocon familial protecteur.
Pensez-vous que la Pologne puisse rapidement faire partie de l'Union Européenne ?
Au niveau agro-alimentaire par exemple, la Pologne n'est pas prête. Mais les lois et les normes changent afin que la Pologne adhère le plus vite possible. Je pense que cela va se faire d'ici trois-quatre ans.
Et Brest dans tout ça ?
C'est la ville de ma famille. Ici, il y a le même état d'esprit que dans mon ancien pays. Les gens ne sont pas trop souriants au début, mais ils sont travailleurs et fidèles. Brest est une ville qui avance. La nouvelle patinoire ou la réfection de la place Napoléon III, le démontrent.
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