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Activités socio-culturelles en direction des adultes au PLM Sanquer

L’équipe d’animation de 1949


Si, à l'époque bouleversée de l'immédiat après-guerre, dans une ville dévastée où les réfugiés reviennent nombreux, le souci primordial pour les militants de la première heure, est l'intérêt des enfants, les adultes du quartier n'en sont pas pour autant oubliés. La même passion et le même enthousiasme font naître et prospérer toute une gamme d'activités, permettant ainsi au patro de prendre sa place dans la vie du quartier.

C'est tout d'abord la section artistique qui se met au travail dès 1946, sous la direction du dynamique et talentueux M. Yves Baot. Hormis Monsieur et Madame Baot, couple déjà habitué à se produire sur les scènes brestoises ainsi que Louis Mayis, les acteurs sont des débutants, mais sont tous des passionnés de la scène et les talents s'affirment très vite. Leur fougue est communicative et très vite de nouvelles recrues viennent grossir les rangs : acteurs, chanteurs et danseuses, musiciens, accessoiristes, responsables des décors, qui n'hésitent pas à se lancer quand il le faut dans la figuration, ils forment une joyeuse équipe d'une quarantaine de copains consacrant à la réalisation des spectacles une grande partie de leurs loisirs pourtant réduits à cette époque ! (On est encore bien loin des trente neuf heures hebdomadaires de travail et de la cinquième semaine de congés payés !). Lors des représentations, tous les bras du patro sont là pour démonter et déménager les décors. Les sportifs n'hésitent pas à devenir figurants, tour à tour gondoliers, conducteurs de pousse-pousse ou bateliers de la Volga selon les besoins du spectacle. Les adhérents actuels qui ont participé à cette belle aventure, aiment à évoquer la fièvre des spectacles, les moments d'émotion et aussi les incidents cocasses qui ne manquaient pas de se produire : tel ce charmeur de serpents regardant avec stupéfaction le reptile qu'il était censé subjuguer, s'envolant dans les airs et disparaissant, entraîné par un machiniste étourdi qui continuait à tirer sur le fil... C'est en 1947 que le groupe artistique affronte pour la première fois les feux de la rampe. Malheureusement, la représentation inaugurale prévue dans la grande "salle en bois "du patro remarquablement aménagée par l'équipe des "Travailleurs", devra avoir lieu au P.L. Guérin, l'explosion de "l'Ocean Liberty" ayant réduit tous ces efforts à néant.

Un franc succès récompense et encourage l'équipe qui se prend au jeu et monte chaque année un nouveau spectacle. Elle se produit dans tous les patronages laïques de Brest devant des salles combles, mais sa réputation s'étend dans tout le Finistère puisqu'on la réclame à la Forêt-Landerneau, à Daoulas, au Faou, Quéménéven, Douarnenez. Les recettes sont bienvenues pour soutenir financièrement les autres sections du patro, notamment la section enfance. La solidarité extérieure n'est pas non plus oubliée, car les acteurs se produisent aussi dans des galas de bienfaisance au profit des vieillards de l'hôpital Ponchelet ou des chômeurs, ou encore des grévistes (grèves des ouvriers des Charbonnages du port de commerce, grève de l'Arsenal en 1951 ...). Des succès aux concours U.F.O.L.E.A. montrent aussi la qualité des réalisations mais le manque de ressources du patronage ne permet pas à la troupe de défendre ses chances hors du département, à l'échelon régional voire national !

De tous les spectacles, ce sont sans nul cloute les fameuses revues créées par l'étonnant Marcel Laurent qui ont laissé aux acteurs et aux spectateurs de l'époque les souvenirs les plus vifs. On ne peut qu'admirer les multiples facettes du talent de ce chef d'équipe de l'arsenal : producteur, metteur en scène, mais également menuisier, peintre, électricien. Il révéla aussi un don réel pour l'écriture. Parmi la dizaine de revues dont il est l'auteur, citons en quelques unes qui remportèrent un véritable triomphe :

En 1949, "Voyage autour du Monde" (quarante artistes, quatre-vingt costumes, cinq ballets dans une succession de dix tableaux plus hauts en couleurs les uns que les autres).

"Voyage autour du Monde"- 1949


En 1950, "Brest au fil des ans" : évocation émue du Brest pittoresque d'avant la guerre, si cher au coeur des brestois, avec son marché Pouliquen, son Grand Pont, son tram. Puis, sur le mode humoristique, le Brest "ville en bois" dans lequel ils vivaient. Enfin, projection optimiste dans un avenir lointain (1970 !) Brest ville heureuse où les robots se chargeraient de toutes les tâches pénibles et où les "ouvriers du Port" gagneraient leur vie en travaillant trois heures, trois jours par semaine, à la construction des hélicoptères qui remplaceraient les voitures.

