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Histoire de la faculté des sciences de Brest

Le 9 juin 1959, la pose de la première pierre du Collège Scientifique de Brest, en présence des élus et du recteur d’Académie, signait l’aboutissement d’un long combat. Ce fut un travail gigantesque, en plein cœur de la reconstruction d’une ville de plus de cent mille habitants, entièrement dévastée à la Libération. Brest misait d’abord sur l’éducation et la conservation de sa jeunesse pour se relever.

La longue histoire de l’enseignement scientifique à Brest

Avant la Reconstruction, la ville était déjà engagée dans le domaine de la diffusion des sciences, ainsi au siècle des Lumières, alors que l’enseignement des sciences dans les collèges classiques et les universités bretonnes, aux structures héritées du Moyen-Age ou de la Renaissance reste limité, l’Académie de Marine, créée à Brest en 1746, s’empare du domaine scientifique et fait participer la cité du Ponant à la recherche la plus avancée de son temps. Peut-on vraiment parler ici d’enseignement ? « Per hanc prosunt omnibus artes » (Grâce à elle les arts profitent à tous) était sa devise et ses sociétaires vont unanimement s’attacher à la diffusion des savoirs, bien au-delà des cabinets du port de Brest, pour une vraie universalité des sciences.

Profitant de ce ferment favorable, passées les tourmentes de la Révolution et du Premier Empire, l’École de Maistrance s’ouvre à Brest en 1820 (elle comprenait à ses débuts 18 jeunes gens) et elle assure rapidement avec compétence et efficacité sa mission. En 1879, l’ancien hôpital Saint-Louis (ex séminaire des Jésuites) accueille l’école des mécaniciens de la flotte, destinée à former les techniciens embarqués et répondant aux nouveaux besoins en professions spécialisées de la Marine.

Passé le temps des très indisciplinés gardes de la Marine, s’ouvre à bord de l’Orion puis du Borda, l’École Navale embarquée qui assure aux élèves officiers une formation de haut niveau qui subsiste, dans ses grandes lignes, jusqu’à nos jours. L’École Navale rejoint les bâtiments à terre flambants neufs de Saint-Pierre Quilbignon en octobre 1935 et devient l’une des écoles d’élite du pays.

Le collège Joinville, une école préparatoire d’élite

Pendant l’Ancien Régime, la ville de Brest était très pauvre en établissements scolaires et ceux qui existaient étaient essentiellement des écoles dirigées par des frères. Répondant, tardivement pour une ville de cette importance, aux réformes entreprises par Napoléon, la ville bénéficie d’abord sous la Monarchie de Juillet d’institutions d’enseignement secondaires libres qui préparent au concours d’entrée aux grandes écoles (École Navale, Polytechnique, Saint-Cyr, Eaux et Forêt). Par ordonnance du 29 janvier 1839 fut créé à Brest le collège Joinville, dépendant de l’Université de Rennes, où étaient assurés outres les enseignements secondaires classiques, les cours de préparation aux grandes écoles.

De nombreuses personnalités de l’histoire de Brest, suivant souvent eux-mêmes les traces de leurs pères, sont passées par le collège Joinville avant la guerre, en particulier dans les classes Marine : Alain-Fournier Wikipedia-logo-v2.svg, Victor Segalen Wikipedia-logo-v2.svg, Jean Cras, Émile Guépratte Wikipedia-logo-v2.svg… Les destructions dues aux bombardements et aux très durs combats du siège de Brest n’épargnèrent pas le lycée dont il ne restait rien à la Libération. Cependant, dès la rentrée suivante, les enseignements reprenaient dans des baraques situées dans le quartier de l’Harteloire, rue de l’Observatoire.

Plusieurs enseignants du collège Joinville collaborèrent aux publications de la Société Académique de Brest, fondée en 1858 à l’initiative de Prosper Levot Wikipedia-logo-v2.svg, à vocation scientifique mais dans une optique de diffusion des connaissances. La société organisait des cycles de conférences de vulgarisation scientifique, entrecoupées de pièces de littérature et musicales. En 1901, la Société Académique est concurrencée par l’Université populaire brestoise, d’inspiration nettement socialiste (l’ingénieur Camille Tissot en est l’un des chefs de fil) et qui proposait des enseignements et des cycles de conférences.

La Seconde Guerre mondiale anéanti tout ou presque de ce brillant héritage scientifique : à la Libération, tout ou presque était à recréer. La ville en reconstruction devait diversifier son économie qui n’était plus tournée que vers la Défense, attirer des industries et pour cela leur offrir la possibilité de trouver sur place les ingénieurs et les cadres dirigeants. Quatre orientations sont alors privilégiées : les sciences de la mer, l’agro-alimentaire, la chimie fine et la chimie marine et surtout l’électronique.

