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Interview-Sillage : Christian Blanchard, auteur et éditeur

    Sillage130 small.jpg Cet article est extrait du Magazine Sillage N°127 - déc. 2007-janv. 2008
Auteur : Jérôme Le Jollec


"L'inspiration ne fait pas le bouquin"

Enseignant, formateur, proviseur, Christian Blanchard a été tout cela. Dans une autre vie. Qu'il ne renie pas mais ne regrette pas non plus. Depuis quelques années, il s'adonne, non sans une certaine délectation, à l'observation du genre humain et à l'écriture, à travers le pamphlet (Que les gens sont laids) ou plus encore des romans noirs (Chairs amis, Brest 2020). Aujourd'hui, il a jeté l'ancre à quelques encablures de l'Elorn et a aussi fondé une société, Les Éditions du Barbu, ce qui lui permet de publier, non seulement ses œuvres mais aussi, tout ce qui lui plaît.

Machine à écrire Remington

Vos premières lectures ?

Jules Verne, Barjavel, Asimov et toute la série du Seigneur des Anneaux de Tolkien. Je n'étais pas forcément un fan de lecture. Et j'étais plus science-fiction que polar.

Celles qui vous ont le plus marqué ensuite ?

Certains classiques comme Montesquieu, La Fontaine, Voltaire. Puis, des auteurs de polars français et américains.

Comment écrivez-vous ?

Je fais beaucoup de recherches sur internet. Je ne commence pas si je n'ai pas la trame et la fin. Bien sûr, il faut une intrigue mais aussi autre chose de l'ordre de la manipulation, de la dépendance, par exemple.

Regrettez-vous votre vie d'avant ?

Si c'était à refaire, je le referais.

Quel fut votre premier livre ?

"La mort des sens", écrit en 2003. C'est un personnage qui a duré sur 5 livres. À la fin, je l'ai bien abîmé.

Celui que vous préférez ?

"Chairs amis", parce que c'est un milieu dont j'ignorais tout. C'est tiré d'un fait divers de cannibalisme et de prostitution masculine. Mais ce n'est ni gore, ni ridicule.

Où trouvez-vous votre matière ?

Je lis le journal. Ce sont les faits divers qui m'inspirent mais seulement le point de départ.

Pour le reste, inspiration ou transpiration ?

Un mélange des deux. L'inspiration ne fait pas le bouquin. Il y a des choses qui viennent toutes seules mais il faut de la transpiration pour les mettre en place. En tout cas ça reste du plaisir, jamais de la souffrance.

Le passage à l'édition allait-il de soi ?

Le problème de fond, c'est la reconnaissance. En ayant le statut d'éditeur et le fait de publier d'autres auteurs, je suis professionnellement reconnu. Je suis aussi distribué nationalement et à l'étranger.

Que publiez-vous ?

J'édite suivant le plaisir. Je suis hermétique à la poésie et au roman sentimental. J'espère que je ne fais pas du bouquin de plage, même s'il m'arrive d'en lire.

Quand écrivez-vous ?

A une époque, j'écrivais beaucoup le soir et la nuit. Maintenant je peux écrire à n'importe quel moment à condition de disposer au moins d'une heure.

Dans le genre roman noir à qui aimeriez-vous être comparé ?

Izzo, au niveau de l'écriture. J'aime aussi Coben, Connelly. Et Granger, Chattam pour les Français.

Aimeriez-vous que vos livres soient adaptés au cinéma ?

Évidemment ! C'est difficile de mettre dans un film la même chose que dans un bouquin mais ça fait partie de la reconnaissance.

Votre dernier opus s'intitule "Que les gens sont laids" : seriez-vous misanthrope ?

Non, c'est plutôt de la provoc' et de l'auto dérision. J'ai besoin des gens et de leur parler.

Les défauts pour lesquels vous avez de l'indulgence ?

La paresse ! Pas la fainéantise, ce n'est pas la même chose.

La qualité humaine que vous préférez ?

L'honnêteté, absolument.

Ce que vous abhorrez ?

Je ne supporte pas la tricherie.

Qu'appréciez-vous chez vos amis ?

Pouvoir passer avec eux de bons moments qui fassent penser à autre chose.

Quel serait votre rêve de bonheur en tant qu'auteur ?

Que quelqu'un ait envie de mettre des images sur ce qu'il a lu de moi. Mais en aucun cas, le Nobel, ni le Goncourt.

Ce que vous redoutez de perdre ?

Ma vie actuelle, ma manière de vivre, mon indépendance.

Le mot le plus beau ?

Liberté, sans aucun problème, bien que l'atteindre relève de l'utopie.

Une couleur ?

Bleu, même si j'écris du noir.

Pourriez-vous vivre ailleurs ?

J'aime beaucoup la Guadeloupe, le désert marocain, mais je n'irai pas y vivre.

Et Brest dans tout ça ?

Je suis né à Dieppe mais ce n'est pas pareil. Brest est une ville d'accueil, nettement moins superficielle que d'autres endroits. On dit qu'elle est moche, qu'il y a plein de raison pour ne pas l'aimer et pourtant on ne peut pas s'en passer. Et puis, quand on franchit le pont de Plougastel, un paysage comme ça, ça ne s'invente pas.


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