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De Wiki-Brest

Dossier publié par le journal belge POUR

La Bretagne en noir et en rouge

Enfant ramassant le pétrole.jpg

Jeudi 16 mars -22h50 L'amoco Cadiz se brise sur les rochers. La bretagne est dévastée par un raz de marée de pétrole. Sur des centaines de kilomètres de côtes, une laque noire a figé le paysage et les vagues. Sur place nous avons recueilli, dans un climat de désolation et de révolte les témoignages de pêcheurs, de paysans-travailleurs, de marins, de poissonniers, d'ouvriers , de volontaires ..

Le jour de Pâques, en plein centre de Brest, les grenades ont éclaté. Comme à Malville les CRS étaient là pour disperser les 15 000 manifestants. "Ouvrez les yeux, fermez la télé" car demain le silence viendra du ciel, moins d'un oiseau sur mille échappera au massacre.

16 pages de reportages, d'interview, de témoignages et de photos. Un numéro spécial de l'hebdomadaire POUR -1er avril 78 -

Le Monstre saigne

Jeudi 16 mars au matin.

Le pétrolier géant "Amoco Cadiz" longe les côtes bretonnes.

Pour gagner du temps ("le temps c'est de l'argent") il s'écarte du couloir de navigation fixé par une convention maritime.

Mais ce couloir n'est pas encore obligatoire. Rien n'empêche les navires de s'en écarter.

C'est le cas de l'"Amoco Cadiz" qui s'approche de la côte française.

A midi, il a des ennuis de gouvernail.

Un remorqueur le "Pacific" propose son "aide". Des tractations s'engagent pour fixer le prix du sauvetage. Le prix se négocie entre les armateurs des deux navires, aux USA et à Hambourg.

Sept heures passent, et personne ne bouge le petit doigt.

Enfin le feu vert est donné.

Mais entretemps une tempête s'est levée. Les amarres cassent les unes après les autres.

Un autre remorqueur arrive sur les lieux.

Le "Pacific" refuse son aide.

C'est une énorme partie financière qui se joue là, en effet : une prime de 10% de la valeur du pétrolier, et 10% de la valeur de la cargaison en cas de sauvetage.

Et le "Pacific" qui ne parvient pas à amarrer l'"Amoco Cadiz" s'obstine dans son refus, car il devrait partager cette énorme somme en jeu. Avec les heures, la situation empire.

Malgré cela, pétrolier et remorqueur continuent à "jouer" à à la dangereuse partie de "roulette russe". A 22h42, enfin, un signal de détresse est lancé par le pétrolier.

Il est trop tard.

Et quelques heures après, l'"Amoco Cadiz" se plante sur les rochers de Portsall.

C'est le drame.

Le pétrole s'écoule des flancs du navire et dérive vers les côtes en une large flaque noire de centaines de kilomètres carrés. Et bientôt elle se dépose sur les plages bretonnes.

Pourquoi les autorités maritimes françaises n'ont-elles envoyé aucune aide au pétrolier en détresse  ?

Elles étaient au courant puisque toutes les tractations passaient par radio, mais personne n'a bougé.

Bien sur, officiellement elles ne sont pas obligées d'intervenir, tant qu'un appel explicite ne le leur demande.

N'empêche ces autorités connaissaient l'ampleur du drame qui se préparait. Elles ont laissé faire. Au nom de la "libre-entreprise" sans doute. Pourtant si elles avaient agi tout de suite, avant que la tempête ne se lève, on aurait pu éviter la catastrophe.

Pourquoi le commandant de l'"Amoco Cadiz" a-t-il attendu 12 heures pour lancer cet appel à l'aide ? Il n'a sans doute fait qu'obéir aux ordres du propriétaire du navire.

Pour eux, il était sans doute préférable que les autorités ne jettent un œil curieux sur le navire. En effet celui-ci naviguait sous "pavillon de complaisance", ce pavillon sert dans beaucoup de cas à contourner les normes de sécurité et les conventions maritimes internationales.

Cela les autorités le savent très bien aussi.

Mais on ferme les yeux.

Et à force de fermer les yeux sur les affaires de gros sous, on finit par jouer avec la vie d'une région.

Le chômage pour les travailleurs, les marins, les pêcheurs ; la destruction de la faune et de la flore marine, la disparition des oiseaux.


Bénévoles et pompes à lisier.jpg
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