Cimetière de Brest Saint-Martin
Sommaire
La Création
Le cimetière de Brest appelé maintenant St Martin du nom du quartier où il se trouve, pour le différencier de celui de Kerfautras, partage son ancienneté avec celui de Recouvrance. Tous deux datent de la fin du 18ème siècle après le décret qui a interdit d'inhumer dans les villes; tous deux ont été rattrapés par les habitations. Celui de St Martin qui à son origine se trouvait à la campagne, fut agrandi trois fois et s'étend aujourd'hui sur 6 hectares, mais ne pourra plus être agrandi. Il abrite quelques 11.400 sépultures mais on ne sait combien de personnes. Des champs furent loués pour l'installer, à Messieurs de Coataudon et Duret entre autres, sur la commune de Lambézellec alors considérée comme la plus grande commune de France, annexée en partie en 1861 par la ville de Brest à l'étroit dans ses remparts, sous la municipalité BIZET. La place de la Liberté s'appelait alors la place du roi de Rome, et le quartier St Martin Bel Air il est ensuite devenu l'annexion.
Le quartier
Dès l'installation du cimetière, une chapelle en bois fut construite à la demande des habitants, ainsi que quelques habitations, et on milita pour la construction d'une église, Celle-ci fut consacrée en 1881, et en reconnaissance du militantisme à son sujet de la part de Hyacinthe Martin BIZET alors maire de Brest, l'évêque de Quimper lui donna son second prénom, mais Monsieur BIZET était déjà décédé depuis plus de deux ans.
La religion
Le cimetière était exclusivement catholique jusqu'à la séparation de l'église et de l'état en 1905; il fallait être baptisé pour pouvoir y être inhumé ainsi un enfant mort né n'était pas enterré avec sa mère si celle-ci décédait à la naissance de son enfant.. A Recouvrance, un cimetière des noyés, rassemblait les personnes trouvées dans l'eau sans renseignement quant à leur religion. Les israélites avaient demandé un emplacement qu'ils installèrent et entretinrent à leurs frais. Cet emplacement clos de hauts murs, existe encore mais on n'y trouve plus que de vieilles tombes dont celles de la famille CERF MAYER qui possédait une entreprise de toile cirée et chapeaux vernis à Kerinou. Un de leur fils fut médecin de marine. Depuis 1905, les maires ont l'obligation d'inhumer les personnes sans distinction de religion. Les musulmans sont inhumés à Kerfautras tournés vers la Mecque comme l'exige leur religion.
Les décors
A St Martin on peut voir énormément de croix vestiges de l'époque si chrétienne, mais aussi différents décors, des colonnes tronquées qui signifient que la vie n'est pas allée à son terme, des boules et des pattes de lion sur lesquels sont posées des maies très lourdes en granit, des flambeaux renversés souvent posés dans le coin des chapelles et qui signifient le deuil, des urnes ailées pour l'envol de l'âme, parfois des faux qui fauchent la vie, et même un crane et des tibias, Quelques tombes armoriées se trouvent aussi dans différents carrés. Il est difficile de faire une découverte à thème tant les tombes sont éparpillées.
Les matériaux
Les matériaux utilisés sont principalement le kersanton en provenance du bassin du Daoulas et dont la couleur grise s'harmonise bien avec le deuil; çà et là du granit a aussi été employé parfois poli selon le procédé inventé par les marbriers sculpteurs POILLEU et qui se confond avec le marbre, peu de schiste en provenance du bassin de Chateaulin ou d'Angers (ce matériau vieillit très mal et se sépare en couches), quelques décors en marbre blanc, mais aussi quelques tombes de ce même matériau qui ont mal vécu le climat breton et ont considérablement noirci surtout quand elles manquent d'entretien,.
