Domaines
Communes
Quartiers de Brest
Espaces de noms

Variantes
Actions
De Wiki-Brest

1951 ou l'année de gloire des basketteuses du PL Guérin

1951 est une année mémorable pour le PL Guérin.

participation au grand prix de Prague du 1er au 5 décembre 1951

Une équipe féminine de basket de la FSGT (Fédération Sportive et Gymnique du Travail)est partie pour Prague participer du 1er au 5 décembre au Grand Prix de cette ville de Tchécoslovaquie. Dans cette équipe, on trouve des joueuses d'Aix, de Villeurbanne, Ivry... et 3 joueuses du PL Guérin, de Brest même ! Ce sont Michelle Cadec, Marie Le Saout, et Jeanne Meunier.

Cette belle compétition internationale voit son intérêt croître chaque année. Cette année-là, les meilleurs équipes nationales étaient l'URSS, la Hongrie, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Pologne et France FSGT.

retour de Tchécoslovaquie

Samedi 9 décembre, le Patronage Laïque Guérin-Kérigonan fêtait, par un vin d'honneur, le retour au bercail, de 3 de ses meilleures joueuses de basket-ball, sélectionnées pour faire partie de l'équipe de France (FSGT) et participer au tournoi international de Basket à Prague.

Assistaient au pot les 3 internationales et leurs parents, R. Vergos, leur dévoué entraineur, Mme Riou, de l'union des femmes françaises, M. Menez, conseiller municipal, D. Trellu, secrétaire de la fédération du finistère du parti communiste français, Kermoal et Tanguy, secrétaire de syndicats, M. et Mme Moysan, instituteurs au Bergot, Vidroc, vice président du foyer laïque de St-Marc, les membres du C.A et de nombreux représentants de différentes sections du patronage ; soit en tout, une centaine de personnes.

M Potier, président du patronage :

" Je vous félicite Jeannette, Marie et Michelle. Par votre ardeur au travail, pendant les séances d'entrainement, votre application assidue, vous avez forcé le choix du sélectionneur chargé de former l'équipe de France de basket féminin (...) Vous êtes dignes de porter ces capes tant enviées d'internationales, tissées, pour ainsi dire, par votre valeureux et infatigable entraineur, R. Vergos !

Vous avez fait un voyage extrèmement intéressant et séjourné pendant dix jours dans un pays qui vous a accueillies admirablement. Ce pays, nous le connaissons mal. Il vous appartient à vous qui avez vu ses ouvriers au travail et sa jeunesse pratiquer les sports de nous éclairer en nous rapportant des faits tangibles, des tranches de vie... Avec votre coeur de jeunes filles, dites simplement ce que vous avez entendu !"

Alain Caro, vice-président du patronage et président du comité régional de la fédération sportive gymnique du travail :

Après avoir félicité lui aussi les championnes, il profite de l'occasion pour mettre l'accent sur le fait que les services municipaux ont démoli le terrain de basket du patronage laïque Guérin-Kérigonan, pour faire place à un centre polyvalent de médecine préventive et que la municipalité RPF n'a rien fait pour le remettre en état malgré les multiples démarches des dirigeants et des représentants qualifiés des sports à Brest.

Pendant près d'une heure, il s'en suivit un long dialogue entre la salle et les 3 héroïnes du jour. M. Potier a retranscrit en partie cet entretien :

  • y-a-t-il des patronages en Tchécoslovaquie ?

Non, car les usines en tiennent lieu. Chaque usine importante possède un stade qu'elle construit et entretient. Elle constitue en son sein des équipes sportives de toutes natures, qu'elle entraine, à ses frais, et à qui elle paie les déplacements et donne de l'argent de poche. L'équipe de France, dès son arrivée, a été prise en charge par une usine de matériel téléphonique.

  • qui vous a entretenu pendant votre séjour ?

Cette usine a mis un car à notre disposition avec une interprète. De plus, nous avons reçu 1200 couronnes d'argent de poche.

  • Que gagne un ouvrier qualifié ?

Il gagne 7000 à 7500 couronnes par mois.

  • Combien coûte un repas ? Et de quoi est-il composé ?

7 couronnes environ. Potage, hors d’œuvre, viande ou saucisse, petits pois ou haricots, quelquefois un fromage ou un fruit confit. Les petits déjeuners et les goûters ressemblent presque à un repas de chez nous.

  • Avez-vous visité un intérieur ouvrier ?

Jeannette : j'ai visité l'appartement d'un ouvrier qui nous parrainait. Il était composé d'un salon, une cuisine, une chambre à coucher pour les parents et une chambre à coucher pour chacun des 3 enfants, puis une salle de bain !

  • Combien il le payait ?

Je crois que c'était 500 couronnes par mois.

  • Parlez nous un peu de la pratique des sports

Les sports sont fort en honneur la-bas. A notre descente d'avion, nous avons été reçues par le Ministre des Sports : nous avons visité des stades magnifiques. Il y en a un qui peut contenir 250 000 spectateurs ! Nous avons assisté à un match de football de toute beauté. En basket, les équipes qui nous étaient opposées nous dépassaient largement en technique et en vitesse d'exécution, les Russes surtout sont formidables. A côté d'elles, nous avions l'impression d'être des apprenties !