On pourrait parler aussi de "Vagabondages", de "Jase, brestois", de "Si ton père était charcutier...", pour souligner le génie inventif de Marcel Laurent à qui l'on doit également les deux hymnes à la gloire du patro qui scandaient la marche des jeunes Sanquérois, lors des défilés de la fête des Ecoles Publiques ou de la Fête de la Jeunesse.

Dix années durant, l'activité et le succès de la troupe Sanquéroise font la fierté du patronage. Hélas les années soixante, avec les difficultés de la reconstruction, le manque de locaux, la concurrence de nouvelles salles de cinéma, de nouvelles formes de loisirs, surtout la télévision, provoquent le déclin de la section artistique et finalement sa disparition. II faudra attendre 1980 pour qu'elle renaisse de ses cendres grâce à Gérard Le Gall, fils de l'un des acteurs de la première heure, Jean Le Gall. PATROTO, c'est le nom que se donne la nouvelle section, ne cherche pas à jouer les ouvres d'un répertoire déjà consacré, mais préfère mouler et présenter des créations collectives originales sur des scénarios écrits par Gérard Le Gall. Celui-ci aime surtout puiser son inspiration dans l'histoire de Brest. Plusieurs de ses créations ressuscitent avec vigueur et vérité la vie de notre cité à diverses époques, les joies et les peines de son petit peuple, ses combats pour une plus grande justice sociale. Dans ce registre, citons "LA CHIOURME", "GRAINE DE GUEUX", ou encore "BARBARA". Les spectacles réalisés par Patroto ne sombrent jamais dans la monotonie. Les thèmes les plus variés sont abordés sur des registres totalement différents : humour et dérision, rêve et émotion, alternent avec un égal bonheur. L'évocation chronologique des créations PATROTO rappellera, à tous ceux qui y ont assisté, des soirées de qualité :

  • 1980 "Le chevalier des causes perdues "
  • 1982 "L'Assassin est à la page 335"
  • 1983 "Kermen"
  • 1984 "Faut-il coucher avec la fille pour épouser la mère ?"
  • 1986 "La Chiourme"
  • 1988 "Rappelle-toi, Maryline"
  • 1989 "Pastiche séries chéries"
  • 1990 "Quelque part dans un rêve" et "Cherchez la Femme"
  • 1991 "Le train sifflera peut-être"
  • 1992 "Barbara"
  • 1994 "L'ascenseur "et "Graine de gueux"
  • 1995 "Pas de jeux "et "La Famille Tott"...


Des activités disparaissent, d'autres naissent, preuve s'il en était besoin, que notre association est bien vivante, qu'elle ne s'incruste pas dans l'immobilisme et qu'elle sait allier continuité et innovation. Ainsi la bibliothèque fut un projet difficile à mettre sur pied, qui connut quelques années florissantes puis s'étiola pour s'éteindre tout à fait. Conscients du rôle de la lecture dans l'éducation permanente, les "pères-fondateurs" l'avait inscrite dans leur programme initial. Mais les obstacles furent difficiles à surmonter : il fallait trouver les livres, un local, une armoire... Les deux baraques avaient déjà tant d'usages prévus qu'il était quasi impossible d'y inclure une autre activité. Pourtant la ténacité porta ses fruits : il fut décidé que la salle où se réunissait le Conseil d'Administration accueillerait l’armoire. Petit à petit, un fonds de livres fut constitué (ouvrages offerts et achetés, les plus anciens devaient être désinfectés !). Enfin, en 1951, les adhérents du patro purent emprunter des livres. Un jeune basketteur de l'époque se souvient : "tous les samedis après-midi, Mesdames Le Tallec, Drézen, Kerjean, ainsi que Mademoiselle Le Tallec assuraient la permanence de la bibliothèque, dans la salle du C.A., à l'entrée du patro. On nous priait de ne pas être trop bruyants dans nos ébats sous les panneaux. Nous avions intérêt à être discrets, faute de quoi il nous était demandé d'effectuer quelques travaux..."

Mais là encore, la concurrence de dame Télévision dans les années 1960, explique le déclin de la fréquentation. D'autre part, à partir de la décennie 1970, le développement remarquable de la Bibliothèque Municipale de Brest, avec d'abord ses bibliobus sillonnant les quartiers, puis la création progressive des bibliothèques-annexes, amène le patro à modifier son action et à l'orienter vers une politique d'aide à la lecture par le truchement de l'ordinateur : c'est le point-accueil lecture dont nous avons déjà parlé et qui est ouvert non seulement aux enfants, mais aussi aux adultes qui le souhaitent.