Les marbriers
Différents marbriers ont signé les tombes: Guermeur, Lapierre, Réto, Metterie mais les plus importants sont les POILLEU qui ont créé toute une dynastie de marbriers sculpteurs. Le premier venu à Brest comme maitre canonnier, rien ne le prédisposait à faire ce métier. La plus belle tombe celle d'une petite fille est leur oeuvre et a été primée à l'exposition de Londres en 1851. Par le suite Marcel RUZ dont le magasin des Pompes Funèbres des communes associées porte encore le nom, racheta dans les années 1937/38, les successions des marbriers POILLEU et METTERIE, en 1939 il racheta l'affaire du marbrier GUERMEUR.
La végétation
Des arbres sont plantés dans tous les cimetières afin d'y apporter un peu de vie; dans les temps lointains ceux du cimetière de Brest arrivés en fin de vie, furent vendus et la somme retirée de cette vente, permit d'acheter de nouvelles espèces. Ceux qui se trouvent actuellement dans le cimetière, ont été taillés par un professionnel il y a deux ans environ, et si élagués que cela fit craindre une mutilation; au contraire, la repousse donnant un autre aspect à ces arbres, a été plutôt agréable. Lorsqu'il s'agit d'arbres à feuilles caduques, les ouvriers sont confrontés à un important travail de ramassage des feuilles à l'automne.
Quelques palmiers plantés notamment autour de la tombe de la famille STEARS se sont bien implantés, c'est un arbre qui se plait d'ailleurs en Bretagne.Celui qui se trouvait dans l'enclos des israélites avait survécu à la guerre et portait une blessure sur son tronc; on pensa un temps qu'il s'agissait d'une blessure due à un éclat d'obus, mais lorsque l'arbre s'effondra il y a quelques hivers, on s'aperçut qu'il s'agissait en fait d'une maladie, et le palmier perdit ainsi sa légende, Quelques camélias laissés par les familles, ont pris racine et s'élèvent désormais vers le ciel fleurissant au printemps apportant une note de couleur (deux d'entre eux bouchent l'accès à la tombe MONGE au carré 15, et il a fallu les élaguer). Un rhododendron qui a la même origine, fleurit au carré 5.
Les monuments à usage collectif
Tout d'abord la chapelle œuvre de l'architecte POULIQUEN dont l'oncle fut maire de Brest de 1800 à 1802, construite à partir de 1827 fut inaugurée en 1830. A son origine la couverture était en plomb et fut remplacée par du zinc laminé. En 1877 elle était en mauvais état et nécessitait des travaux demandés par l'aumônier, une partie seulement lui fut accordée faute de moyens financiers. Elle possédait une crypte où l'on entreposait les corps comme le furent ceux du Baron LACROSSE, du Député Alexis BRUNEL tous deux décédés à Paris et inhumés à Brest après une cérémonie faite dans la chapelle, Désormais cette chapelle est désaffectée et le columbarium y est installé; il avait été prévu un jardin tout autour, cela ne s'est pas fait et maintenant il n'y a plus de place pour cela.
Le deuxième monument collectif est la croix dont le christ d'origine était en bois polychrome oeuvre du sculpteur Yves COLLET. Le socle a été fait avec l'aide des forçats, en collaboration avec le premier préfet maritime CAFARELLI et le maire Jean Maurice POULIQUEN.
La guerre et le cimetière
Étonnamment si le cimetière a souffert de la seconde guerre mondiale, on peut remarquer quelques dégâts dus à des éclats d'obus, il n'y a pas eu de destruction massive et ce qui reste de l'histoire de Brest est encore là,
Des combats ont cependant eu lieu à l'intérieur durant le siège de Brest, une photo laisse voir un américain se cachant derrière une tombe. Monsieur LABAT ancien transporteur s'y est aussi caché, mais n'a malheureusement pas laissé d'écrit malgré la demande de sa fille devenue Madame PONDAVEN épouse aussi d'un transporteur, qu'il trouvait trop jeune pour faire ce travail et ses souvenirs ont disparu avec lui,
La grille a dû être remplacée et c'est le marbrier RUZ et ses ouvriers qui s'en sont chargés; elle était plus travaillée avant la guerre, et le matériau d'après guerre s'étant vite détérioré, il a fallu en construire une seconde. Il y a deux ans, des travaux assez considérables d'électrification ont été effectués sur toutes les grilles des cimetières brestois; ils ont été la cause du décès du gardien Albert BRETON très apprécié des visiteurs et qui a laissé sa vie sous une partie de la porte du cimetière de Kerfautras le jour de Pâques.