  • Avez-vous pu sortir librement et aller ou bon vous semblait ?

Toutes les 3 ensemble : mais certainement ! Nous avons pu sortir faire nos achats, aussi bien de jour comme de nuit. Michelle et Marie ont visité une église pendant que Jeannette visitait une maison d'ouvrier.

  • Prague a subi des bombardements comme à Brest, en voit-on les traces ?

Non, tout est reconstruit. Nous avons vu de superbes immeubles partout. Nous avons vu quelques barques aux alentours de l'aérodrome, pas ailleurs.

  • Dans la rue, avez-vous fait des remarques sur la tenue, les boutiques ?

Les gens sont bien habillés mais sans luxe. Les boutiques sont bien pourvues et les magasins aussi, mais sans luxe non plus. Nous n'avons pas vu un seul clochard, un seul mendiant, un seul homme pris de boisson.

  • Que boit-on surtout ? Avez-vous bu du vin ?

La boisson nationale parait être la bière. On boit beaucoup de thé, nous n'avons pas bu de vin. On nous a dit qu'on pouvait en trouver et même de l'alcoll ; mais il faut payer ces boissons à des prix exorbitants. En somme, on trouve partout, à des prix abordables ce qui est nécessaire à la vie. Mais tout ce qui est superflu est hors de prix.

  • Parait-on aimer la France ?

3 cris : ah oui alors ! Nous avons été choyées partout. On nous souriait aimablement dans la rue, dès qu'on savait que nous étions françaises ; à table, il n'y en avait que pour nous, à l'exception cependant de l'équipe russe qui se tenait sur une certaine réserve. Dans les réceptions, nous avions les meilleures places. Sur les stades, malgré notre mauvais classement, nous étions soutenues., encouragées, les ovations toujours plus longues pour nous.

  • Vous avez été aussi à l'intérieur du pays ?

Oui, nous avons matché à Pilsen et dans un autre patelin où le public était rudement chauvin et ne se gênait pas pour nous huer quand nous commettions des maladresses.

  • Avez-vous vu le rideau de fer ?

Les gens étaient mécontents quand on parlait de ça. Nous n'avons eu aucune difficulté pour entrer ou pour sortir du pays. Quand nous avons descendu de l'avion, des douaniers souriants nous ont demandé combien nous avions de couronnes et ce qu'il y avait dans nos valises. Il n'a jamais été question de nous fouiller, ni même d'ouvrir nos valises. Les douaniers nous offraient des cigarettes et essayaient de plaisanter avec nous.

  • Croyez-vous que les tchèques nous feraient la guerre ?

(indignées) Jamais de la vie. Ils haïssent la guerre et le disent couramment.

  • y-a-t-il du travail pour tout le monde ?

Oui et le chômage est inconnu. Beaucoup d'ouvriers ont déploré devant nous le manque de main d’œuvre !

  • Avez-vous visité des écoles ? Des maternelles ?

Oui, nous avons vu de superbes écoles toutes neuves qui sont spacieuses et aérées. Nous avons visité une crèche admirablement tenue. Les mamans peuvent y amener gratuitement leur enfant pour une heure, une demie journée, et même plus !

  • et les usines ?

Nous avons visité l'usine "marraine" qui fabrique des pièces pour appareils téléphoniques. Nous avons été frappées par la propreté qui y régnaient. Des petites tables éclairées au néon supportent des pièces et outils de précision. Les ouvriers peuvent fumer en travaillant. Il y a de la musique. Dans le sous-sol, nous avons pu observer un cabinet de consultations et un cabinet dentaire avec médecin et dentiste assistés par des infirmières. Les ouvriers peuvent se faire soigner pendant le travail et tout ça gratuitement. On ne décompte pas le temps passé à l'infirmerie. Dans le sous-sol également, se trouve une piscine à l'usage des ouvriers.

Le directeur de l'usine est un ancien ouvrier de 29 qui est là depuis 5 ans. Il s'est révélé bon ouvrier, excellent technicien et le gouvernement n'a pas hésité à lui confier la direction. En bleu de chauffe, il va d'un groupe à l'autre, riant, donnant des bourrades et se faisant aimer. Des bureaucrates exécutent les travaux d'administration.

  • Vous paraissez très satisfaites de votre séjour ?

Oui, alors ! Quand nous prenions l'avion pour le retour, nous avons vu des larmes dans les yeux de nos "parrains" ! Nous avons pleuré nous aussi et quand nous revoyons ce moment en nous-même, nous sommes encore fort émues.

rencontre de Basket Brest-Paris le 29 décembre 1951

Le PL Guérin possède dans ses archives deux courriers du Comité Ile de France de la Fédération Sportive Gymnique du Travail adressé à Alain Caro, président du comité régional de Bretagne de cette même Fédération pour organiser cette rencontre.

Voir aussi

Témoignage d'André : le quartier St-Martin / Kerigonan et le PL Guérin des 50s'

La naissance d'une étoile...Rouge (ou les origines du PL Guérin)

Témoignage de Jean Grall sur l'étoile Rouge (devenu PL Guérin)

Témoignage de René Norrant sur le PL Guérin d'après-guerre

Extraits choisis du journal du PL Guérin 1978

                                                               HalleStMartin002.jpg       Portail du quartier de Saint-Martin                                                                            
Outils personnels