Autre innovation : depuis 1989, la collaboration P.L. Pilier-Rouge - P.L. Sanquer a permis l'essor de la section vidéo-cinéma "Iris-Film" qui dispose de tables de montage et de caméras semi-professionnelles. Les adhérents travaillent en équipe et s'initient à la réalisation de scénarios et reportages ; ils montent les films et les sonorisent. Lors des assemblées générales annuelles, en particulier ils nous présentent une rétrospective colorée et animée de toutes les activités et de tous les temps forts de l'année écoulée.

Equipe d’Iris Film pendant un montage vidéo


Quant aux activités de la Section des Retraités, cartes et dominos, elles se sont maintenues à travers ce demi-siècle sans "prendre une ride"! Seule petite révolution, en 1982, suivant l'évolution des moeurs, le groupe des anciens jusqu'alors exclusivement masculin, s'est ouvert aux dames !

On ne saurait conclure sans mentionner l'action du comité de loisirs devenu aujourd'hui "commission loisirs" et dont le rôle est si important pour maintenir la cohésion et le fameux "esprit Patro". Lorsque les plus anciens adhérents évoquent leurs souvenirs, c'est le terme de "grande famille "qui revient sans cesse dans leurs propos. Cette notion de Famille a beaucoup d'importance, ce sont effectivement des familles, les parents suivis des enfants puis, plus tard, des petits enfants, qui ont cimenté l'esprit du patro, chacun s'impliquant selon son âge, ses compétences et ses goûts, et donnant en tous cas le meilleur de lui-même.

Le comité des loisirs avait pour tâche de programmer et d'organiser les réjouissances pour tous : Grands et Petits. Ce n'était pas une mince affaire car les festivités se succédaient à un rythme soutenu dans cette période d'après-guerre où chacun voulait rattraper le temps perdu. C'étaient d'abord les kermesses (parfois deux fois par an !) dont le déroulement (outre la préparation de longue haleine) mobilisait la grande majorité des patronnés durant tout un week-end : nombreux stands qu'il fallait tenir, monter et démonter, animations les plus diverses (fanfares, jeux, apéritifs-concerts...) et enfin, le grand bal qui clôturait la fête dans la grande "salle en bois", pour la grande joie de tout le quartier. C'étaient aussi les radio-crochets, amusement caractéristique de l'après-guerre qui connut un grand engouement du public. Ainsi en mars 1948, un de ces concours opposant deux listes de chanteurs sur le thème "Chansons d'hier contre aujourd'hui", remporta un tel succès qu'il fallut "récidiver" quinze jours plus tard ! Les "sauteries" du dimanche après-midi et les grands "bals de nuit" organisés de façon parfaite remportaient aussi un franc succès : des membres du patro étaient spécialisés dans le service d'ordre ; les "videurs "étaient prévus, les mamans qui accompagnaient leurs demoiselles bénéficiaient d'une entrée gratuite...

Enfin, les sorties familiales estivales ! En ces années où l'automobile ne régnait pas encore en maîtresse absolue, on imagine combien ces escapades hors de Brest réjouissaient grands et petits. II fallait réserver longtemps à l'avance cars ou bateaux (les vapeurs-Brestois) et négocier les tarifs pour qu'ils soient accessibles aux petits budgets : là encore laissons parler les souvenirs : "Le rendez-vous était au patro. Tous ensemble, nous descendions vers le port de Commerce pour embarquer sur un Vapeur-Brestois, direction Le Fret ou Quélern".

Arrivés là, nous n'étions pas au bout du voyage ! Nous devions parcourir quelques kilomètres à pied jusqu' à Trezrouz, face à Camaret. Comme les sanquérois n'oubliaient jamais leurs "réserves de guerre", les bonnes volontés ne manquaient pas pour tirer la petite remorque ! Le soir, après la baignade, le pique-nique et les traditionnels concours de chants, de pétanque ou de cartes, la caravane un peu fourbue n'hésitait pas à entonner des chansons pour soutenir la marche, surtout dans la remontée du Port de Commerce vers la rue Levot et de temps en temps on pouvait entendre les paroles de l'hymne de Marcel Laurent "notre Patro Laïque" qui galvanisaient les plus fatigués !

Le mode de vie actuel ne permet plus d'envisager une telle succession de réjouissances en commun. Cependant, la commission-loisirs ponctue chaque année par une suite de manifestations qui sont encore de grands moments de convivialité : soirées moules-frites, cassoulet ou cochon grillé, réveillon du premier de l'An, fête du souvenir le 1er mai, sans oublier le bal-rétro des retraités, le 11 novembre, ou encore le super loto, sont autant d'occasions permettant à chacun de sortir de sa section et de mieux connaître l'ensemble du patro. C'est encore là que le rôle social du patro se révèle. C'est cet esprit qu'il faut continuer à faire vivre coûte que coûte, car la vie associative ainsi conçue est un rempart essentiel contre l'isolement des individus et toutes les formes d'exclusion.

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