Le ministre de l’Éducation avait en vue l’ouverture de sept collèges scientifiques (le temps de la Reconstruction privilégiait la science pour redorer le blason du pays), Brest allait avoir sa part, sous la tutelle rennaise toutefois. Le doyen de l’université de Rennes, Henri Le Moal Wikipedia-logo-v2.svg, prit le projet à bras le corps, ardemment soutenu par le maire de Brest, Georges Lombard et par l’historien Yves Le Gallo Wikipedia-logo-v2.svg, alors jeune agrégé, qui sera le chantre du développement de l’enseignement supérieur à Brest.

Pour la cité du Ponant, il s’agissait bien plus encore que d’accéder aux étoiles de l’enseignement supérieur, il s’agissait de se recréer une identité, à travers sa jeunesse, associée à la démarche de consolidation de l’économie locale et de reconquête d’une ville nouvelle avec un réel enracinement culturel régional. La municipalité Jaouen désigna un terrain, que l’on voulait central (en attendant la construction des bâtiments définitifs), au carrefour des rues Duquesne, de l’Harteloire et de l’avenue Foch, soit à l’emplacement de l’actuelle faculté Victor Segalen. Le financement, qui revenait à la ville de Brest, 100 millions de francs, fut obtenu grâce à une subvention de 10 millions du ministère de l’Éducation nationale et un prêt bancaire, accordé 7 mois avant la date fixée par le ministre pour l’achèvement des travaux. Trois municipalités successives, de tendances politiques différentes, (les maires Jaouen ,Kervern, Lombard) se sont attelées avec énergie à ce projet. C’est la municipalité Lombard, quelques jours après son élection, qui désigna le 5 avril 1959 les architectes (cabinet Péron de Brest) du programme universitaire. En quelques semaines sortirent de terre plus de 1 000 m2 de bâtiments comprenant un amphithéâtre de 200 places, une salle de cours pour 100 étudiants avec ses annexes (salle de préparation, réserve, bureaux, trois salles de travaux pratiques de physique-chimie, biologie animale, végétale, géologie et minéralogie et les locaux nécessaires au fonctionnement de la direction, de la bibliothèque, du secrétariat, des services généraux sans oublier le restaurant et le foyer des étudiants. Un record de construction qui donne le ton de la nouvelle municipalité Lombard qui portera le développement de l’enseignement supérieur à Brest à bout de bras.

Le 1er octobre 1959, Georges Lombard Wikipedia-logo-v2.svg remettait à l’Université de Rennes, représentée par le recteur Henry et le doyen Le Moal, les locaux provisoires du Collège Scientifique. L’aventure universitaire dont Brest avait tant rêvé commençait enfin ! La première rentrée universitaire eut lieu le 19 octobre, les étudiants affluèrent (ils furent 248 cette première année, 322 en 1960, 43 en 1961) et le personnel enseignant s’avéra très vite être en nombre insuffisant : il fallut faire appel aux professeurs du Lycée de Brest et de l’École Navale, en attendant de nouveaux recrutements.

Venu à Brest pour la rentrée solennelle du CSU, le 15 novembre 1959, Gaston Berger Wikipedia-logo-v2.svg, directeur général des Enseignements Supérieurs, habilement conseillé par Henri Le Moal Wikipedia-logo-v2.svg, annonça la création proche d’un Collège Littéraire. La municipalité brestoise, faisant front face aux réticences de Rennes, à qui il semblait que l’on retirait un peu trop ses prérogatives d’Académie et de Nantes, qui était promise à un nouvel avenir universitaire, mis le CLU en chantier quelques mois plus tard.

Déjà, la municipalité étudiant sérieusement les plans du Collège Scientifique définitif pour lequel des crédits importants étaient inscrits à la loi programme. Le plateau du Bouguen, où l’Etat était propriétaire d’un peu plus de 30 hectares, fut retenu comme lieu d’implantation des nouveaux bâtiments. Le 2 juillet 1963, le cabinet d’architectes DPLG Auffret et Tourry de Saint-Malo fournit les plans d’exécution du CSU dont les travaux furent estimés à 12 650 000 francs.

Collège Joinville

L'enseignement et la recherche au Collège Scientifique

A partir d'octobre 1962, la mise en service des nouveaux bâtiments construits sur le plateau du Bouguen allait permettre un développement progressif des enseignements de licence et la mise en place des laboratoires de recherche.

L'essor de l'établissement est, dès lors, extrêmement rapide puisque l'effectif des étudiants est passé de 623 à la rentrée de 1962, à 1164 à la rentrée de 1964, à 1420 à celle de 1965. A la rentrée 1966, le CSU accueillit 1530 étudiants. Cet élan est confirmé par la comparaison avec l'université de Rennes (dont dépend toujours le Centre Universitaire brestois). En 1959, le nombre d'étudiants brestois de première année de science correspond à 27 % du nombre d'étudiants rennais ; en 1963, il est de 70 % (1).

