Interview-Sillage : Arnaud Le Gouëfflec
Cet article est extrait du Magazine Sillage N°115 - avril-mai 2006 |
Le côté obscur des sons et des mots
Son univers est protéiforme, labyrinthique et se nourrit d'étrange et d'obscur. Il avance pour découvrir. Et inversement. Arnaud Le Gouëfflec a déjà exploré bien des chemins qui l'ont mené de la musique à l'écriture, en passant par le dessin. Déjà remarqué avec le groupe du Petit Fossoyeur, il oeuvre désormais avec l'Orchestre Préhistorique. Auteur d'une revue littéraire le Phylute Ombilique, il a aussi vu son premier roman Basile et Massue, primé à trois reprises.
D'où venez-vous?
De Brest ! Je suis né ici mais j'ai passé mon enfance ailleurs. J'y suis revenu dès que j'ai eu l'occasion.
Enfant et adolescent, que lisiez-vous?
Céline et des poètes comme Jules Lafforgue, Verlaine et les surréalistes.
Quelles musiques écoutiez-vous?
Du rock'n'roll, surtout sa veine bizarre avec des chanteurs comme Tom Waits, Daniel Johnston. Et aussi beaucoup de chansons françaises. J'ai grandi avec Brassens.
Aujourd'hui que lisez-vous?
Je lis surtout des romans populaires du XIXe siècle : Fantomas, Rocambole...
Vos différents penchants ont-ils suivi des chemins parallèles?
Les uns nourrissent les autres. C'est le principe des vases communicants.
Comment vous définiriez-vous?
J'essaye de raconter des histoires et de construire quelque chose. C'est très instinctif et assez obscur pour moi. C'est un dessein un peu nébuleux que je découvre au fur et à mesure.
Où trouvez-vous votre inspiration?
En écoutant de la musique essentiellement.
Quelle est selon vous, à ce jour, votre oeuvre la plus aboutie?
Pour le roman, Basile et Massue et pour la musique, l'Enfer est pavé de bonnes intentions.
La plus déjantée?
En musique, La vie sous cloche, une compilation de cassettes enregistrées avec les moyens du bord et aussi le Bestiaire secret de Lord Bargamoufle au niveau de l'écriture.
Vous est-il arrivé de douter de vous?
Ah oui! Tout le temps.
Qui d'autre auriez-vous aimé être?
Personne. C'est déjà assez compliqué comme ça. Et c'est dommage de vouloir être quelqu'un d'autre.
Quel autre don de la nature auriez-vous aimé posséder?
Le don des langues.
Avez-vous un héros ou un modèle dans la vie réelle?
J'ai tendance à idéaliser certains musiciens comme Daniel Johnston, auteur prolifique indépendant. Mais je me méfie un peu de ce penchant car la réalité est souvent plus prosaïque.
Et dans la fiction?
Fantomas, un méchant de carnaval.
Quel défaut vous inspire de l'indulgence?
Presque tous!
Quelle qualité vous indispose?
Aucune!
Ce qui est impardonnable?
Tout est pardonnable. Tout est relatif.
L'enfer est-il vraiment pavé de bonnes intentions?
Je n'en sais rien.
Le principal trait de votre caractère?
Enthousiaste.
L'état présent de votre esprit?
Détendu.
Votre aphorisme favori?
Un dîner aux chandelles est long à cuire.
Si chaque jour vous disposiez de six heures de plus?
Je dormirai.
Quelles rencontres aimeriez-vous faire?
J'aimerais rencontrer Eugène Chadbourne, musicien underground américain. D'ailleurs, cela va se faire puisqu'on va jouer avec lui pendant le festival invisible (à Brest et Plougastel-Daoulas du 24 au 29 avril 2006, NDLR).
Ne plus entendre serait-il le plus grand malheur?
Ne plus voir serait encore pire.
De quoi avez-vous peur?
De la connerie.
Et Brest dans tout ça?
Je n'ai pas assez de recul par rapport à la ville. C'est un peu un OVNI dans un cadre improbable, sans doute le côté arsenal et cette tension particulière. Mais je suis attiré par Brest depuis tout petit. J'ai tout fait pour y revenir, mais je ne sais pas pourquoi. C'est quelque chose d'assez nébuleux que j'essaie d'éclaircir. J'ai l'impression d'avoir quelque chose à y faire.
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