Les constructions
A l'origine du cimetière, deux constructions ont été bâties de part et d'autre d'une allée pour y loger le sacristain et le fossoyeur; un puits (il n'y avait pas d'eau courante à Brest qui s'alimentait en eau grâce à des sources), se trouvait aussi non loin de là.
Quelques prêtres reposent au pied de la croix dont l'aumônier mais aussi le curé de St Louis Monsieur LE BESCOND DE COATPONT qui avait tant de mal avec ses paroissiens au moment de la Révolution. Ces constructions n'existent plus; la porte d'entrée au cimetière a été déplacée et se trouve désormais face à la sortie de l'église St Martin depuis que la rue y menant a été percée, l'emplacement primitif se remarque encore dans le mur de clôture. Des fosses communes se trouvaient également dans la partie basse du cimetière. Ne restent que les tombes à perpétuité.
Les clôtures
Le cimetière qui se trouvait en plein champs dû être clôturé, les animaux errants cherchant à déterrer les cadavres la nuit, et les brestois se livrant le jour à différentes turpitudes. On y pensait déjà sous la municipalité de Charles Louis GILLARD 1795-1797 mais les ressources de la ville étaient bien maigres et il y avait d'autres priorités. Ce fut sous la municipalité de Jean Maurice POULIQUEN 1800-1802 qu'une première clôture en bois fut érigée en même temps qu'un agrandissement du cimetière.
Cette clôture n'étant pas suffisamment dissuasive, il fallut la remplacer par une clôture en pierre, cela se fit sous la municipalité de Charles SALAUN PENQUER 1871-1880. Ces hauts murs n'empêchent cependant pas les vols de nuits notamment des autels en marbre qui se trouvent dans les chapelles.
L'histoire
Le cimetière de Brest St Martin est celui qui renferme le plus d'histoire concernant la ville depuis le 18ème siècle jusqu'à nos jours. La ville de Brest ayant pratiquement tout perdu lors de la seconde guerre mondiale, il est dommage que l'on ne se soit pas intéressé plus tôt à son histoire par ceux qui y avaient vécu; ils ont traversé les divers régimes politiques et ont participé aux différentes guerres de l'Empire notamment.
Le devenir
Le cimetière offre désormais un triste état la plupart des tombes et monuments anciens étant délabrées faute d'entretien; elles ont subit les outrages du temps et des intempéries. Les familles ont disparu pour certaines, d'autres se sont considérablement élargies et sont parties dans divers horizons, d'autres sont encore présentes mais si elles n'ont pas oublié leur ou leurs lointains et parfois glorieux ancêtres, elles se sont désintéressées de leur sépulture pensant à tort que son entretien revenait à la municipalité. Or, nul autre que le propriétaire ou ses descendants, n'a le droit de toucher à une perpétuité. C'est pourquoi des procédures sont en cours après avoir établi un relevé minutieux des tombes existantes; les tombes en reprise sont affichées à l'entrée du cimetière afin de sensibiliser les familles, sans réponse de leur part, les tombes deviendront propriété de la ville mais aura-t-elle les moyens financiers pour les remettre en état?
Certains monuments avait une valeur architecturale certaine et en 1975 la DRAC (Direction des Arts et de la Culture) s'y était intéressée avec pour objectif un classement aux monuments historiques. Ce travail n'a pas été porté à son terme et on peut le regretter.
Un cimetière n'est pas forcément un lieu morbide, on peut le considérer comme un jardin qu'il est agréable d'arpenter dans le calme au milieu de l'agitation de la ville.
Galerie photos
Tombe de Marie Lenéru
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