Le corps enseignant n'a cessé de se développer au fur et à mesure de l'augmentation des effectifs des étudiants et de la mise en place de nouvelles matières. Le CSU disposait, à la rentrée de 1959, de 10 enseignants et de 2 moniteurs. A la rentrée de 1966, l'enseignement est dispensé à la faculté par 21 professeurs ou maîtres de conférences, 26 maîtres-assistants ou chefs de travaux et 36 assistants, soit approximativement 1 enseignant pour 30 étudiants. Ce corps professoral est assisté de 26 moniteurs d’État et par un personnel technique et de laboratoire (2).

Malgré sa belle expansion, l'implantation universitaire brestoise a toutefois ses limites car les crédits sont monopolisés par l'Université de Rennes et répartis chichement à Brest, enfin nombre des enseignants exercent autant à Brest qu'à Rennes, d'où un absentéisme chronique dont les étudiants commencent à pâtir. Ainsi, l'ombre de l'Université de Rennes est ressentie de façon de plus en plus oppressante à Brest et nombre d'étudiants, notamment ceux issus des milieux aisés, préfèrent rejoindre directement Rennes voire Paris où ils pourront assurer l'ensemble de leurs cursus universitaires dans les meilleures conditions de travail (3).

Par décret du 5 novembre 1966, avec effet au 1er octobre 1966, le CSU est transformé en Faculté des Sciences autonome rattachée à l'Université de Rennes. La question du partage des budgets, et des travaux de recherches, est temporairement résolue. Dès l'année universitaire 1967-1968, la saturation des locaux, conçus pour recevoir 1400 étudiants, préoccupe l'administration de la jeune faculté, d'autant que 2500 étudiants sont attendus pour l'année suivante. Dans le cadre du 5e plan, une extension de 15 000 m2, correspondant au doublement des installations, est heureusement obtenue.

Liste établie par ordre chronologique des certificats d'études supérieurs enseignés au CSU :

1959 :

  • Certificats d’Études Supérieures préparatoires de :
  • Mathématiques générales et Physiques (MGP)
  • Mathématiques, physique et chimie (MPC)
  • Sciences physiques, chimiques et naturelles (SPCN)

1962 :

  • Techniques mathématiques de la physique (TMP)
  • Électricité et optique

1963 :

  • Thermodynamique et mécanique physique
  • Chimie organique
  • Chimie générale I
  • Électronique

1964 :

  • Mécanique générale
  • Physique expérimentale
  • Chimie générale II
  • Chimie minérale
  • Certificat préparatoire aux Etudes Médicales (CPEM)

1965 :

  • Mathématiques I
  • Algèbre

Les enseignements dispensés par la Faculté au cours de l'année 1966-1967

1er cycle

  • Première année du diplôme universitaire d'études scientifiques de mathématiques et de physique (MP)
  • Première année du diplôme universitaire de mathématiques et e Physique (MP)
  • Première année du diplôme universitaire d'études scientifiques de Chimie et de Biologie (CB)
  • Première année du diplôme universitaire d'études scientifiques de Biologie et de Géologie (BG)
  • Certificat préparatoire aux études médicales (CPEM)

2ème cycle

Les certificats d'étude supérieure de

  • Algèbre
  • Botanique (nouvel enseignement)
  • Chimie générale I (atomistique et structurale)
  • Chimie générale II (thermodynamique et cinétique)
  • Chimie minérale
  • Chimie organique
  • Electricité
  • Electronique
  • Géologie générale (nouvel enseignement)
  • Mathématiques I
  • Mathématiques II (nouvel enseignement)
  • Mécanique générale
  • Optique
  • Physique expérimentale
  • Probabilités et statistique (nouvel enseignement)
  • Technique mathématique de la physique (TMP)
  • Thermodynamique et mécanique physique
  • Zoologie (nouvel enseignement)

3éme cycle

  • Physique expérimentale
  • Chimie générale II
  • Chimie minérale
  • Certificat préparatoire aux Etudes Médicales (CPEM)
  • Préparation au certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire (CAPES) de sciences physiques et sciences mathématiques.
  • Diplôme d'études supérieures de sciences physiques et de sciences naturelles
  • Diplôme d'études approfondies de chimie structurale (nouvel enseignement)
  • Doctorat d'Etat
  • Diplôme de docteur ingénieur

Les laboratoires de recherche

Indispensables à la vie normale de la faculté, ils ont été mis en place progressivement, à partir d'octobre 1962, dans les nouveaux bâtiments du Bouguen. Il existe en 1965 :

  • en physique : 7 laboratoires de recherches
  • en chimie : 5 laboratoires de recherches (chimie organique, synthèse organique, chimie analytique, spectrochimie moléculaire, chimie minérale)
  • en biologie animale : 2 laboratoires de recherches

La section mathématique anime, par ailleurs, un groupe de recherches et d'initiation des jeunes étudiants à la recherche mathématique. Ses travaux sont particulièrement orientés vers deux options : l'algèbre et la géométrie différentielle.

Voir aussi

Outils personnels